Des aînés de la Matanie rêvent de minimaisons
La Tables aînés a demandé à la Ville la possibilité d'autoriser la construction de minimaison dans la cour d'une résidence principale. (photo d'archives).
Photo : Radio-Canada / Colin Côté-Paulette
Prenez note que cet article publié en 2022 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Préoccupée par le manque de logements et l’isolement que vivent les personnes âgées, la Table de concertation des aînés de la Matanie a demandé à la Ville de Matane de permettre la construction de minimaisons. Le projet est à l’étude au service d’urbanisme.
La Table des aînés souhaite que ces minimaisons soient construites dans une perspective intergénérationnelle. Elles pourraient, par exemple, être situées dans un écoquartier ou sur le terrain déjà occupé par la résidence de proches aidants qui veulent demeurer à proximité de leurs parents.
Une minimaison sur le terrain de leurs enfants serait pour eux la solution.
Cette idée est défendue par la responsable du nouveau comité logement à la Table des aînés, Sylvie Harrisson, qui est aussi administratrice pour l'Association nationale des retraités fédéraux de la fonction publique pour le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie.
J'écoutais les gens autour de moi, puis je regardais les besoins et plusieurs me disaient que ce serait idéal pour eux de pouvoir rester près de leurs enfants sans habiter dans la même maison
, raconte-t-elle.
Sylvie Harrisson se dit aussi emballée par le concept d’écoquartier ou encore de parcs de minimaisons. On voit des projets de parcs avec des petites maisons autour
, décrit-elle. C'est un mélange de personnes âgées avec des jeunes et des enfants.
Kathleen Bouffard, présidente de la Table de concertation des aînés de la Matanie et Sylvie Harrisson, responsable du comité logement
Photo : Radio-Canada / Brigitte Dubé
Selon elle, c’est l’aspect intergénérationnel qui fait tout l’intérêt de ces ensembles. Elle croit que ce type de quartier peut faciliter les échanges familiaux. Ça permet aux enfants d'être plus en lien avec leurs grands-parents. Un enfant qui arrive de l’école peut aller les trouver en attendant le retour des parents
, fait-elle valoir.
Ça fait renaître les valeurs d’entraide du passé où les personnes âgées étaient plus près des familles, sauf que là, chacun a son espace.
Sylvie Harrisson cite le projet de 73 minimaisons à Sherbrooke qui est en cours d'élaboration.
C'est un genre de coop
, dit-elle. Ils veulent faire un parc avec des petites maisons autour, puis mélanger les personnes âgées et les jeunes familles. Moi, je rêve de ça pour Matane. D’autant plus que la population de Matane est vieillissante.
Comme on a besoin d'attirer du monde, je pense que ça pourrait intéresser de jeunes familles. Ça ferait une ville plus dynamique, plus vivante.
Sylvie Harrisson croit aussi que le concept pourrait tout aussi bien s’implanter dans les municipalités qui entourent Matane et permettre aux personnes âgées de demeurer dans leur village.
Plus près d'ici, le village de Price est en train de réaliser un projet semblable.
Les plans du futur écoquartier à Price.
Photo : Ville de Price
Une option pour pallier la précarité financière
La présidente de la Table des aînés, Kathleen Bouffard, s’inquiète elle aussi de la problématique du manque de logements pour les aînés.
Elle a pu constater un phénomène relativement récent en Matanie, selon elle, soit le divorce chez les aînés. On en voit de plus en plus qui sont en couple depuis longtemps et qui se séparent
, rapporte-t-elle. Ils [les aînés] se retrouvent forcés d’habiter chacun de leur côté et ça crée parfois des situations financières très précaires.
À sa connaissance, les personnes âgées vivant de la précarité sont de plus en plus nombreuses. On voit des gens qui se situent financièrement entre la pauvreté et une aisance relative
, dit-elle. Ils ont un maigre fonds de pension et n’arrivent pas à joindre les deux bouts.
L'option des minimaisons pourrait être une solution, selon Mme Bouffard qui préside la Table des aînés depuis ses débuts, il y a 12 ans. Le fait qu’elles sont déplaçables serait aussi un atout.
La Table de concertation des aînés favorise aussi d’autres solutions comme la construction de logements à loyer modique inspirés des projets de Saint-Ulric et de Baie-des-Sables.
Minimaison entourée d'arbres
Photo : iStock / Istockphotos
Une réglementation rigide
Tout comme l’ancien conseil municipal, qui avait commencé à étudier la question, la Ville de Matane se dit ouverte à la possibilité de permettre la construction de minimaisons.
Selon le maire, Eddy Métivier, le service d’urbanisme a été chargé d’étudier plus à fond le dossier et un conseiller municipal est en communication avec la Table de concertation des aînés de la Matanie.
Le maire se dit conscient des avantages écologiques des minimaisons et de l'expertise développée dans le domaine en Matanie. Il mentionne que la Ville regarde ce qui se passe ailleurs.
On veut vraiment regarder ce qui se fait comme succès dans d'autres villes, les contacter pour essayer d'adapter des modèles qui nous conviennent à notre réalité.
Le maire de Matane, Eddy Métivier (photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Brigitte Dubé
Toutefois, les projets ne se réalisent pas en un claquement de doigts. Le maire indique que les personnes intéressées devront s’armer de patience. On est grandement encadrés par la Loi sur les cités et villes, mentionne M. Métivier, il faut déposer un projet, il faut que ça passe à la MRC.
Un éventuel écoquartier devra bénéficier de l’acceptabilité sociale.Ça peut aller jusqu'à des consultations publiques, avec des délais entre les étapes, ça peut être un très très long processus. Tant qu’à le faire, on veut bien le faire
, commente Éddy Métivier.
Des secteurs ont été ciblés, comme près de la piscine municipale ou à Matane-sur-Mer.
Stimuler la construction de logements
Le maire explique par ailleurs que la Ville a pour politique de stimuler les investissements pour tous les types d'habitation.
Il rappelle qu’en 2021, la Ville a adopté un règlement pour inciter les promoteurs de projets de quatre logements et plus à développer des projets de construction. Les promoteurs ont droit, pendant cinq ans, à une réduction de taxes qui est de 100 % pour les trois premières années et de 50 % pour les deux dernières.
Le nouveau conseil municipal a créé un comité habitation où siègent différents intervenants socio-économiques qui discutent de la construction de logements pour divers types de clientèles, dont des logements sociaux, adaptés ou pour étudiants.
En plus de faire cheminer le dossier des minimaisons, le comité se penche aussi sur une éventuelle réglementation des hébergements de type Aibnb. Les membres du comité ont d’ailleurs assisté à une formation sur le sujet, donnée par l'Union municipalité du Québec (UMQ).