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Comment retenir les immigrants en région? L’exemple de Shawinigan

La régionalisation de l’immigration s’impose de plus en plus comme enjeu en cette campagne électorale au Québec, et comme une manière de mettre un baume sur la pénurie de personnel. Mais au-delà des chiffres et des cibles, comment s’assurer que les nouveaux arrivants que l’on attire en région décident de s’y installer? Rencontre avec une famille qui a fait le choix de rester.

Une mère et ses trois enfants.

Le reportage de Raphaëlle Drouin

Photo : Radio-Canada / Josée Ducharme

Mardi, 17 heures. Guyelle Gakoula revient à la maison avec ses trois enfants. Une routine qui s’installe, alors que la famille vient tout juste d’emménager dans sa nouvelle maison de Shawinigan.

La mère de famille est d'origine africaine, mais c’est en France qu’elle a fondé sa famille, avant de prendre le chemin du Québec il y a un peu plus d’un an.

Le choix de Shawinigan s'est fait un peu par hasard. Je voulais éviter Montréal parce que je savais qu'arriver à cinq, sans emploi au départ, ça aurait été compliqué dans une grande ville, parce que souvent ça coûte plus cher de se loger, etc.

Une citation de Guyelle Gakoula

En 2020, plus de 7 personnes sur 10 admises au Québec avaient l’intention de s’installer sur l’île de Montréal, selon des données du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec.

Un taux légèrement à la baisse si l'on compare avec les années antérieures, alors que les régions dites intermédiaires, comme la Mauricie, sont de plus en plus choisies par les nouveaux arrivants.

Mais la part du gâteau est encore faible : moins de 1 % des personnes arrivées au Québec avaient comme projet de s’établir en Mauricie en 2019.

Une ville à taille humaine

On cherchait une ville plutôt à taille humaine. Et en se renseignant, je me suis rendu compte qu'il y avait des villes où il y avait de l'aide qui était apportée, précise Guyelle Gakoula.

Une vue du centre-ville de Shawinigan de l'autre côté de la rivière Saint-Maurice.

Le SANA de Shawinigan travaille en partenariat avec des entreprises de la ville qui souhaitent recruter davantage de travailleurs étrangers.

Photo : Radio-Canada / Josée Ducharme

Cette aide est venue du Service d'accueil aux nouveaux arrivants (SANA) de Shawinigan. L’organisme a contacté la famille avant même son arrivée au Québec et l’a soutenue, entre autres, dans la recherche d’un premier appartement, dans l’achat d’une voiture ou encore pour inscrire les enfants à l’école.

À chaque étape importante, ils étaient là. Du coup, à un moment donné on a l'impression que ce ne sont pas des inconnus, on a l'impression de créer un lien. Je vais faire mon Africaine et parler de famille, mais je veux dire que ce sont devenus des amis.

Une citation de Guyelle Gakoula

Sans l’aide du SANA de Shawinigan, la mère de famille pense que leur processus d’intégration aurait été beaucoup plus complexe.

Guyelle Gakoula s’estime chanceuse. Elle est également consciente que sa situation n’est pas celle de tous : sa famille parle français, ce qui facilite beaucoup de choses.

Une mère et ses trois enfants.

La famille Gakoula-Khramoff a choisi de s'installer à Shawinigan, en Mauricie.

Photo : Radio-Canada / Josée Ducharme

L’emploi, critère primordial

Le SANA de Shawinigan accueille surtout de nouveaux arrivants économiques et des étudiants. Pour la directrice générale, Marie-Claude Brûlé, la question de l’emploi est primordiale pour assurer leur rétention.

Auparavant, les nouveaux arrivants avaient de la difficulté à trouver un emploi autour de leurs compétences, donc ils repartaient pour les grands centres. Aujourd’hui, 90 % des gens arrivent déjà avec un emploi, explique-t-elle.

Avant 2015, la ville avait peu l’habitude d’accueillir des immigrants. Puis, l’entreprise CGI a sollicité l’aide du SANA pour recruter de la main-d'œuvre à l’étranger.

Marie-Claude Brûlé, directrice générale du SANA de Shawinigan.

Le SANA de Shawinigan accueille surtout de nouveaux arrivants économiques et des étudiants.

