•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Celsius était déjà en voie d’insolvabilité avant l’investissement de la CDPQ

Les autorités financières du Vermont allèguent que Celsius était déjà en eaux troubles au moment de l’investissement de près de 200 M$ de la CDPQ en octobre 2021.

Deux pièces de Bitcoin.

Celsius Network est une plateforme d'intérêts et de prêts basée sur les cryptomonnaies.

Photo : La Presse canadienne / Kin Cheung

Celsius Network n’a jamais été profitable et sa situation financière était précaire depuis au moins 2020, selon un document déposé par les autorités financières du Vermont devant la cour de la faillite de l’État de New York, mercredi matin.

En octobre 2021, la CDPQ a investi près de 200 M$ dans Celsius, qui agit comme une banque dans le monde de la crypto. Les clients pouvaient y déposer des cryptoactifs et obtenir un rendement annuel. Ils pouvaient aussi obtenir des prêts en crypto ou en argent en plaçant chez Celsius des cryptoactifs sous forme de garantie.

En mai 2022, Celsius a annoncé geler les avoirs de ses clients, invoquant de l’instabilité dans le marché de la crypto. L’entreprise, basée au New Jersey, s’est finalement placée sous la protection de la loi sur les faillites le 13 juillet.

Dans le document déposé mercredi, l’avocat Ethan McLaughlin, qui représente le Département de réglementation financière du Vermont, allègue aussi que Celsius n’a jamais généré assez de profits pour que ses dépositaires tirent des bénéfices de leurs investissements.

Cela démontre un haut degré de mauvaise gestion financière et suggère que, à certains moments du moins, les rendements des investisseurs existants étaient payés à l’aide des dépôts des nouveaux investisseurs, écrit-il.

D’ailleurs, un ancien partenaire d’affaires de Celsius avait accusé l’entreprise d’être un stratagème à la Ponzi dans une poursuite déposée en juillet. Cela consiste à trouver de nouveaux investisseurs et à utiliser leurs fonds pour rémunérer les investisseurs qui ont embarqué plus tôt.

En mai, une enquête de Radio-Canada relevait de sérieuses questions sur le modèle d'affaires de Celsius.

M. McLaughlin allègue aussi que l’insolvabilité de [Celsius] a débuté avec des pertes financières en 2020 et au cours de 2021. L’avocat juge que Celsius a faussement attribué sa situation financière catastrophique aux remous qui ont frappé le marché de la crypto débutant en mai 2021 et qui ont fait plonger la valeur des cryptoactifs principaux.

De plus, Celsius et ses gestionnaires ont caché leurs pertes massives, leur déficit de cryptoactifs et la détérioration de leur condition financière à leurs investisseurs, selon le document.

Il n’est pas clair si cela inclut la CDPQ.

Par ailleurs, M. McLaughlin révèle que les autorités financières de 40 États américains enquêtent sur Celsius, pour des préoccupations concernant des activités de valeurs mobilières non enregistrées potentielles, de la mauvaise gestion, de la fraude en valeurs mobilières et de la manipulation de marché par Celsius et ses têtes dirigeantes.

L'homme est assis devant un micro et porte un t-shirt arborant le logo de Celsius, ainsi que l'expression "HODL".

Le pdg de Celsius, Alex Mashinsky, lors d'une diffusion sur YouTube, le 22 mai 2022.

Photo : Capture d'écran - YouTube / Celsius Network

L’avocat allègue que Celsius a manipulé le prix du CEL, une cryptomonnaie créée par l’entreprise et dont elle était le plus important détenteur. Si l’on exclut les CEL de son bilan comptable, les passifs de Celsius dépassaient ses actifs depuis au moins le mois de février 2019, selon lui.

Ces pratiques ont possiblement eu comme effet d’enrichir les dirigeants de Celsius aux frais des investisseurs ordinaires, affirme M. McLaughlin.

Les autorités financières du Vermont et d’autres États sont particulièrement préoccupées par les pertes encourues par des investisseurs ordinaires, par exemple, des investisseurs non accrédités de la classe moyenne qui ont investi leurs fonds d’études universitaires ou leurs fonds de retraite dans Celsius, écrit l’avocat.

Rien n’indique que la CDPQ était au courant des faits allégués par M. McLaughlin au moment d’avoir annoncé sa participation, à hauteur de 150 M$ US, à une ronde d’investissement de 750 M$ US dans Celsius, en octobre 2021.

En outre, M. McLaughlin accuse le PDG de Celsius, Alex Mashinsky, d’avoir fait des déclarations trompeuses sur les réseaux sociaux, ce qui a eu pour effet, selon lui, de berner ses clients.

L’avocat cite entre autres une entrevue accordée en décembre 2021 par M. Mashinsky à une chaîne YouTube, où il a déclaré : Nous venons de recevoir une ronde d’investissement de 750 M$ US. Nos investisseurs, ils ont tout fouillé et ils se sont assurés que tout était casher. Aucun problème.

De passage à Zone Économie à la mi-août, le PDG de la CDPQ, Charles Emond, avait reconnu que l'investissement dans Celsius avait pu être une erreur. Premièrement, personne n’est content à la Caisse de ça, moi le premier. On en fait un post-mortem important, a-t-il affirmé en entrevue avec Gérald Filion. On est arrivés un peu tôt. La situation de l’entreprise, elle avait une hypercroissance à gérer, elle s’est fragilisée.

La conclusion n’est pas encore arrivée dans ce dossier là, on va regarder, comme je l’ai dit, nos options légales , avait-il ajouté.

Une porte parole de la CDPQ a fait savoir que la Caisse ne commenterait pas cette affaire pour l'instant. Nous poursuivons notre travail sur nos options juridiques, a-t-elle ajouté.

Celsius n’a pas donné suite à notre courriel.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.