Où en est le projet de tramway de Québec?
Maquette du tramway de Québec sur le boulevard Laurier.
Photo : Gracieuseté : Ville de Québec
Prenez note que cet article publié en 2022 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le projet de transport structurant de Québec a bien évolué depuis ses débuts. Tellement, qu’il est parfois difficile de s’y retrouver et d’avoir l’heure juste. Voici les principales informations pour mieux comprendre où il en est et quelle forme il prendra.
Coup de théâtre, le 1er novembre, la veille de la date retenue pour le dépôt des propositions financières des consortiums pour le volet infrastructure du tramway, le maire de Québec, Bruno Marchand, propose un plan B à 8,4 milliards de dollars où la Ville agirait comme maître d'œuvre dans le projet de tramway.
Il annonce ainsi avoir mis un terme au processus d’appel d’offres. Le seul soumissionnaire qui était toujours en lice, Mobilité de la Capitale, n’était pas en mesure de déposer une proposition financière, faute de financement.
Selon les estimations de 2021, le tramway devait coûter environ 4 milliards de dollars.
Au printemps, Ottawa s'est engagé à financer les dépassements de coûts et a réitéré à de nombreuses occasions son désir de voir le projet se réaliser.
La Ville attend maintenant de voir si elle pourra compter sur l'appui du gouvernement québécois pour son plan B.
Les échéanciers et les étapes franchies
La mise en service a été décalée d'un an, le projet doit entrer en fonction en 2029. La Ville a aussi déjà commencé à imaginer comment sera réaménagée la circulation avec l'arrivée du tramway.
La plateforme qui accueillera le futur tramway de Québec est déjà visible sur le pont à étagement du chemin des Quatre-Bourgeois qui franchi l'autoroute Henri-IV.
Photo : Radio-Canada / Eric Careau
Pour le volet matériel roulant, la Ville a conclu une entente en avril avec l’entreprise française Alstom pour la conception et la construction des rames du tramway au coût de 569 millions de dollars. C'était 43 % de plus par rapport à l'estimation du bureau de projet.
L'administration Marchand annonce du même coup que l'entretien pour 30 ans du matériel roulant coûtera 768 millions de dollars. En choisissant d'assumer certains risques, la Ville a pu limiter la hausse de cette facture à 8 %.
Les trois concepts proposés par Alstom pour l'extérieur du tramway de Québec.
Photo : Alstom / Ville de Québec
Astom indique que les 34 rames seront en partie fabriquées au Mexique, mais assemblées dans l’usine de La Pocatière, anciennement à Bombardier.
En date du 30 juin 2023, 341,1 millions de dollars ont été dépensés pour la planification et les travaux de préparation du projet depuis 2020. En novembre, Bruno Marchand plaide qu'il y a plus de 500 millions d'investis dans le projet à différents degrés
. Ces sommes sont comprises dans les dépenses autorisées qui totale 924,6 millions de dollars.
Le projet est bien lancé. Des travaux préparatoires le long des axes où passera le tramway ont été amorcés ou sont parfois déjà réalisés en vue d’accueillir cette nouvelle infrastructure. Ils doivent se poursuivre en 2023. La véritable mise en chantier du projet est toutefois repoussée à 2024.
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À la suite d'un autre appel d'offres, la Ville a aussi lancé aussi pour les systèmes d'exploitation et de mobilité (SEM), le genre de « cerveau » informatisé du tramway. C'est l’entreprise CSiT qui fournira le logiciel de gestion technique centralisée (GTC) et les services pour l'intégration des différents systèmes d’exploitation et de mobilité (SEM) requis.
Les tergiversations sur le trajet
Au tournant des années 2010, l’administration municipale est consciente qu’elle devra se doter d’un réseau de transport structurant dans les prochaines années si elle veut demeurer attractive et répondre à la croissance de la population.
Le réseau actuel a atteint son point de saturation. On ne peut plus ajouter d'autobus, car ils se congestionnent entre eux dans leur voie réservée.
Après évalué différentes options en 2011, la Ville de Québec présente une projet de Service rapide par bus (SRB) en 2015, qui sera finalement abandonné après que Lévis ait quitté le navire.
En 2018, un nouveau projet de transport structurant est présenté, comprenant en plus d'un tramway, un trambus qui relierait l’Université Laval à D’Estimauville, en passant par le boulevard Charest et Limoilou, ainsi que des remontées mécaniques entre la Haute et la Basse-Ville. Le tout pour 3 milliards de dollars.
Le trajet du tramway dams le secteur de l'Université Laval et de Sainte-Foy Ouest proposé par le RTC en 2018.
Photo : RTC
Les deux dernières parties du réseau sont par contre écartées en 2020 à cause de l’explosion des coûts du projet et le choix d’un tramway pour connecter l’est et l’ouest de la ville demeure.
En 2020, le rapport du BAPE sur le projet ajoute un doute sur le choix du tramway en tant que le meilleur mode de transport pour le réseau structurant. Le ministère du Transport commande donc une étude pour le vérifier et elle finit par reconfirmer que le tramway est le bon choix.
À travers ces rebondissements, l'option d'un métro est évalué à de nombreuses reprises, mais elle est à chaque fois rejetée.
