•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Rapture, chorégraphié par Dave St-Pierre : visibiliser tous les corps

Une personne est allongée sur un lit avec un grand cube transparent au-dessus d'elle.

Le spectacle «Rapture», de Dave St-Pierre, est présenté jusqu'au 6 août à Montréal.

Photo : Fierté Montréal

Après cinq ans passés loin de la création en danse contemporaine, Dave St-Pierre a accepté la proposition du festival Fierté Montréal d’imaginer, avec un collectif d’artistes, un spectacle de danse en hommage aux victimes du sida alors que s’ouvre vendredi, à Montréal, la 24e Conférence internationale sur le sida. Rapture met en lumière la place des personnes trans dans la grande histoire du combat de la communauté LGBTQ+ contre cette maladie.

Si le sida a décimé une partie de la communauté des hommes homosexuels, les personnes trans ont également payé un lourd tribut à cette maladie. Et cette réalité a été occultée, selon Dave St-Pierre. Pour moi, c’était important de faire ressurgir une partie de l’histoire qui reste invisible, dit-il. Les personnes trans ont été devant et de toutes les batailles [contre le sida].

Au départ, Fierté Montréal avait suggéré Angels in America comme source d’inspiration pour le spectacle. Créée en 1991, cette pièce de théâtre de Tony Kushner, ensuite adaptée en série, parle des ravages du sida dans la communauté gaie sous l’ère Reagan. 

Pour nourrir son inspiration, Dave St-Pierre a également regardé des séries plus contemporaines, comme It’s a Sin, qui raconte l’histoire de jeunes de la communauté homosexuelle à Londres, en pleine épidémie de sida dans les années 1980. Il s’est également plongé dans les récits de personnes ayant survécu à ces années 1980 et 1990 pendant lesquelles le sida a fait de nombreuses victimes au sein de la communauté LGBTQ+.

Sur scène, il a décidé de recréer une minisociété incarnée par une variété de corps.

C’était très important pour moi d’avoir cette diversité, pas juste dans les couleurs de peau, mais aussi dans les gabarits et les genres.

Une citation de Dave St-Pierre, chorégraphe

Dave St-Pierre a choisi de mettre une femme trans – la danseuse Mélusine Bonillo – au centre de Rapture. Les personnes trans ne sont pas bien représentées. On est en retard! déplore-t-il. C’est le temps de donner la place à une personne trans, pour qu’elle raconte l’histoire de cette communauté.

Pour mieux comprendre la réalité des personnes trans, Dave St-Pierre a beaucoup parlé avec Mélusine Bonillo, et il s’est inspiré de petites bribes de vie qu’elle lui a racontées.

Éduquer, et non provoquer

Ce chorégraphe, qui a habitué le public à être dans la physicalité dans ses précédentes créations, livre un spectacle lent avec Rapture : J’ai voulu qu’on puisse vraiment regarder ce qui se passe et s’en faire mettre un peu plein la face de ces corps qu’on ne voit pas souvent.

Déjà, dans son œuvre La pornographie des âmes, qui date d’il y a presque 20 ans, Dave St-Pierre avait mis en vedette une femme grosse sur scène. Pourquoi on ne voit pas ces corps? Ça reste des corps invisibles.

Il faut éduquer le monde à ces corps, poursuit-il. Il faut prendre le temps de les montrer et de dire : "ça existe, que vous le vouliez ou non".

Souvent étiqueté comme provocateur, l’artiste se défend de vouloir choquer. Mettre une personne grosse ou trans sur scène est un geste politique, nuance-t-il. Même si je n’ai pas envie de provoquer, il y a des gens qui vont être choqués.

Je ne suis pas responsable de l’expérience des gens qui voient le spectacle; je ne fais pas des spectacles pour faire plaisir aux gens, ajoute-t-il. 

Côté musique, il a fait appel à Yann Villeneuve pour composer la trame sonore de Rapture. J’ai tout de suite pensé à lui pour avoir un côté plus pop, dit celui qui a, par le passé, conçu des costumes pour des vidéoclips du chanteur et compositeur.

On est allé chercher des sons de films pornographiques et des loops de chansons très connues qu’on a déconstruites.

Un homme avec une casquette parle.

Le chorégraphe Dave St-Pierre

Photo : Radio-Canada

Une expérience intime de la maladie

Le fait que Rapture évoque le sida a d’autant plus résonné en Dave St-Pierre qu’il vit lui-même avec des maladies : la fibrose kystique au départ, et désormais l’insuffisance rénale. Les médicaments qu’il prend depuis sa greffe de poumons en 2009 ont progressivement détruit ses reins, et il doit maintenant se faire dialyser trois fois par semaine. 

Je me suis raccroché à ma propre expérience avec une maladie dégénérative, avoue-t-il. 

Cet homme autrefois très actif ne fonctionne désormais plus qu’à 25 % de ses capacités. Il a accepté de travailler sur Rapture parce que le processus créatif et les répétitions n’exigeaient que six heures de présence par semaine. C’est un petit projet ponctuel qui entrait dans mon horaire de gars malade, précise-t-il. 

Dave St-Pierre attend désormais une greffe de reins pour pouvoir se consacrer à nouveau à la création de costumes, une activité qui a remplacé la création chorégraphique dans sa vie, il y a cinq ans, en raison de ses problèmes de santé. Reviendra-t-il à la danse s’il obtient cette greffe? Je n’en ai aucune idée, répond-il. 

Mettant en scène 10 interprètes de la danse, Rapture est présenté jusqu’au 6 août au Monastère, à Montréal. 

Ce texte a notamment été écrit à partir d’une entrevue réalisée par Stéphanie Gagnon, chroniqueuse culturelle à l’émission Le 15-18. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté ou de concision.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Radio-Canada et moi

Une infolettre qui vous ressemble, remplie de découvertes et de sujets choisis selon vos champs d’intérêt.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Radio-Canada et moi.