Archives21 février 1972 : le président Richard Nixon visite la République populaire de Chine
21 février 1972 : le président américain Richard Nixon entreprend une visite en République populaire de Chine.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2022 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Il y a 50 ans, le président américain Richard Nixon s'est rendu en République populaire de Chine. Ce voyage a inauguré une ère nouvelle dans les relations internationales et a transformé cette visite de sept jours en une des semaines les plus importantes de l’histoire contemporaine.
Ping-pong diplomatique
Si un analyste avait prédit au début de l’année 1971 que le président américain Richard Nixon se rendrait en République populaire de Chine, on l’aurait probablement traité de fou.
En effet, depuis le début de sa carrière politique, Richard Nixon avait été un anticommuniste et un adversaire implacable de la révolution communiste chinoise.
Pour lui, il a longtemps été hors de question que les États-Unis reconnaissent diplomatiquement la République populaire de Chine.
Femme d'aujourd'hui, 4 janvier 1972
Toutefois, comme l’indique l’animatrice Aline Desjardins dans cet extrait de l’émission Femme d’aujourd’hui du 4 janvier 1972, 1971 devient l’année de l’amorce du grand dégel des relations sino-américaines.
Et cette reprise des relations entre les États-Unis et la Chine débute, de façon très surprenante, grâce à des compétitions de ping-pong!
Du 7 au 17 avril 1971, une équipe de joueurs de tennis de table américaine est invitée en République populaire de Chine.
En plus de participer à des matchs devant un vaste public, l’équipe visite la Grande Muraille de Chine et le palais d’été à Pékin.
En juillet 1971, le conseiller à la sécurité nationale du président Nixon, Henry Kissinger, se rend secrètement en République populaire de Chine.
Il y discute avec le gouvernement de Pékin du règlement éventuel des très épineuses questions du statut de Taïwan et de la guerre des Américains contre le Vietnam du Nord, un État communiste.
Ces divers échanges permettent au président Nixon d’envisager l’impensable.
La stabilité mondiale exige qu’on rompe l’isolement international de la République populaire de Chine.
Il va donc se rendre en Chine communiste.
Une visite qui bouleverse le jeu politique international
Cette semaine, nous avons changé la face du monde.
Le président Richard Nixon foule le sol chinois le 21 février 1972.
Revue de l’année 1972 internationale, 29 décembre 1972
Cette visite est racontée de façon assez détaillée dans un segment de l’émission Revue de l’année 1972 internationale du 29 décembre 1972 que narrent les journalistes Bernard Derome et Jean-Paul Nolet.
Pendant cette visite, Richard Nixon rencontre le chef historique de la révolution et président de la République populaire de Chine, Mao Zedong.
Le président américain a aussi plusieurs entretiens avec le premier ministre chinois Zhou Enlai.
Les images de ces rencontres sont diffusées aux quatre coins du monde.
Lors de ces tête-à-tête, les trois hommes d’État discutent des différends politiques et idéologiques qui séparent leurs nations.
On s’efforce de part et d’autre d’aplanir les conflits, ce qui permettrait un rapprochement entre Washington et Pékin.
Le président Nixon et la délégation américaine visitent aussi plusieurs lieux symboliques de la Chine, notamment la Grande Muraille et la Cité interdite, et louangent l’amitié sino-américaine retrouvée.
Dans le segment, on évoque par ailleurs les conséquences possibles de la visite historique du président Nixon en République populaire de Chine.
Une de ces conséquences pourrait être la fin du monde bipolaire dans lequel les États-Unis et le bloc communiste s’affrontent depuis 1945.
Et sonne la fin d’un monde bipolaire
Un facteur essentiel explique le rapprochement des États-Unis et de la République populaire de Chine.
La République populaire de Chine et l’Union soviétique, les deux géants du bloc communiste, se considèrent de plus en plus comme des adversaires, voire comme des ennemis déclarés.
En 1969, plusieurs incidents frontaliers ont mis face à face les armées chinoises et soviétiques. On a même craint qu’une guerre n'éclate.
Actualités 24, 26 septembre 1972
Photo : Radio-Canada
Dans une entrevue radiophonique accordée au journaliste Claude Sauvé lors de l’émission Actualités 24 du 26 septembre 1972, le professeur William Griffith, du Massachusetts Institute of Technology (MIT), souligne l’importance de cette rivalité dans la normalisation des relations entre Washington et Pékin.
L’hostilité envers Moscou a pour effet de rendre les Chinois plus pragmatiques et de les inciter à regarder Washington avec un prisme moins idéologique.
William Griffith rappelle que l’histoire est pleine d’alliances avec des partenaires à première vue incompatibles.
Au 16e siècle, le très catholique roi de France François Ier s’était allié au sultan musulman de l’Empire ottoman pour contrer le très chrétien empereur Charles Quint du Saint Empire germanique.
La visite de Nixon permet à la Chine et aux États-Unis de créer une alliance tactique contre leur ennemi commun, l’Union soviétique, qui peut être très efficace, affirme le spécialiste américain.
Quelques années plus tard, le 1er janvier 1979, après presque 30 ans de rupture, les États-Unis et la République populaire de Chine rétablissent leurs relations diplomatiques.
Aujourd’hui, les hauts et les bas des relations sino-américaines influencent de manière capitale la stabilité et la paix mondiales en ce début de 21e siècle.