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ChroniqueVulgaires Machins : le retour triomphal d’un groupe essentiel

Un homme joue de la guitare et saute.

La tournée « Disruption » de Vulgaires Machins a fait escale au MTelus samedi soir.

Photo : Susan Moss

Il y a des groupes qui demeurent ensemble durant toute leur carrière. Certains se séparent et ne se reforment jamais. Et il y a ceux qui prennent une pause afin de mieux revenir. C’est le cas de Vulgaires Machins.

La tournée de l’album Disruption qui a fait escale, samedi soir, au MTelus, était bien plus qu’un formidable concert de punk rock vitaminé. C’était aussi une réaffirmation du plaisir pleinement mesurable de (re)vivre sur scène à long terme après avoir vécu cette même renaissance sur disque le mois dernier.

Il s’était écoulé plus d’une décennie de silence discographique commun pour le groupe formé désormais de Guillaume Beauregard, Marie-Ève Roy, Maxime Beauregard et Pat Sayers, même si Beauregard et Roy avaient lancé des albums solo au cours de cette période.

Il était temps qu’on revienne en c…, a hurlé Beauregard à la foule déchaînée après une demi-douzaine de chansons qui venaient de confirmer que le groupe n’avait rien perdu de son mordant sur les planches.

Avec son humour très particulier, ce dernier a résumé les années de pause de Vulgaires Machins en faisant porter tous les maux de la planète aux admirateurs du groupe.

Pendant qu’on se reposait, vous avez élu la CAQ deux fois et vous avez starté une pandémie. Maintenant qu’on est dans la marde, vous voulez rouler à 120 kilomètres à l’heure sur les autoroutes en criant "libarté"! On est en train de se dire qu’on n’arrêtera plus jamais…, a-t-il ajouté avant l’interprétation de la nouvelle chanson Asile.

Soirée marathon

C’est exactement ce que cette foule gonflée à bloc avait le goût d’entendre. La clameur était sans équivoque, quoique les amateurs avaient eu l’occasion de manifester, de crier, de hurler et de chanter à profusion avant l’arrivée de la tête d’affiche. Charogne et Mudie – Hugo, de son prénom – avaient commencé à mettre de l’ambiance dès 19 h avant que les Américains d'Anti-Flag ne viennent littéralement mettre le feu.

Avec une trentaine d’années de carrière derrière lui, le groupe punk de la Pennsylvanie politiquement à gauche est un habitué des scènes du Québec et pas seulement celles de Montréal. Il a d’ailleurs accompagné Vulgaires Machins lors de ses concerts dans la province.

Pendant un peu plus d’une heure, Justin Sane et sa bande ont balancé THE FIGHT OF OUR LIVES, Drink Drank Punk, Funk Police Brutality, Branderburg Gate ainsi que des reprises des Clash et des Ramones dans le tapis et à la puissance 10. Et comme les spectateurs connaissent toutes les paroles, on se serait cru à un concert du groupe à Pittsburgh.

Énergie à revendre

Ce déferlement de décibels et d’énergie n’a pas inquiété une seconde Vulgaires Machins, dont les membres en avaient à revendre. Si une montre sportive avait enregistré le nombre de sautillements effectués par Marie-Ève Roy durant le concert, elle indiquerait probablement que la guitariste a grimpé l’équivalent de la Place Ville-Marie en 75 minutes de prestation qui étaient également dignes d’une performance.

La guitariste est d’ailleurs plus présente sur scène, vocalement parlant, elle qui interprète la moitié des chansons du plus récent disque. C’est d’ailleurs elle qui a pris l’avant-scène sur Vivre en ouverture de concert.

Il y a 30 ou 40 ans, j’entendais parfois qu’on ne pouvait faire du rock en français. Ça n’a jamais été un problème pour Vulgaires Machins, surtout quand tu as tant de choses à dire et à défendre. Résolument altermondialiste et toujours contre la surconsommation, le groupe s’est très, très légèrement adouci, dirons-nous.

Il y a quelque chose de curieux à entendre Beauregard chanter : Mon nihilisme est risible et nuisible et abject dans Obsolète, lui qui s’est gargarisé à cette idéologie durant des décennies. Mais bon, la mi-quarantaine et deux enfants (avec Marie-Ève) changent un peu les choses. Mais entendons-nous, Vulgaires Machins demeure Vulgaires Machins, dans la forme et dans le fond. Appelons les petites nuances comme étant de l’évolution, tout simplement.

Fournée de classiques

En 1994, on avait 17 ans, a rappelé Marie-Ève Roy. On avait fait l’amour trois fois… à la gang. Guillaume travaillait chez Pacini et on écrivait des chansons sur des animaux. S’il y en a qui nous suivaient déjà en 1994, c’est pour vous.

Enchaînement avec Pistache, aussitôt suivi de Petit Patapon. Globalement, le groupe a bien alterné ses nouvelles chansons (une demi-douzaine) avec des classiques de tous ses albums. Comme une brique portait la lourdeur de son appellation et Dieu se pique, livrée à fond la caisse, a été particulièrement efficace.

Remarquez qu’à ce petit jeu, c’est quand même le disque Comptez les corps qui a eu droit à la part du lion avec les brûlots que sont la chanson-titre Anéantir le dogme (percutante) et l’incontournable Puits sans fond.

N’empêche, c’est peut-être ce moment de tendresse que fut la version acoustique de Je m’appelle Guillaume qui a été l’instant charnière de la soirée.

C’était touchant de voir et d’entendre Guillaume et Marie-Ève ensemble, paisiblement, baignant dans la lumière braquée sur eux, dans un rare moment de répit de ce concert énergique au possible.

Quoique, pour une spectatrice, le moment fort, ce fut plutôt durant Je lève mon verre. C’est à ce moment qu’elle a demandé son chum en mariage. Il a dit oui.

En définitive, c’est parfois quand on a failli perdre un groupe – le Québec en a perdu des tas – que l’on réalise à quel point il était pertinent.

Vulgaires Machins l’était et il l’est encore. Et on espère que Guillaume Beauregard va tenir sa promesse et ne jamais plus arrêter.

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