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ArchivesAu printemps 1972, les syndicats s’unissent pour faire front commun

Foule au Forum avec des pancartes portant l'inscription : Front commun solidarité.

Assemblée générale des employés du Front commun des centrales syndicales de la FTQ-CSN-CEQ, Forum de Montréal, 7 mars 1972.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Le 11 avril 1972, une grève générale illimitée sans précédent est déclenchée au Québec. 210 000 employés des secteurs public et parapublic affiliés à trois centrales syndicales (CSN-FTQ-CEQ) s’engagent dans un bras de fer avec le gouvernement de Robert Bourassa. Retour en archives sur le premier Front commun syndical de 1972.

La grève fait suite à la troisième ronde de négociations entre le gouvernement québécois et les représentants des secteurs public et parapublic affiliés à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), à la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et à la Corporation des enseignants du Québec (CEQ).

Ce n’est pas un affrontement avec le gouvernement du Québec; ce que nous voulons, c’est une convention collective. Pas une convention collective imposée. Une convention collective véritablement négociée.

Une citation de Louis Laberge président FTQ

Le 7 mars 1972 au Forum de Montréal, une assemblée générale monstre se déroule. Marcel Pepin (CSN), Louis Laberge (FTQ) et Yvon Charbonneau (CEQ) prononcent leur discours devant une foule gonflée à bloc.

Sur ces images diffusées au Téléjournal le 11 mars 1972, on peut aussi apercevoir le syndicaliste Michel Chartrand présent sur scène à titre de leader du Conseil central de Montréal.

Téléjournal, 11 mars 1972

Grèves dans le secteur public au Québec

Consulter le dossier complet

Des manifestants sont massés devant l'Assemblée nationale et brandissent pancartes et banderoles.

C’est durant cette assemblée qu’un mandat de grève est voté par les travailleurs.

Les revendications syndicales sont : un salaire hebdomadaire minimum de 100 $, une plus grande sécurité d'emploi et la fin des disparités régionales dans les avantages sociaux.

Les syndiqués ont un slogan : Nous, le monde ordinaire.

10 jours après le début du conflit, le 21 avril 1972, le gouvernement du Parti libéral du Québec adopte une loi spéciale, la loi 19, pour forcer les employés à retourner au travail.

Nous avons décidé de recommander aux membres du Front commun de retourner au travail comme prévu dans la loi.

Une citation de Louis Laberge

La journée suivante, le 22 avril 1972, le leader syndical et président de la FTQ, Louis Laberge, demande à contrecœur aux grévistes de respecter la loi spéciale 19 et de retourner au travail.

Téléjournal, 22 avril 1972

La loi 19 interdit tout débrayage du 22 avril au 30 juin, sinon les syndiqués encourent de fortes amendes et des peines de prison.

Certains syndiqués restent tout de même sur leurs positions malgré les menaces du gouvernement, comme on peut l’entendre dans ce vox pop auprès des grévistes, diffusé le 26 avril 1972 à l’émission Format 30.

Format 30, 26 avril 1972

Malgré l’amende de 250 $ par jour, certains syndiqués sont décidés à poursuivre leur piquetage.

On nous donne le droit de négocier, et quand on s’en sert pour négocier en bloc, le gouvernement nous retire nos droits.

Une citation de Un gréviste

Le 8 mai 1972, les trois leaders syndicaux sont condamnés à un an de prison pour leur résistance et pour avoir incité les travailleurs à transgresser l’injonction. Ils entrent à la prison d’Orsainville le lendemain.

Des centaines de syndiqués s’organisent en happening et vont protester aux abords de l’établissement de détention.

La sévérité du jugement secoue le monde syndical. Le journaliste Bernard Derome revient sur les événements le 31 décembre 1972 lors de la revue de l’année Le Canada en 1972.

Le Canada en 1972, 31 décembre 1972

Paradoxalement, le secteur privé réagira plus fortement à l’emprisonnement des leaders syndicaux que le secteur public directement engagé dans les négociations.

À Sept-Îles, près de 20 000 personnes, Métallos en tête, s’organisent pour paralyser la municipalité. L’aéroport et plusieurs routes sont bloqués, les bureaux administratifs et le poste de radio sont assiégés. Les syndiqués manifestent devant le palais de justice durant une semaine.

Des bagarres éclatent entre policiers et manifestants. Au plus fort des manifestations, le 10 mai 1972, un organisateur libéral exaspéré et en fort état d’ébriété, Théodore Leblanc, fonce sur la foule avec sa voiture. L’homme blesse 36 personnes et fauche à mort Herman Saint-Gelais, un jeune Métallo de 22 ans.

Les syndiqués continueront de demander le retrait de la loi spéciale et la libération de leurs chefs syndicaux, mais la mort tragique du jeune manifestant jette un froid et les moyens de pression s’amenuisent.

Le 15 mai 1972, le premier ministre Robert Bourassa déclare au Téléjournal que le nouveau ministre de la Fonction publique du Québec, Jean Cournoyer, doit rencontrer dans les prochaines heures les dirigeants du Front commun intersyndical en vue de nouvelles négociations.

Téléjournal, 14 mai 1972

Il insiste pour que les trois dirigeants des trois centrales syndicales concernées portent leur cause en appel. Le premier ministre laisse entendre que des mesures énergiques seront prises si le climat social continue de se détériorer.

Le gouvernement sera très ferme pour assurer la stabilité de nos institutions.

Une citation de Robert Bourassa

Les syndiqués n’atteindront pas leur objectif d’obtenir un minimum de 100 $ par semaine. Robert Bourassa sera défait aux élections suivantes avec une victoire éclatante du Parti québécois le 15 novembre 1976.

Encore plus de nos archives

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