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Un jeu de société sur la désinformation créé à Montréal

L'animateur Alexis De Lancer joue au jeu Lizards and Lies avec Marek Blottière, Scott DeJong et Maria José Visconti.

Le jeu Lizards & Lies se joue à quatre personnes, en deux équipes de deux joueurs.

Photo : Radio-Canada

Le jeu de société éducatif Lizards & Lies cherche à démontrer comment circule la désinformation sur le web.

La prémisse du jeu de société Lizards & Lies est simple : sur le champ de bataille des réseaux sociaux, les trolls et les conspirationnistes affrontent les modérateurs de plateformes et les éducateurs en littératie numérique. La première équipe, les propagateurs, gagne des points en propageant de la désinformation. La seconde, les décrypteurs, gagne des points en la freinant.

Si le scénario peut sembler ludique, sa vocation est d’abord et avant tout éducative. Ça peut être un outil très utile dans les écoles secondaires, dans les cégeps ou dans les universités pour susciter des discussions sur comment fonctionnent les réseaux sociaux, sur les algorithmes de recommandation, sur les chambres d’écho, estime le concepteur du jeu, Scott DeJong, étudiant au doctorat en communication à l’Université Concordia.

Le jeu Lizards and Lies sur une table.

Dans Lizards & Lies, les trolls et les conspirationnistes affrontent les modérateurs de plateformes et les éducateurs en littératie numérique.

Photo : Marc Lajeunesse

Avant que son développement ne soit approfondi à l’aide de subventions du gouvernement du Canada dans le cadre du programme de contributions en matière de citoyenneté numérique, Lizards & Lies était un projet scolaire de Scott DeJong pour un cours sur les jeux de guerre et la simulation de conflits.

Je ne comprenais pas grand-chose à la guerre, mais j'en savais beaucoup sur les études médiatiques et l’information. Et dans ce monde-là, ça parle beaucoup de la guerre de la désinformation, explique l’étudiant montréalais.

Pour bien comprendre les mécanismes sous-jacents de la circulation de l’information sur le web, Scott DeJong a fait appel à Marek Blottière, étudiant à la maîtrise en études culturelles à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Avec leurs recherches, les deux jeunes hommes ont constaté que le champ de bataille numérique ne fonctionne pas de la même manière qu’un lieu de combat militaire.

Au départ, le jeu avait des lignes de combat comme on le voit dans des guerres, mais ce n’est pas comme ça que fonctionnent les réseaux sociaux. C’est davantage un flux continu d’informations, et on voulait que le jeu puisse le représenter en faisant circuler des informations entre différentes communautés; que l’information soit née sur TikTok, mais qu’elle se déplace ensuite vers Facebook, illustre Scott DeJong.

Scott DeJong et Marek Blottière en entrevue dans une bibliothèque.

Le concepteur de Lizards & Lies, Scott DeJong (gauche), et l'assistant de recherche dans le cadre du projet, Marek Blottière (droite).

Photo : Radio-Canada

Le web représenté sur un plateau de jeu

Fidèle à la réalité, le plateau de Lizards & Lies n’est pas linéaire : il est composé d’une série de nœuds qui représentent des réseaux sociaux distincts et des sujets de discussion qui y ont lieu. Leurs noms sont des clins d'œil aux principales plateformes de notre époque : Thoughtbook, TikTak, Shreddit et MeTube, pour ne nommer que ceux-là.

Les nœuds sont tous interconnectés par des lignes, qui représentent les canaux de communication partout à travers le web. L’information circule allègrement d’une communauté à l’autre au sein de ces réseaux sociaux, et même d’un réseau à l’autre.

L’information, elle, est représentée par des jetons. Les propagateurs peuvent placer sur le plateau de jeu des petits lézards ou des petits oiseaux, et les décrypteurs sont armés de cerveaux et de drapeaux.

Les lézards sont une référence à la théorie des reptiliens, et les oiseaux, à la théorie conspirationniste satirique selon laquelle les oiseaux sont en fait des drones de surveillance. Les cerveaux représentent la pensée critique, et les drapeaux peuvent être utilisés par les modérateurs de plateformes pour signaler de fausses informations.

Des pièces du jeu Lizards & Lies, soit de petits lézards et un drapeau, vues de près.

Les pièces de la version prototype de Lizards & Lies sont imprimées en 3D.

Photo : Marc Lajeunesse

Les actions des joueurs sont guidées par un scénario et différentes cartes d’action qui déclenchent des événements qui font circuler de l’information dans les réseaux sociaux. Actuellement, il existe un seul scénario – celui d’une campagne électorale perturbée par des théories du complot –, mais d’autres scénarios pourraient voir le jour si l’équipe de Scott DeJong obtient davantage de financement.

Cet article a initialement été publié dans l'édition du 24 décembre de l'infolettre des Décrypteurs. Pour obtenir des contenus exclusifs comme celui-ci, ainsi que des analyses sur tout ce qui touche la désinformation web, abonnez-vous en cliquant ici.

De Montréal à la Lituanie

Lizards & Lies fera bientôt son entrée dans des écoles secondaires en Lituanie – en version lituanienne, bien sûr.

Ça peut sembler surprenant, mais le pays est confronté à de nombreux problèmes de désinformation, surtout en ce qui concerne la guerre en Ukraine et la désinformation russe, explique Scott DeJong, rappelant la proximité géographique entre la Lituanie et ces deux pays.

Quand ils ont eu vent du projet, l'ambassade du Canada en Lituanie m'a contacté et nous avons travaillé avec eux et le ministère de la Défense là-bas pour créer une version du jeu pour eux. C’est intéressant de voir que le jeu peut être adapté à différents contextes mondiaux, ajoute-t-il.

Lizards & Lies est un projet sans but lucratif : n’importe qui peut imprimer toutes les cartes et les pièces nécessaires à partir de son site web officiel. Il existe également un prototype de plateau de jeu avec des pièces imprimées en 3D, ainsi que des versions anglaises et françaises des cartes d’action et des règles.

J’ai l’intention d’approcher des manufacturiers pour qu’on puisse produire des copies du jeu pour le grand public, mais ce sera vendu au prix coûtant, plus les frais de livraison, de telle manière à ce que je n’empoche rien, explique Scott DeJong.

Des séances de jeu ont été organisées dans plusieurs cours de l’Université Concordia ces derniers mois, et des professeurs de l’Université Carleton, à Ottawa, ont également montré de l’intérêt envers le projet.

Avec les informations d'Alexis De Lancer

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