Photo : Radio-Canada / Josée Ducharme

CGI a été un peu la locomotive de tout ce mouvement-là et a démontré à d’autres entreprises que c’était possible d’aller chercher de l’immigration, que c’était possible que ce soit un succès, explique Marie-Claude Brûlé.

Le mari de Guyelle, Vincent Khramoff, s'est rapidement trouvé un emploi comme cuisinier dans une résidence pour aînés, tandis que Guyelle travaille dorénavant comme adjointe administrative après avoir suivi une formation.

Encourager la mixité sociale

Mais au-delà du travail, ce sont les liens tissés avec la communauté qui ont le plus aidé.

Auparavant, c'est qu'il y avait beaucoup d'activités qui touchaient uniquement les immigrants. On se rendait compte, au fil du temps, que nos nouveaux arrivants se connaissaient très bien entre eux, mais peu avec la population d'accueil. Donc c'est ça qui a été revu pour mettre sur pied des activités et faire en sorte qu'il y ait plus de liens qui se créent.

Une citation de Marie-Claude Brûlé, directrice générale du SANA de Shawinigan

La campagne PANDA, population accueillante des nouveaux arrivants d’ici et d’ailleurs, du SANA a d’ailleurs été créée en collaboration avec la Ville pour sensibiliser les Shawiniganais aux réalités des nouveaux arrivants.

Je pense que la Ville de Shawinigan était mûre pour évoluer sur le plan de l’inclusivité et de la diversité, ajoute Jacinthe Campagna, conseillère municipale.

La conseillère municipale du district de la Cité, à Shawinigan, Jacinthe Campagna, prend la pose dans la cour de l'hôtel de ville.

La conseillère municipale s’implique depuis des années au sein de la municipalité pour faciliter l’intégration des immigrants.

Photo : Radio-Canada / Josée Ducharme

Selon elle, c’est en ayant une vision globale du parcours des nouveaux arrivants que la Ville réussira à les convaincre de s’installer à Shawinigan.

C'est un écosystème, si on veut grandir économiquement, si on veut remplir nos loyers, si on veut développer notre territoire, ça nous prend des gens.

Une citation de Jacinthe Campagna, conseillère municipale

Elle donne comme exemple l’école Immaculée-Conception, qui a créé, dans les dernières années, une classe de francisation et qui accueille aujourd’hui des élèves provenant de plus d’une vingtaine de pays.

Ces choses-là sont pensées d’avance, ça n’arrive pas par hasard.

Séduire par les attraits d’ici

La famille Gakoula-Khramoff a participé à de nombreuses activités organisées par le SANA. C’est à travers ses expériences qu’elle a surtout créé son cercle social.

Du curling à l’observation d’ours, ces activités ont aussi permis aux membres de la famille de découvrir certaines particularités de la région.

Au bout d’un an, chaque fois qu’on part de Shawinigan et qu’on revient, je suis toujours estomaqué par le bord du Saint-Maurice et la vue plongeante qu’on a sur la Cité de l’énergie. À chaque fois que je passe devant, je me dis : "Wow, quand même, on a de la chance!" , commente Vincent Khramoff.

Une vue de la rivière Saint-Maurice et de la Cité de l'énergie

Après un an, Vincent Khramoff est toujours charmé par cette vue.

Photo : Radio-Canada / Josée Ducharme

Quant aux enfants, ils ont passé leurs samedis de l’hiver à apprendre le ski avec d’autres jeunes immigrants et ils ont déjà hâte de retourner sur les pistes.

Mais en attendant la neige, la famille fait peu à peu son nid dans sa nouvelle maison.

On a hâte d'avoir effectivement terminé pour être bien installés. Mais ça ne devrait pas tarder. Ça ne va pas être bien long, lance Vincent Khramoff. Une réplique qui fait bien rire sa femme.

Ah oui? Ça ne va pas être bien long? Comme on dit au Québec, ajoute-t-elle tout sourire.

Je sais que j'en ai rêvé, de ce Québec-là, et finalement je suis dans cette réalité et je me rends compte que c'est encore mieux que ce que j'avais imaginé. Ça n'a pas de prix, commente Guyelle Gakoula.

Et ça se passe à Shawinigan, pas à Québec, pas à Montréal, même si ce sont de très belles villes... Mais moi je suis contente d'être ici, dans l'instantané.

On est bien ici, termine Vincent Khramoff.

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