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Envoyé spécial

Ces citoyens qui veulent tout faire pour aider les réfugiés ukrainiens

Un centre de distribution d'aides.

En plus des États, de simples citoyens viennent en aide aux Ukrainiens qui fuient les bombardements russes.

Photo : Radio-Canada / Yanik Dumont Baron

Le sort des Ukrainiens touche beaucoup de gens sur la planète. Des organisations d’un peu partout sont installées à la frontière polonaise. On trouve aussi beaucoup de simples citoyens venus soulager à leur façon la douleur des déplacés.

La camionnette blanche ne peut pas vraiment dépasser les 115 kilomètres à l’heure. L’homme au volant ne semble ni pressé ni fatigué. Il a pourtant conduit toute la nuit.

Renaud Duquesnoy, 36 ans, est en mission. Il transporte des kilos de denrées non périssables et de matériel médical vers la frontière ukrainienne.

La veille, il est parti de Lille, en France, avec quelques boissons énergisantes et un autre compagnon qui roule devant lui, sa camionnette également pleine. En tout, plus de 1600 kilomètres d’autoroutes.

Une image m’a touché à la télé avec cet enfant qui a traversé la frontière tout seul, avec le numéro de sa maman sur le bras. Et j’ai dit : "bon ben, là, il faut y aller".

Guerre en Ukraine

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Un véhicule blindé est en feu, un corps gît dans la rue.

En quelques jours, lui et Valentin Serpaud ont récolté des fonds et assez de dons matériels pour emplir les deux camionnettes. Dans quelques heures, ils seront à destination.

Valentin Serpaud

Valentin Serpaud fait partie des citoyens qui risquent leur vie pour soutenir les réfugiés ukrainiens.

Photo : Radio-Canada / Yanik Dumont Baron

Une fois vides, les véhicules pourront accueillir une douzaine d’Ukrainiens désireux de se rendre en France et d’être hébergés dans la famille des conducteurs.

Pour le temps qu’il faudra, précise Renaud Duquesnoy. Il veut leur donner un peu de chaleur dans ce monde un peu de brutes.

Une offre faite la main sur le cœur, lui qui ne connaît rien de ses futurs invités, ne parle pas leur langue ni même l’anglais.

Avec les mains, on sait se faire comprendre. Je pense que ça sera simple. Et j’ai trois enfants. Et les enfants entre eux vont savoir se comprendre. Ça ne peut qu’aller! Je ne vois pas pourquoi ça n’irait pas.

Il assure avoir des frissons rien qu’à imaginer le moment où il remettra les clés de sa maison à de purs étrangers. Un geste de confiance. Une main tendue comme il aurait aimé la tendre auparavant.

Ce n’est pas la première guerre, il se passe plein de choses, en Irak, dans d’autres pays. Pour moi, c’était inaccessible. Là, je peux prendre ma voiture et y aller. Alors j’y vais!

Notre dossier Guerre en Ukraine

Un chaos (un peu plus) organisé

Le matériel médical a vite été déchargé dans un dépôt géré par l’armée polonaise à Medyka. Renaud Duquesnoy avait hâte d’être à la frontière, là où ses contacts l’ont dirigé.

La ligne entre la Pologne et l’Ukraine est difficile à voir, tant il y a de gens autour. Les Ukrainiens, bien sûr, mais aussi des centaines de bénévoles, des policiers, des employés de l’ONU.

Une foule d’organisations étrangères se sont installées le long du passage qu’empruntent les Ukrainiens. On retrouve des sikhs, des Israéliens, des Américains et beaucoup d’Européens.

Sous une tente où flotte un drapeau breton, Renaud Duquesnoy retrouve son contact, Lilian Boulard, un bénévole venu offrir de la nourriture aux bébés.

Renaud Duquesnoy

Renaud Duquesnoy, sur l'une des autoroutes polonaises menant à la frontière avec l'Ukraine.

Photo : Radio-Canada / Yanik Dumont Baron

Plus question d’inviter des Ukrainiens à monter dans la camionnette comme cela se fait jusqu’à récemment. La procédure est maintenant plus stricte : il faut d’abord s’enregistrer dans un centre, à quelques kilomètres d’ici.

