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ChroniqueLe tour du bloc en Cadillac de Michel Rivard

Michel Rivard avec sa guitare qui pointe devant lui.

Michel Rivard a fait le survol de 50 ans de carrière samedi soir, lors de son spectacle présenté au Théâtre Maisonneuve.

Photo : Marc-Étienne Mongrain

Prendre une marche pour faire le tour du bloc, cela va assez vite, peu importe le rythme de son pas, à moins que le quadrilatère ne soit immense. L’exercice devient un peu plus complexe quand le tour en question vise à survoler 50 ans de carrière musicale.

C’était l’intention de Michel Rivard, dont la tournée qui s’est amorcée il y a quelques jours faisait escale au Théâtre Maisonneuve pour deux soirs, vendredi et samedi.

Cinq décennies? Avec tant de chansons sous la main… Par où diable commencer? Au début? Non. À la fin, c’est-à-dire, aujourd’hui. Dans la pénombre, Rivard s’est amené seul sur scène, guitare en bandoulière, pour interpréter l’unique nouvelle chanson du concert, Le tour du bloc, estampillée 2023.

Personne ne pouvait se tromper, c’était d’ailleurs inscrit en toutes lettres sur l’écran, comme ce fut le cas pour toutes les autres chansons au programme : titre de l’œuvre, disque dont elle est tirée et année de diffusion.

Le Flybin Big Band

Des musiciens sur scène.

Le Flybin Big Band accompagnait Michel Rivard sur scène.

Photo : Marc-Étienne Mongrain

Cette nouvelle interprétation aux racines montréalaises (le quartier Villeray où Rivard a grandi) aurait pu faire partie du spectacle autobiographique L’origine de mes espèces. Elle n’était pas terminée que d’autres membres du Flybin Big Band se sont joints à lui, tranquillement, tout en souplesse.

Le Flybin, un big band? Pas de doute là-dessus. Du moins, pour cette tournée.

Au premier chef, l’immuable trio formé du guitariste Rick Haworth (calme et précis), du batteur Sylvain Clavette (méthodique et appliqué) et du bassiste Mario Légaré qui joue encore chaque note avec une intensité et une ferveur belles à voir.

Un trio de choristes (Lana Carbonneau, Audrey-Michèle Simard et Renaud Paradis) pouvant rivaliser avec les harmonies de Rivard, de Marie Michèle Desrosiers et de Pierre Bertrand du temps de Beau Dommage, le pianiste et arrangeur François Richard, ainsi qu’une section de cuivres et de vents formée de Jocelyne Roy (flûte), de Renaud Gratton (trombone), de Guillaume Bourque (clarinette) et de Maude Lussier (corne) complétaient l’ensemble qui nous a offert des musiques somptueuses plus souvent qu’à son tour.

De tout pour tous

À bien y penser, la proposition musicale avait de quoi séduire presque tous les types d’amateurs de Rivard.

Les occasionnels, qui espéraient une foule de grands succès, ont eu droit à leur lot d’immortelles, d’essentielles et de tubes, même si, forcément, quelqu’un trouvera à redire que telle ou telle chanson n’y était pas.

Les fidèles, ceux qui ont vu toutes les tournées de Rivard depuis 30 ou 40 ans, ont sûrement pris un plaisir supplémentaire en raison des enrobages qui magnifiaient l’offre. J’ai entendu certaines de ces chansons tellement souvent que les nouvelles enveloppes sonores m’ont séduit au plus haut point.

Lune d’automne a été un sacré coup de cœur avec l’ajout des cuivres qui ont aussi dynamisé Méfiez-vous du grand amour. En revanche, pour Motel Mon repos ou Belle promeneuse, les instruments ont apporté couleur et relief aux mélodies déjà riches.

Le retour de Don Quichotte avait un petit quelque chose de plus dramatique que d’ordinaire lorsque Rivard est monté sur le palier des musiciens derrière lui, le visage dans la lumière. Pour sa part, Rive-Sud avait un nouveau souffle avec l’apport vivifiant des choristes et un semblant de mini duel de six cordes entre Rivard et Haworth.

Schefferville n’était pas loin d’être gigantesque avec ses nouveaux atours, tandis que Tombé du ciel, tirée de L’origine de mes espèces, était presque méconnaissable. Nous l’avons connue en mode minimaliste (spectacle intimiste) et là, on nous la sert avec un groupe de 12 musiciens et choristes.

Comme toujours, les introductions de Rivard étaient superbement ciselées. L’aisance sur scène – pour chanter ou se produire occasionnellement au théâtre – est une seconde nature chez lui. Parfois, il se sert de bouts de textes d’autres chansons qu’il narre pour faire ses enchaînements. Roi de rien et Le goût de l’eau ont été utilisées ainsi.

Actualisation délectable

Dans un concert avec une instrumentation organique, il était prévisible de s’attendre à ce que les chansons tirées de l’album Un trou dans les nuages – lorsque les claviers intempestifs étaient rois dans les années 1980 – allaient être celles qui allaient bénéficier le plus de la plus savoureuse mise à jour.

Disons que des cuivres, ça sert drôlement bien Le Privé qui a eu droit à une belle mise en scène de Frédéric Blanchette où Rivard et Lana Carbonneau se sont donné la réplique comme dans la trame de film noir de la chanson. Mais il aurait fallu hausser le volume des micros : Rivard et sa choriste ont été quelque peu noyés dans le mix.

En revanche, les notes aériennes de piano de La valse de l’idiot ont fusionné avec grâce dans une version d’Un trou dans les nuages tout en splendeur. À l’inverse, Libérer le trésor, passablement modifiée rayon arrangements, avait de la dynamite dans le nez.

Mais, le clou, c’était Je voudrais voir la mer. Dans le passage où les voix, les cuivres et les vents se conjuguent, on a vraiment senti se lever un vent du large/ aussi  fort qu’un orage/ aussi grand qu’un amour qui a balayé le théâtre Maisonneuve tel un tsunami de bonheur. Grandiose.

Le Flybin Big Band a été fortement mis à contribution au rappel avec Ginette qui, pour une fois, dansait soutenue par des cuivres. Ça ne devait pas arriver souvent dans son motel dans l’bout d’Sorel. Encore plus vrai pour Le Blues de la Métropole, qui n’avait rien de triste, avec les spectateurs debout dont plusieurs revivaient leur jeunesse. Rivard a ensuite conclu la soirée avec Le beau grand jamais vu, tout en y rattachant sa nouvelle chanson.

En définitive, un tour du bloc peut se faire au rythme que l’on veut (2 h 40 avec entracte, ici), mais on n’est pas obligés de le faire à pied.

Parfois, des gens comme Rivard nous convient à une promenade du quartier raffinée, de grand luxe, pas piétonnière pour deux sous. Pour célébrer ses 50 ans de carrière, l’auteur-compositeur et interprète aîné – comme il se désigne désormais à 71 ans – nous offre un vrai de vrai tour du bloc en Cadillac, rien de moins.

Et je me plais à penser qu’il s’agit de la Cadillac Fleetwood qui ornait la pochette du disque Où est passée la noce?...

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