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Archives1971 : les femmes peuvent devenir jurées au Québec

Dessin en noir et blanc montrant les sept militantes au moment de leur intervention lors du procès de Paul Rose.

Illustration tirée de l'émission « Tout le monde en parlait » du 5 septembre 2006. Le dessin montre les sept militantes du FLF au moment de leur intervention lors du procès de Paul Rose le 1er mars 1971.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Le 18 juin 1971, le gouvernement du Québec sanctionne la loi qui lève l’interdit fait aux Québécoises d’être membres d’un jury lors d’un procès. Quelques semaines plus tôt, sept militantes du Front de libération des femmes du Québec (FLF) avaient organisé un coup d’éclat pour dénoncer cette interdiction.

La justice, c’est de la m...*

Toujours en 1971, le Front de libération des femmes du Québec prépare un autre coup d’éclat. Celui-là contre l’interdit fait aux femmes du Québec d’être jurées.

Une citation de André Bernard, 2006

Le 5 septembre 2006, le journaliste André Bernard présente un reportage à l’émission Tout le monde en parlait sur la lutte des femmes entre 1964 et 1975.

Le journaliste rappelle un événement qui a eu un impact important sur l’évolution du système de justice au Québec.

Sept militantes du FLF interviennent de manière totalement inattendue lors du procès du felquiste Paul Rose pour dénoncer l’impossibilité des femmes d’être jurées au Québec.

En 1971, le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador étaient les deux seules provinces canadiennes qui interdisaient aux femmes de faire partie d’un jury lors d’un procès.

Tout le monde en parlait, 5 septembre 2006 (extrait)

Dans cet extrait, on entend une de ces militantes, Nicole Therien, raconter ce qui s’est passé le 1er mars 1971.

Nous sommes à la toute fin du procès de Paul Rose, membre du Front de libération du Québec (FLQ) qui a participé aux événements de la crise d’Octobre 1970.

Durant ce procès, on a tenté de forcer une amie de plusieurs membres du FLQ, Lise Balcer, à témoigner contre Paul Rose.

Lise Balcer refuse, invoquant le fait que, si elle ne peut faire partie d’un jury en tant que Québécoise, elle ne peut témoigner dans un procès.

Ce refus lui vaut un outrage au tribunal contre lequel elle se défend dans la dernière séance du procès de Paul Rose, le 1er mars 1971.

Se coordonnant avec Lise Balcer, les sept militantes du FLF, sagement assises dans la salle du tribunal, attendent que cette dernière prononce un mot – discrimination – pour passer à l'action.

Lorsqu’elles entendent ce mot, se rappelle Nicole Therien, les sept militantes se lèvent pour le répéter.

Elles lancent aussi une autre phrase : « La justice, c’est de la m… ». C'est un acte de provocation qui rend furieux le juge Marcel Nichols qui préside au procès.

Les sept militantes sont brutalement ramenées à l’ordre par les policiers présents dans la salle.

Celles-ci répliquent en criant qu’on viole leurs droits.

Le juge Nichols décrète que les sept femmes sont coupables d’outrage au tribunal.

Marjolaine Péloquin et Francine Aubin reçoivent sur-le-champ une peine de deux mois de prison.

Les cinq autres militantes, Nicole-Ange Dostie, Arlette Rouleau, Nicole Therien, Louise et Micheline Toupin, écopent pour leur part d’un mois de prison.

Un geste ancré dans un contexte de contestation

Photo d'une statue représentant la justice, prise de dos. Elle tient une balance à bout de bras et ses yeux sont bandés. En arrière-plan se trouve une structure métallique ensoleillée.

Macadam Tribus, 1er mars 2008

Photo : Radio-Canada / Daniel Beauparlant

Le 1er mars 2008, l’animateur de l’émission radiophonique Macadam Tribus, Jacques Bertrand, revient sur cet événement en interviewant Marjolaine Péloquin, qui vient d’écrire un livre qui raconte son histoire et celle de ses six consœurs.

Marjolaine Péloquin nous rappelle que l’action du FLF s’inscrit dans un contexte de profonde contestation sociale et politique au Québec.

Les militantes du FLF sont des femmes qui souscrivent aux idéaux de la gauche politique et espèrent l’indépendance du Québec sans toutefois approuver la violence.

Le FLF fait partie de ce qu’on appelle le féminisme de la deuxième vague, appelé aussi féminisme radical.

Ses adhérentes veulent s’attaquer à la racine de l’oppression des femmes provoquée par le système patriarcal, voire la détruire.

L’interdiction faite aux femmes d’être membre d’un jury est à leurs yeux un des symboles de ce qui est inique dans le système patriarcal québécois et qu’il faut abolir.

Leur action était aussi courageuse, souligne Marjolaine Péloquin.

Il faut se souvenir que le coup d’éclat a été réalisé alors que, depuis six mois, le Québec vivait sous la Loi des mesures de guerre imposée par le gouvernement fédéral durant la crise d’Octobre 1970.

Manifester dans ce contexte était presque impossible.

Les militantes du FLF ont par ailleurs connu une incarcération très difficile.

En tant que condamnée, Marjolaine Péloquin a dû travailler dans les cuisines pendant de très longues heures à récurer des chaudrons.

Elle est sortie de la prison Tanguay complètement épuisée.

Mais cela en a valu la peine.

En avril 1971, le ministre de la Justice du Québec, Jérôme Choquette, dépose un projet de loi abolissant l’interdiction faite aux femmes (ainsi qu’aux locataires) de faire partie d’un jury.

La loi reçoit la sanction royale le 18 juin 1971.

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