Les responsables ont une liste, explique Lilian Boulard. Ils vont appeler [les intéressés] et faire correspondre vos passeports. Au début, il y a eu beaucoup de trafic d'humains. Ils sont très sérieux.

Au centre d’enregistrement aussi, c’est un peu le chaos. Des gens courent, les échanges se font en plusieurs langues. Une odeur de viande grillée flotte dans l’air. Un mime tente de distraire les enfants.

Dans cette foule cosmopolite, on retrouve le Canadien Dre Barone, qui travaille d’ordinaire comme arbitre au hockey. Lui aussi offre ses services de chauffeur.

Pour le jeune Canadien, c’est un hommage à tous les étrangers qui, à l'époque, ont aidé ses grands-parents à fuir le régime communiste de Tito en Yougoslavie.

Ils m’ont offert l'opportunité, 50 ans plus tard, d’avoir la vie que j’ai en Amérique du Nord. Il y a 3 millions de réfugiés, c’est sûr que je peux remplir une van de 9 personnes une ou deux fois par jour.

 Dre Barone.

Le Canadien Dre Barone, à la frontière polono-ukrainienne. En une semaine, il a mené à bon port une vingtaine d'Ukrainiens. Ses efforts sont soutenus par des citoyens au Canada et aux États-Unis.

Photo : Radio-Canada / Yanik Dumont Baron

En une semaine, Dre Barone a transporté une vingtaine d’Ukrainiens, dont deux femmes avec deux jeunes enfants qui ne savaient trop comment rejoindre leurs proches à Varsovie.

C’est une situation extrêmement difficile. Ceux qui font de l'humanitaire à temps plein disent n’avoir jamais vu quelque chose comme ça. Jamais, jamais, jamais. Il y a trois semaines, tous ces gens-là avaient des vies!

Complètement inutile

Le soleil baisse sur le centre d’enregistrement. Par petits groupes, les Ukrainiens montent dans des taxis, des camionnettes. D’autres prennent des autobus à destination d’autres pays européens.

Un ballet qui semble sans fin. Parmi les déplacés enregistrés ce jour-là, presque personne ne voulait aller en France. C’est ce que confirme Alex Derouineau, chargé de gérer les départs vers l’Hexagone.

C’est un peu le hasard de la migration, explique-t-il à ses deux compatriotes venus de Lille. Et le fait que le flot de déplacés soit moins important qu’il y a une semaine.

Les données du Haut-Commissariat aux réfugiés le montrent bien. Ces jours-ci, deux fois moins de gens quittent l'Ukraine chaque jour qu’il y a une semaine. Quotidiennement, c’est même près de trois fois moins qu’il y a deux semaines.

Alex Derouineau admet que, dans les conditions actuelles, c’est compliqué d’avoir une organisation très ordonnée et efficace. Puis il ajoute, encourageant : C’est incroyable. Vraiment utile de venir porter du matériel médical à la frontière.

Du matériel et des vivres.

Une solidarité citoyenne s'est créée autour des réfugiés ukrainiens

Photo : Radio-Canada / Yanik Dumont Baron

Un mince prix de consolation pour Renaud Duquesnoy et Valentin Serpaud. Cela fait 24 heures qu’ils sont sur la route, ils n’ont pas vraiment dormi depuis leur départ de Lille.

On vient à deux véhicules, on a 12 places de disponibles, et on repart à deux! On n’aide personne! Il assure se sentir complètement inutile, alors que tant de gens semblent avoir besoin d’aide.

Renaud Duquesnoy ne sait trop comment expliquer la situation à sa femme, qui préparait les lits des invités au même instant. Après quelques instants de réflexion, les deux compagnons décident de rentrer.

Transporter du matériel médical, explique Renaud Duquesnoy, tout le monde peut le faire. Mais pour loger des déplacés, il y a beaucoup moins de volontaires. Et ça, c’est le plus important pour moi.

Même chose pour Valentin Serpaud. Malgré les kilomètres, les heures et les euros investis dans le voyage, les portes de leurs maisons respectives demeurent ouvertes aux Ukrainiens.

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