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ChroniqueUne prestation fracassante des Smashing Pumpkins en dépit des imprévus

Billy Corgan debout sur une scène devant un batteur.

Trois des membres fondateurs des Smashing Pumpkins étaient de la prestation à Montréal.

Photo : Patrick Beaudry, SNAPePHOTO

Montréal, 11 mars 2000. Dans un Spectrum bondé en mode surchauffe, les Smashing Pumpkins enchaînent les rappels à n’en plus finir. Les spectateurs sont en liesse. En mai, Billy Corgan annonce que le groupe se sépare à la fin de la tournée. Quoi? On a vu le dernier concert du groupe de Chicago sans le savoir?

Bien sûr que non. Comme tant d’autres groupes avant et après eux, il y a eu retrouvailles, changements de personnel et tout et tout, mais plus de trois décennies après leur formation, le groupe – avec trois membres fondateurs – était de retour, mercredi, au Centre Bell pour la tournée Spirit On Fire qui n’était plus exactement celle annoncée.

En raison d’une blessure subie par le chanteur Perry Farrell au Madison Square Garden le 19 octobre, le groupe de métal alternatif Jane’s Addiction a dû céder sa place. Ce sont donc les vétérans torontois de Our Lady Peace qui ont précédé Corgan et sa bande sur scène.

Bien des gens auraient préféré le programme original, mais la bande à Raine Maida a vraiment tout donné durant une heure avec des classiques comme Superman’s Dead, Clumsy et Starseed, ainsi qu’une reprise énergique de Mountain Song de Jane’s Addiction en hommage à ces derniers. Des remplaçants de luxe, humbles – il fallait entendre Maida parler à quel point un concert de Jane’s Addiction avait changé sa vie à l’âge de 16 ans – qui ont soulevé la foule comme s’ils étaient la tête d’affiche.

Corgan, James Iha, Jimmy Chamberlin, Jeff Schroeder et deux autres musiciens sont arrivés une demi-heure plus tard, quoique sans la chanteuse/choriste Katie Cole qui ne se sentait pas bien, a précisé Iha lors des présentations à mi-chemin du concert. Ce dernier a été charmant en début de soirée quand il a salué la foule en français : Merci Montréal d’être venu au concert. Nous sommes les Smashing Pumpkins.

Les citrouilles fracassantes avaient déjà été à la hauteur de leur appellation dès les premières minutes en saturant de guitares le doublé d’ouverture qui comprenait la toute nouvelle Empires, qui fera partie d’un opéra rock nommé ATUM. Et lorsque que Corgan a lancé : The world is a vampire, les 8300 spectateurs ont laissé entendre une clameur qui a salué le début de l’interprétation d’une Bullet with Butterfly Wings torride.

Les Smashing Pumpkins jouent devant une foule nombreuse.

Les Smashing Pumpkins ont donné un avant-goût de leur opéra rock avec la pièce « Empires ».

Photo : Patrick Beaudry, SNAPePHOTO

Les diverses moutures des Smashing Pumpkins n’ont pas toutes eues du succès sur scène depuis plus de 20 ans. À Montréal, nous avions eu droit au concert sur le pilote automatique d’Osheaga en 2007 et la formidable prestation-fleuve de 2018 au Centre Bell qui n’était rien de moins que de la rédemption à mes yeux. Il n’y a aucun doute que la prestation de mercredi s’inscrit dans la foulée de celle d’il y a quatre ans, quoique plus concise.

D’un côté, le groupe a interprété une foule de titres désormais classiques des albums (Gish, Siamese Dream, Mellon Collie and the Infinite Sadness) qui ont fait leur gloire, mais sans oublier des pépites un peu oubliées.

Réel plaisir de réentendre pour la première fois depuis plus d’une décennie We Only Come Out at Night, de Mellon Collie…, avec un écran arrière qui nous montre une ville endormie. Et que dire de la reprise de Once in a Lifetime, des Talking Heads, dans une version – à mon souvenir – beaucoup plus déconstruite que celle entendue… au Spectrum, il y a 22 ans.

La version intense de I of the Mourning, avec le slogan (What is it you want?) en bleu sur l’écran, tandis que Corgan nous gratifie d’un solo céleste, guitare pointée vers le ciel, n’était pas triste non plus.

Le meneur de jeu était drôlement dans le coup, même quand il ne maniait pas sa six cordes. Durant CRY et Eye, le chanteur, uniquement avec son micro, était investi comme pas un, comme en communion avec les spectateurs des premières rangées.

Les habitués des concerts des Smashing Pumpkins savent qu’ils adorent reprendre un gros succès dans une version épurée, voire, acoustique. Au cours des ans, 1979 et Disarm ont eu droit à ce traitement. Cette fois, c’était Tonight, Tonight. Ayant vu, comme tout le monde, la sélection des chansons – immuable – des précédents concerts, je maugréais d’avance.

Cette chanson-là, qui est céleste avec ses cloches et ses envolées de cordes (ou de synthétiseurs), offerte uniquement avec les guitares acoustiques de Iha et de Corgan? Bien sûr, l’enveloppe sonore est moins… intéressante, dirons-nous. En revanche, la participation de la foule a créé un moment d’intimité comme on aime en vivre dans un concert présenté dans une salle de la dimension du Centre Bell. Pas mal magique, en vérité, et très similaire à ce que nous avions vécu plus tôt dans la soirée avec Today, elle aussi, soutenue par une chorale.

Parfois, les Smashing Pumpkins font l’inverse. Ils chargent, ils chargent et ils chargent encore, et lourdement. Les stries de guitares peuvent accompagner ou suivre les solos de batterie de Chamberlin, parfois, même lorsque des épouvantails arrivent en arrière-scène…

Et, cela va de soi, tantôt, ils cassent tout. Hier, ce fut particulièrement vrai pour Cherub Rock, Zero – et ses vielles images de clowns et de l’âge d’or du cinéma – et Silverfuck. Corgan l’a souligné : Quand j’ai commencé avec ce gars-là – en pointant Iha – il y a 34 ans, jamais en un million d’années je n’aurais cru que nous serions encore là aujourd’hui.

En toute objectivité, nous non plus, mon cher Billy. Surtout après l’épisode de l’an 2000… Mais envers et contre tous – contre lui? –, Corgan a persévéré et les Smashing Pumpkins semblent avoir encore des choses à dire. À preuve, la très solide Beguiled, elle aussi qui sera partie prenante de l’opéra rock à venir.

Seul couac de la soirée, la fin abrupte du concert avec une poignée de chansons de moins au programme, dont Disarm, en regard de ce qui a été offert dans toutes les autres villes durant la tournée. À en juger par l’énergie et le plaisir de Corgan et de ses collègues, ça ne semblait vraiment pas être un caprice de star.

Alors? Est-ce que l’absence de Katie Cole serait une partie de l’explication? Lors de la discussion entre Corgan et Iha, avant Tonight, Tonight, la voix du chanteur semblait un peu amochée. C’est la réalité de l’internet en 2022. Entre mon siège et le métro, j’ai entendu trois personnes dire : Ils ont fait deux chansons de moins que prévu. En fait, trois. Neophyte, Disarm et Harmageddon étaient prévues au programme.

Visiblement, personne n’est sorti du Centre Bell trop déçu à la suite de cette prestation souvent enflammée. Mais si, effectivement, la finale en queue de poisson est liée à un problème vocal, ça n’augure rien de bien pour Québec, où les Smashing Pumpkins sont attendus ce soir au Centre Vidéotron.

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