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Embrasse au TNM : du grand Michel Marc Bouchard

La pièce est présentée au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 24 octobre 2021.

Quatre personnes sont sur la scène et l'une tient une femme par les mains, derrière son dos.

Une scène de la pièce de Michel Marc Bouchard « Embrasse »

Photo : Yves Renaud

Chronique – Le gratin artistique montréalais assistait jeudi soir au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) à la grande première de la pièce Embrasse, du dramaturge Michel Marc Bouchard, qui met en vedette Théodore Pellerin, Anne-Marie Cadieux et Yves Jacques. Un grand moment de théâtre.

Michel Marc Bouchard a écrit près de 25 pièces, dont Les feluettes, Le chemin des passes dangereuses, Les muses orphelines et Tom à la ferme. Avec sa plus récente création, Embrasse, le dramaturge s’intéresse à la mère, source d’amour, de douleur, de conflit et d’admiration, avec en arrière-plan un fils à la recherche de la beauté du monde.

On y suit l’histoire de Béatrice Lessard (Anne-Marie Cadieux), qui a un magasin de tissus dans un centre commercial en région. Un jour, en allant acheter un sandwich, elle gifle violemment sa voisine Maryse Gauthier (Alice Pascuale).

Le sang coule à flots et le fils de Béatrice, Hugo (Théodore Pellerin), qui rêve de devenir couturier, tentera de réparer les pots cassés. Mais à quel prix? En arrière-plan, le fantôme d’Yves Saint Laurent (Yves Jacques) prodigue des conseils à Hugo, qui ne se gêne pas pour embrasser sur la bouche le sergent Régis Taylor (Anglesh Major). À grands coups de ciseaux, l’histoire est taillée sur mesure pour parler de ces liens familiaux qui finissent tous par nous déchirer.

Sur une scène, la femme et le jeune homme tiennent un morceau de tissu et se parlent.

Anne-Marie Cadieux et Théodore Pellerin dans la pièce « Embrasse »

Photo : Yves Renaud

Après le succès critique et populaire de la pièce La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, bientôt adaptée en série télé, Michel Marc Bouchard revient avec une pièce toujours aussi haletante, mais qui nous hante davantage par la force de son texte, concis, percutant et inoubliable. Il y a des effluves du théâtre de Robert Lepage et de Michel Tremblay, mais avec tout ce qu’a fait de meilleur Michel Marc Bouchard.

Avec Embrasse, l’écrivain explore le thème de l’amour parfait, qui n’existe selon lui que dans la création. La mère est nécessairement imparfaite, car elle n’est pas un bout de tissu que l’on peut modeler pour le mettre à sa main. Hugo apprendra bien la leçon entre deux cris primaux. Si la pièce est frontale, elle est souvent drôle, parce que parfois il vaut mieux rire que pleurer.

Embrasse est une lutte sans merci entre les rêves de tout le monde. La mère veut garder son fils auprès d’elle, quitte à le trahir, mais l’enfant veut passer à l’âge adulte, déchiré entre ses aspirations et celles des autres. Il y aura nécessairement des blessures, faute de pouvoir panser ses plaies.

Les deux hommes sont debout sur une scène. L'un tient une cigarette dans sa main.

Théodore Pellerin et Yves Jacques dans la pièce « Embrasse »

Photo : Yves Renaud

Théodore Pellerin incarne avec une étonnante puissance le rôle d’Hugo, donnant la réplique à une Anne-Marie Cadieux en pleine possession de ses moyens. Yves Jacques réussit magnifiquement à se glisser dans la peau d’Yves Saint Laurent. C’est à se demander qui d’autre que lui au Québec aurait pu réaliser cet exploit. Anglesh Major est aussi convaincant dans son rôle de policier amateur de quilles. Une mention aussi à la comédienne Alice Pascual, à la fois juste et émouvante.

Il est difficile de rester de marbre à l'égard de cette pièce, car tout le monde a une mère. Avec Embrasse, Michel Marc Bouchard ne fait pas dans la dentelle, offrant des scènes sans grands mots pour mieux aller à l’essentiel.

En toute honnêteté, j’ai enfin pu pleurer la mort de ma mère, des années après sa disparition, en voyant cette pièce. À la toute dernière scène, la digue a cédé pour une très rare fois, ne laissant plus paraître que l’amour parfait de la mère qui n’existe pas, car on s’invente bien la mère que l’on veut.

La pièce est à l'affiche du Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 24 octobre 2021. Elle sera présentée en tournée au mois de novembre à Terrebonne, à Saint-Jérôme, à Gatineau, à Sherbrooke, à Rimouski et à Drummondville.

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