ArchivesIci le bureau de Radio-Canada à Pékin : les deux premières décennies (1980-2001)
Le correspondant Don Murray a ouvert le bureau de CBC/Radio-Canada à Pékin en 1980, amorçant une présence journalistique de plus de 40 années du diffuseur public canadien en Chine.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2022 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le 2 novembre 2022, CBC/Radio-Canada annonçait la fermeture de son bureau à Pékin, entraînant une interruption de notre couverture journalistique en Chine. Depuis plus de quatre décennies, nos correspondantes et correspondants nous ont relaté, en français et en anglais, les mutations vécues par la société chinoise. Voici une sélection de leurs reportages au cours des deux premières décennies de présence du diffuseur public canadien dans le pays le plus peuplé de la Terre.
C’est à contrecœur que nous avons finalement pris la décision de fermer notre bureau. Radio-Canada n’est, hélas, pas le seul à vivre d’importantes difficultés dans sa mission journalistique en Chine.
C’est en 1979 que CBC/Radio-Canada obtient l’autorisation du gouvernement de la République populaire de Chine d’ouvrir un bureau à Pékin.
Cette ouverture s’est effectuée de manière tout à fait singulière.
Le bureau à Pékin est en effet le seul de tous les bureaux de la Société d’État à avoir été négocié par voie diplomatique avec le gouvernement d’un pays.
La première décennie
Don Murray (1980-1983)
Le journaliste Don Murray sera le premier correspondant de CBC/Radio-Canada à Pékin.
Dans cet extrait filmé dans les rues de Pékin en compagnie de sa conjointe Vera Murray, le journaliste Don Murray explique quelques-unes des difficultés liées à l’ouverture du bureau dans la capitale chinoise.
À l’automne 1980, au moment où il présente ses premiers reportages, le correspondant de CBC/Radio-Canada observe un pays qui se trouve à une période charnière de son histoire.
La Révolution culturelle, cette période de radicalisation idéologique qui a déferlé sur la Chine à partir de 1966, a été reléguée aux oubliettes.
Un programme de réformes politiques et d’ouverture économique, qui visent à moderniser la Chine, l’a remplacée.
Comme correspondant à Pékin, Don Murray assiste aux grandes mutations de la Chine qui suivent les politiques de modernisation du parti communiste chinois.
Photo : Radio-Canada
Le 17 août 1981, dans un reportage présenté au bulletin de nouvelles Ce soir, Don Murray constate certains effets surprenants de cette politique de modernisation.
Le correspondant s’est rendu dans la ville de Shanghai. Il y découvre que l’État communiste chinois encourage dorénavant la réhabilitation des entrepreneurs capitalistes qui dominaient l’économie chinoise avant 1949.
Ceux-ci ont récupéré leurs richesses et travaillent désormais pour l’État afin d’en assurer le développement.
Jean-François Lépine (1983-1986)
Le journaliste Jean-François Lépine remplace Don Murray comme correspondant en janvier 1983. Il assiste à l’accélération des réformes politiques et économiques en Chine.
Le 15 septembre 1985, le correspondant à Pékin présente au Téléjournal un compte rendu des efforts déployés par le numéro un chinois de facto, Deng Xiaoping, pour assurer la pérennité de son programme et également sa succession.
Le journaliste relève qu’il existe de la résistance aux volontés de changement de garde souhaité par Deng Xiaoping, mais entrevoit que la transition s’effectuera comme l’envisage le vieux dirigeant.
Tom Kennedy (1986-1988)
Le journaliste Tom Kennedy devient le troisième correspondant à Pékin en juillet 1986.
Le 23 novembre 1987, il présente au Téléjournal un reportage qui décrit de manière concrète l’impact de la modernisation économique sur la société chinoise.
Tom Kennedy explique que, dans la capitale chinoise, la circulation se révèle de plus en plus difficile. Le nombre de bicyclettes et de voitures a doublé en sept ans.
Les autorités pékinoises tentent d’imposer des contrôles routiers. Mais c’est le comportement des conducteurs chinois, note le correspondant, qui devra aussi changer pour que la situation s'améliore.
