ArchivesIl y a 25 ans nous quittait l’homme d’affaires et mécène Pierre Péladeau
L'homme d'affaires Pierre Péladeau est décédé le 24 décembre 1997.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2022 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Il y a 25 ans, à la veille de Noël, l’homme d’affaires Pierre Péladeau décédait d’une insuffisance respiratoire. Il était âgé de 72 ans. Parti de rien, Pierre Péladeau a bâti un empire dans le domaine de l’édition. Au cours de sa fructueuse carrière, il s’est livré à nos journalistes sur sa vision du monde des affaires.
Pierre Péladeau naît en 1925 à Outremont. Son père est fortuné, mais fait faillite peu de temps après sa naissance.
Il étudie d’abord à l’Université de Montréal, où il obtient une maîtrise en philosophie et réalise ensuite une licence en droit à l’Université McGill.
En 1950, il achète son premier hebdomadaire, le Journal de Rosemont, en empruntant 1500 $ à sa mère. Il acquiert par la suite plusieurs autres hebdos de quartier de la métropole.
En 1964, il profite de la grève qui sévit au journal La Presse pour lancer le quotidien Le Journal de Montréal. Le tabloïde populaire fait rapidement un malheur.
L’année suivante, l’homme d’affaires et éditeur fonde Québecor et y regroupe l’ensemble de ses entreprises liées au domaine de l’édition.
La première qualité d’un journal, c’est d’être vendu. Pas de vente, pas de journal.
Dans cette entrevue donnée le 15 septembre 1966 au journaliste James Bamber, Pierre Péladeau décortique la page couverture du Journal de Montréal.
Téléjournal, 15 septembre 1966
Pierre Péladeau a lutté contre la maniaco-dépression et l’alcoolisme. Il contribuera financièrement à des organismes venant en aide à des personnes aux prises avec des dépendances.
L’éditeur montrait l’image d’un homme confiant au franc-parler et aux propos colorés. Ses paroles ont parfois soulevé la controverse.
Le 22 mai 1970 à Format 30, Pierre Péladeau, qui était un fervent souverainiste, analyse les façons de faire des gens d’affaires francophones à la suite de sa conférence donnée au club Kiwanis de Maisonneuve qui portait le titre Pourquoi avons-nous peur de devenir riches?
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Format 30, 22 mai 1970
Le journaliste Louis Martin lui demande alors d’expliquer ce qu’il entend par peur et de lui donner un exemple.
Si un bonhomme tient une quincaillerie et réussit bien dans sa quincaillerie... c’est assez remarquable que ce gars-là se satisfasse de sa quincaillerie. S’il réussit un bénéfice de X, il s’arrête là, pourquoi il n’en ouvrirait pas 2, 3, 4, 5, 6, 7? Pourquoi est-ce que ce sont les autres, particulièrement les anglophones, qui n’hésitent pas à prendre ces risques-là?
En entrevue, il explique que les gens d’affaires doivent apprendre à rester dans le même domaine et amplifier leurs activités économiques à l’intérieur de ce même domaine. Il est d’avis que l’éparpillement n’est pas la bonne façon de procéder pour réussir en affaires.
C’est un phénomène de peur. On a peur devant à peu près n’importe quoi. Le jour où l’on se rend compte que l’on peut poser des gestes et que ces gestes peuvent avoir une portée, on va changer.
Le 15 novembre 1990, Pierre Péladeau parle de sa ligne de pensée et de sa manière de mener les affaires avec l’animateur Robert Guy Scully.
Scully rencontre, 18 novembre 1990
Comme Pierre Péladeau apprécie la philosophie, Robert Guy Scully lui parle d’un de ses maîtres à penser, Friedrich Nietzsche, avec qui Péladeau partage la valeur de la volonté. L’homme d’affaires explique que sa mère était une femme forte qui lui a appris à jouer pour gagner.
Dans cette entrevue, il est également question des alliés d’affaires de Pierre Péladeau, l’avocat Wilbrod Gauthier et le comptable Charles-Albert Poissant, dont l’éditeur a bénéficié des conseils tout au long de l’ascension de Québecor. Ses deux fils, Erik et Pierre Karl, viendront également épauler leur père dans la prise de décisions.
L’animateur aborde également la réputation de dureté et d’intransigeance de Pierre Péladeau en affaires.
L’entrepreneur était un grand amoureux de la musique classique. Il a donné des millions pour le centre qui porte son nom, le Centre Pierre Péladeau, pour le pavillon des arts de Sainte-Adèle et pour l'orchestre Métropolitain. Il était mécène et aimait les artistes. Il préférait souvent côtoyer ces derniers plutôt que les gens d'affaires.
La chose importante c’était de bâtir et de créer quelque chose. Je pense que fondamentalement n’importe quel homme d’affaires est avant tout un artiste. Les gens d’affaires qui ne se préoccupent que d’argent sont suavement emmerdants.
En 1999, Pierre Karl Péladeau prend officiellement les rênes de l’entreprise créée par son père et continue de la faire croître.