•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

ArchivesLes combats de l’abbé Pierre pour remuer les consciences

L'abbé Pierre lors d'un passage à Radio-Canada en 1959

L'abbé Pierre a été une des grandes figures de la solidarité sociale en France pendant plus de 60 ans.

Photo : Radio-Canada / Henri Paul

Radio-Canada

Au début de l’hiver 1954, la France connaît des vagues de froid intense. L'appel à l'aide de l'abbé Pierre pour les exclus de la société frappe les consciences. Comme le rappelle le film du réalisateur français Frédéric Tellier sorti en salle à la fin de 2023 et comme le confirment nos archives, l'abbé Pierre a mené toute son existence une vie de combats.

L’insurrection de la bonté

Je suis parti dans la nuit glisser [ma lettre], puis je l’ai donnée à toutes les rédactions des grands journaux de Paris. Si bien qu’au matin, la lettre ouverte de l’abbé Pierre au ministre de la Construction, lettre ouverte des chiffonniers-bâtisseurs d’Emmaüs, paraissait en première page.

Une citation de Abbé Pierre, 1980

Extrait d'entrevue dans lequel l'abbé Pierre raconte les circonstances qui l'ont amené à faire son appel du 1er février 1954.

C’est en ces termes qu’Henri Grouès, mieux connu par son pseudonyme d'abbé Pierre, décrit son célèbre coup d’éclat du 1er février 1954 à l’émission Propos et confidences du 17 février 1980.

Rappelons le contexte.

En janvier et février 1954, deux vagues de froid intense frappent la France et causent des drames.

Plusieurs Français démunis ou sans-abri souffrent du froid et même en périssent.

Initialement, le gouvernement français réagit très peu.

Un débat à l’Assemblée nationale pour voter des crédits d’urgence est notamment suspendu pour que les députés puissent... aller dormir.

En 1949, l’abbé Pierre avait fondé le mouvement Emmaüs qui œuvre à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion dans la société française.

En janvier 1954, il avait demandé aux parlementaires d’adopter un budget pour construire des logements d’urgence qui abriteraient les victimes du froid.

On comprend que la nonchalance du gouvernement indigne au plus haut point le religieux.

D’autant plus qu’il sait que des gens meurent gelés alors que les députés sont au chaud.

C’est cette indignation qui pousse l’abbé Pierre à faire publier par les journaux parisiens son appel du 1er février 1954 qui exhorte le gouvernement français et les plus fortunés à agir.

Dans cet extrait, l'abbé Pierre parle des suites de son appel du 1er février 1954 au journaliste René Lévesque.

Comme le rappelle l’abbé Pierre, dans cet extrait d’une entrevue accordée au journaliste René Lévesque le 23 mai 1955, les suites de son appel ont été stupéfiantes.

De partout, même d’Afrique, arrive de l’aide, notamment beaucoup d’argent.

Quant au gouvernement français, honteux, il votera un budget considérable pour la construction de logements sociaux.

Ce que la presse appellera l’insurrection de la bonté permettra au mouvement d’Emmaüs, et plus tard à la Fondation Abbé-Pierre, de secourir des milliers de personnes défavorisées en France et à travers le monde.

Cet épisode de l'histoire de France, et dans la vie de l'abbé Pierre, constitue un des moments essentiels du film de Frédéric Tellier L'abbé Pierre - une vie de combats.

Un philosophe et un légionnaire des oubliés

Gandhi disait durant toute sa vie : "La non-violence est supérieure à la violence, mais la violence est meilleure que la lâcheté."

Une citation de Abbé Pierre, 1994

L’abbé Pierre a, jusqu’à sa mort en 2007, lutté contre l’exclusion de celles et ceux qu’il appelle les oubliés de la société.

En 1955, il vient au Canada et est de passage à Montréal pour y installer une communauté d’Emmaüs.

Dans cet extrait, l'abbé Pierre parle des méfaits de l'exclusion sociale lors d'un événement-bénéfice dans une paroisse de Montréal.

Il prononce alors un discours passionné durant une soirée-bénéfice dans une paroisse de Montréal, dont l’émission Carrefour diffuse un extrait le 30 décembre 1955.

Devant un parterre de gens fortunés, l’abbé Pierre dénonce l’exclusion sociale et économique des pauvres partout dans le monde.

Il s’inspire également des paroles de l’Évangile qui affirment que les exclus entreront plus facilement au paradis que les riches.

L'animateur Jean-François Lépine interviewe l'abbé Pierre sur la justification du droit d'ingérence et sur les dangers de l'exclusion sociale.

Presque 39 ans plus tard, le 29 décembre 1994, l’émission Le Point présente une nouvelle entrevue avec l’abbé Pierre.

L’animateur Jean-François Lépine, qui l’interviewe, peut constater qu’à 82 ans l'abbé Pierre est demeuré très combatif quand il s’agit de combattre l’exclusion.

En cette fin d’année 1994, la guerre civile et les massacres ethniques détruisent l’ex-Yougoslavie.

L’abbé Pierre, devant un Jean-François Lépine quelque peu surpris, défend, dans ce contexte, l’utilisation de la force.

Il fait même sienne la proposition du ministre des Affaires étrangères de la France, Bernard Kouchner, du  droit d’ingérence de la communauté internationale dans des conflits internes.

Du même souffle, il affirme que la notion de souveraineté des nations est dépassée quand on assiste à des atrocités comme celles que subissent les peuples de l’ex-Yougoslavie.

Interrogé par Jean-François Lépine, l’abbé Pierre affirme ne pas croire que l’exclusion sociale disparaîtra un jour de la surface de la planète.

Il lance par ailleurs un avertissement.

Dans les démocraties, surtout celles qui sont riches, les politiciens et ceux qui les dirigent doivent faire un effort pour éduquer la majorité nantie sur le sort de la minorité des exclus.

L’abbé Pierre emprunte ici les paroles du Christ.

Il faut être attentifs aux  oubliés, plaide-t-il, avant que ça se termine dans la violence.

Encore plus de nos archives

La section Commentaires est fermée

Compte tenu de la nature délicate ou juridique de cet article, nous nous réservons le droit de fermer la section Commentaires. Nous vous invitons à consulter nos conditions d’utilisation. (Nouvelle fenêtre)

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.