La deuxième décennie
Georges Tremel (1989-1990)
Le journaliste Georges Tremel remplace Tom Kennedy en février 1989. Il arrive en Chine alors que le pays va connaître dans les prochains mois des événements politiques d’une importance capitale.
En avril 1989 émerge un mouvement qui exige la fin de la corruption et la démocratisation de la Chine. Ce mouvement occupera la place Tiananmen de Pékin, un des endroits les plus symboliques de tout le pays.
Le 30 mai 1989, le journaliste rend compte au Téléjournal de l’ampleur du mouvement protestataire sur la place Tiananmen.
Les manifestants y ont amené une statue, appelée la déesse de la démocratie, qui ressemble à la statue de la Liberté de New York.
Georges Tremel souligne que le mouvement profite de ce qui semble être un flottement au sein du gouvernement communiste et des militaires.
Quelques jours plus tard, notre correspondant à Pékin, comme le reste du monde, verra la réponse brutale des autorités chinoises.
Le 4 juin 1989, l’armée intervient et réprime les contestataires, provoquant un massacre dans lequel périt un grand nombre de victimes civiles. Cette répression mettra fin aux espoirs de démocratisation en Chine.
Victime d’une grave maladie, Georges Tremel devra de son côté quitter la Chine à l’automne 1990.
Patrick Brown (1990-1996)
En novembre 1990, le journaliste Patrick Brown devient officiellement le correspondant de CBC/Radio-Canada à Pékin. Il amorce alors un premier mandat comme correspondant en Chine, et reprendra ce rôle de 2003 à 2006.
Le correspondant Patrick Brown travaillera au bureau de Pékin pour deux mandats, de 1990 à 1996 et de 2003 à 2006.
Photo : Radio-Canada
Le 15 décembre 1990, il présente au Téléjournal un reportage qui provient du village de Xiao Ji dans la province du Hunan.
Là-bas, les habitants appliquent avec grand succès les méthodes préconisées par le Parti communiste chinois, notamment en agriculture.
La population de Xiao Ji ne connaît depuis lors que la richesse.
Les villageois exploitent une demi-douzaine d’usines et se font construire des logements luxueux qui ont peu à voir avec les domiciles exigus dans lesquels vit la grande majorité des Chinois.
Ces conditions de vie exceptionnelles, observe Patrick Brown, font l’envie des autres Chinois qui visitent l’endroit. Ils sont nombreux à venir explorer ce village où, contrairement au reste du monde, le communisme fonctionne.
Raymond Saint-Pierre (1996-2001)
Le journaliste Raymond Saint-Pierre remplace Patrick Brown en novembre 1996.
Le 27 mai 1999, Le Téléjournal/Le Point diffuse un reportage que le correspondant a réalisé en se rendant au Tibet.
Raymond Saint-Pierre observe les profonds changements que Pékin inflige à cette province reculée et intégrée de force dans le territoire chinois.
Les associations des droits de l’homme concluent que le phénomène n’est ni plus ni moins qu’une invasion exécutée pour affaiblir le nationalisme des Tibétains.
Cette analyse est fortement contestée par les autorités chinoises, se fait dire Raymond Saint-Pierre.
Le correspondant tient tout de même à citer en conclusion les propos du chef spirituel des Tibétains, le dalaï-lama, qui compare la politique imposée par Pékin à un génocide.
En 2001, Raymond Saint-Pierre quitte la Chine. Céline Galipeau le remplace en septembre 2001.
La nouvelle correspondante s’intéressera aux nombreuses questions économiques, politiques et sociales qui accompagnent la métamorphose de la Chine.
Le début du mandat de Céline Galipeau inaugure par ailleurs deux décennies de couverture par le bureau de CBC/Radio-Canada des multiples changements qui transforment la société chinoise.
Les correspondants de Radio-Canada en Chine
- Don Murray (1980-1983)
- Jean-François Lépine (1983-1986)
- Tom Kennedy (1986-1988)
- George Tremel (1989-1990)
- Patrick Brown (1990-1996 et 2003-2006)
- Raymond St-Pierre (1996-2001)
- Céline Galipeau (2001-2003)
- Michel Cormier (2006-2010)
- Catherine Mercier (2011-2013)
- Yvan Côté (2013-2016)
- Anyck Béraud (2016-2020)
- Philippe Leblanc (2020-2022)
