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ArchivesLa lutte des Autochtones contre le projet de Grande-Baleine

L'animatrice Michèle Viroly présente le reportage sur l'annulation du projet de Grande-Baleine le 18 novembre 1994.

Le projet hydroélectrique de Grande-Baleine a été mis en échec par l'opposition des Autochtones du Nunavik.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

En ce 9 août, Journée internationale des peuples autochtones, nous revenons sur la lutte menée par les Cris et les Inuit du Nunavik pour faire annuler le projet hydroélectrique de Grande-Baleine.

Un projet ambitieux…

Bonsoir, Robert Bourassa vient de donner le feu vert à la phase deux de la Baie-James. Le gouvernement va construire trois nouvelles centrales qui vont coûter 7 milliards de dollars et créer 40  000 emplois.

Une citation de Marie-Claude Lavallée, 1988

Montréal ce soir, 8 mars 1988

C’est le 8 mars 1988, comme le rappelle l’animatrice Marie-Claude Lavallée de Montréal ce soir, que le premier ministre du Québec Robert Bourassa annonce le projet hydroélectrique de Grande-Baleine.

1000 visages, un pays

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1000 visages, un pays

Le reportage de la journaliste Marthe Blouin détaille la déclaration du premier ministre à l’Assemblée nationale du Québec.

Robert Bourassa parle d’une deuxième phase du projet hydroélectrique de la Baie-James.

Le chantier de Grande-Baleine se révèle d’une ampleur considérable.

Pour réaliser le complexe de Grande-Baleine, on prévoit alors construire trois centrales hydroélectriques et quatre bassins hydrauliques sur les Grande et Petite rivières de la Baleine de même que sur la rivière Coast.

Le projet occuperait 59 000 km carrés, dont 1667 kilomètres carrés de territoire qui serait inondé.

Le complexe de Grande-Baleine devrait produire 2 500 mégawatts annuellement. Ceux-ci seraient exportés vers certains États américains, notamment celui de New York.

Robert Bourassa affirme que c’est l’un des plus beaux jours de sa vie. Il ne semble cependant pas voir l’obstacle qui va faire dérailler son rêve.

... auquel s’opposent les populations autochtones

Au Nunavik, dans le nord du Québec, les populations des villages cris et inuit situés à l’embouchure de la Grande rivière de la Baleine prennent conscience des intentions du gouvernement du Québec.

Cela provoque une levée de boucliers. En août 1991, neuf communautés cries se réunissent en congrès annuel à Mistissini.

Téléjournal, 11 août 1991

La journaliste Danielle Levasseur rapporte dans un reportage présenté au Téléjournal le 11 août 1991 que les Cris réitèrent leur ferme opposition au projet de Grande-Baleine.

Comme le mentionne le chef du Grand Conseil des Cris Matthew Coon-Come, le projet de Grande-Baleine endommagerait leurs territoires ancestraux de chasse et de pêche.

Le chef cri dénonce aussi l’augmentation de la pollution au mercure qui empoisonnerait les poissons. Il déplore du même souffle le saccage de l’habitat des caribous.

À cette époque, environ 30 % de l’approvisionnement en nourriture des habitants de la région provenaient encore de la chasse et de la pêche.

Le reportage montre également que les populations autochtones locales s’activent pour mobiliser la communauté internationale contre le projet de Grande-Baleine.

Lors de leur congrès annuel, les Cris ont invité des personnalités des États-Unis, dont le fils de l’ancien sénateur et ministre de la Justice des États-Unis, Robert Kennedy, pour constater les impacts potentiels du projet.

Ce dernier exhorte l’État de New York à renoncer à l’électricité que produirait Grande-Baleine.

Le gouvernement renonce

À la surprise de tous, monsieur Parizeau annonce sur-le-champ que le projet de Grande-Baleine, cher à Robert Bourassa, est remis aux calendes grecques.

Une citation de Jean Bédard, 1994

La mobilisation des Cris et des Inuit interpelle autant les législateurs et les cours de justice des États-Unis que la communauté internationale à la tribune des Nations unies.

En septembre 1994, le Parti québécois, dirigé par Jacques Parizeau, remporte les élections provinciales au Québec.

Téléjournal, 18 novembre 1994

Le 18 novembre 1994, comme le rapporte le journaliste Jean Bédard dans un reportage présenté au Téléjournal, le chef cri Matthew Coon-Come dénonce, lors d’un passage à Washington, le projet de Grande-Baleine.

Ce projet sent le colonialisme et le racisme, affirme le chef autochtone.

Le premier ministre Jacques Parizeau est indigné.

Il y a longtemps qu’il a avisé le chef Coon-Come que construire le projet de Grande-Baleine n’était pas une priorité pour son gouvernement.

Puis en plein milieu de sa conférence de presse, à la stupéfaction générale, Jacques Parizeau annonce que le projet est annulé. Comment expliquer cette décision du premier ministre Parizeau ?

Il y a d’abord la facture du projet qui n’a cessé d’augmenter. On estimait en 1994 que le projet de Grande-Baleine allait coûter entre 13 et 14 milliards de dollars.

Hydro-Québec avait dépensé 250 millions de dollars seulement pour les études d’impact environnemental. Or, il fallait toutes les recommencer !

De quoi rebuter un premier ministre qui a longtemps été ministre des Finances de la province.

Au gouffre financier s’ajoutait un problème politique qui grossissait à vue d’œil.

Le gouvernement du Parti québécois de Jacques Parizeau se préparait pour un deuxième référendum sur la souveraineté du Québec.

Il cherchait activement des alliés internationaux pour l’appuyer dans sa démarche vers l’indépendance.

Or, la campagne de dénonciation réalisée par les Cris aux États-Unis et dans le reste du monde sapait les espoirs d’un ralliement international à une possible déclaration de l’indépendance du Québec.

Fin stratège, Jacques Parizeau a torpillé le projet de Grande-Baleine pour accomplir un objectif qu’il croyait plus important et plus noble.

C’était une grande victoire pour les peuples cris et inuit du nord du Québec.

Le projet de Grande-Baleine n’a pas été à ce jour ressorti des oubliettes.

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