En 2021, le trajet est modifié et c’est finalement Beauport plutôt que Charlesbourg qui l’emporte comme destination du projet. L’infrastructure reliera ainsi l’avenue Le Gendre au pôle D’Estimauville, parcourant un total de 19,3 km, de 5 h à 1 h du matin.
Le nouveau tracé proposé le 11 mars 2021.
Photo : Radio-Canada
Selon ce qui est prévu, le tramway pourra accueillir 260 passagers par véhicule et passera à une fréquence de 4 à 8 minutes à l’heure de pointe. En comparaison, un autobus articulé comme ceux des circuits métrobus du RTC a une capacité d’une centaine de passagers et un autobus régulier peut en accueillir une soixantaine.
Son insertion dans la ville
Le tramway roulera à la surface sauf dans une petite section, où il passera dans un tunnel, de l’avenue Turnbull jusqu’au boulevard Charest dans le quartier Saint-Roch.
Maquette de la station de la colline Parlementaire
Photo : Gracieuseté : Ville de Québec
Les rames seront prioritaires aux intersections qu’elles franchiront, assurant ainsi une circulation plus efficace. Fini les trains d’autobus qui se ramassent à la queue leu leu, s’alternant à de plus longues périodes sans desserte.
Lorsque nécessaire, pour séparer les rails du tramway des autres voies de circulation, il roulera sur une plateforme exclusive. Cette dalle de béton sera surélevée d'environ 15 cm, soit l'équivalent d'une chaine de trottoir.
Tout le long du tracé, la Ville compte ajouter 57 % de plus de traverses pour les piétons et les cyclistes qu'il y en a actuellement.
Maquette du tramway sur le chemin des Quatre-Bourgeois
Photo : Gracieuseté : Ville de Québec
Sur la majorité des tronçons en Haute-Ville, la plateforme et les voies seront insérées axialement, c’est-à-dire au milieu des axes routiers, comme un terre-plein.
Une exception notable à cette insertion centrale est le long de la route de L’Église, à Sainte-Foy, où les voies seront situées un peu à l’ouest, en parallèle à la rue, derrière les bâtiments municipaux et le Canadian Tire.
Une maquette du tramway de Québec circulant parallèlement à la rue de l'Église derrière des bâtiments municipaux.
Photo : Gracieuseté : Ville de Québec
L’autre tronçon où le tramway circulera hors rue est situé à l’extrémité ouest du parcours. Entre le chemin des Quatre-Bourgeois et le boulevard de la Chaudière, les voies seront situées dans l'espace réservé aux lignes haute-tension parallèle au boulevard Pie-XII.
Représentation de la ligne de tramway dans le secteur du boulevard Pie XII
Photo : Source : Ville de Québec
Il reste encore des échanges à avoir pour savoir comment le tramway s'insèrera en basse-ville, entre Saint-Roch et D’Estimauville, s’il roulera au centre ou en bordure des rues. Chose certaine dans Limoilou, c’est la 4e avenue plutôt que la 3e qui a été choisie pour accueillir l’infrastructure, entre la 4e rue et le chemin de la Canardière.
La portion jusqu'à d'Estimauville est à finaliser. Pour l'instant, le tracé envisagé est le chemin de la Canardière, la 4e avenue et la 4e rue.
Photo : Radio-Canada / Frédérique Guy
Le tramway sera à 100 % électrique. Il s'alimentera à des fils aériens.
Le service doit pouvoir fonctionner normalement été comme hiver. La plupart du temps, le simple passage des rames suffira pour garder les voies dégagées. Lors de fortes précipitations de neiges, des équipements spécialisés pourront aussi être utilisés en renfort.
Les stations
L’emplacement de certaines stations reste encore à confirmer, mais pour le moment, le tracé comptera 29 stations, dont 5 pôles d’échanges. Elles seront situées en moyenne à environ 700 mètres l’une de l’autre.
La carte des stations prévue sur le trajet du tramway.
Photo : Capture d’écran / Ville de Québec
Conçues pour être accessibles à tous, les stations seront chauffées, vidéosurveillées et munies de bornes pour le réseau Wifi et pour acheter des titres de transport. Certaines d’entre elles seront des bâtiments fermés et d’autres seront des marquises chauffées.
Différentes maquettes de différentes stations.
Photo : Gracieuseté : Ville de Québec
Une vingtaine doit être connectée au réseau cyclable et neuf, dont les pôles, seront munies de vélostations sécurisées pour permettre aux usagers de combiner le vélo au transport collectif avec plus de quiétude.
La maquette d'une vélostation selon les lignes directrices de design du projet de réseau de transport structurant.
Photo : Ville de Québec
Les cinq pôles et certaines autres stations offriront aussi des possibilités de transfert avec différentes lignes d’autobus du RTC.
Le pôle d'échange de Saint-Roch selon les lignes directrices de design du projet de Réseau de transport structurant.
Photo : Ville de Québec
Si vous avez des questions, posez-les-nous au nouvelles.quebec@radio-canada.ca (Nouvelle fenêtre), on tentera d’y répondre ou de les adresser aux personnes concernées qui travaillent sur le projet.