Voyageurs soulagés et frustrés à la frontière canado-américaine
Christine Taylor, qui vit dans l'État de Washington, parle avec sa mère Marika Markovic, qui, elle, vit à Surrey, près de la frontière avec les États-Unis en Colombie-Britannique.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms/CBC
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des Canadiens séparés de leurs familles aux États-Unis à cause des restrictions de voyage à la frontière canado-américaine pourront bientôt voir leurs proches à certaines conditions.
Nous proposons une exemption limitée pour permettre aux membres de la famille immédiate de citoyens canadiens ou de résidents permanents de venir au Canada
, a annoncé le premier ministre Justin Trudeau lundi.
Selon l’Agence des services frontaliers du Canada, l’exemption est en vigueur depuis mardi minuit. Elle s’applique aux personnes qui n’ont pas la nationalité canadienne ni la résidence permanente, qui n’ont pas la COVID-19 ou n’en présentent pas les symptômes, ou encore qui n’ont pas de raison de croire qu’ils ont contracté la maladie.
Le gouvernement définit les membres de la famille immédiate
comme suit :
Époux ou épouse, conjoint ou conjointe
Enfant (personne à charge)
Parent ou beau-parent
Parent ou beau-parent de l’époux ou du conjoint d’une personne
Gardien ou tuteur
Toutes les personnes entrant au pays devront se mettre en quarantaine pendant 14 jours. Des pénalités sévères pourraient leur être imposées si les règles ne sont pas respectées.
Christine Taylor, une Canadienne qui vit dans l’État de Washington, rencontre sa mère de 81 ans sur la route Zéro, qui longe la frontière canado-américaine, environ une fois par semaine depuis l'interdiction des voyages non essentiels.
Elle dit avoir été submergée par les émotions quand elle a appris la nouvelle. Toutefois, après avoir lu le détail de l’exemption, notamment les deux semaines obligatoires de quarantaine, elle a ressenti de la colère.
« Rien n'a vraiment changé »
C’est un pas dans la bonne direction, mais c’est aussi symbolique. Rien n’a vraiment changé, sauf pour le fait que mon mari peut maintenir venir
, déplore-t-elle, expliquant que son mari américain était auparavant complètement interdit de voyage au Canada.
Comme ce dernier travaille, elle admet qu’il est peu probable qu’il prenne deux semaines de congé à cause de la quarantaine qui lui sera imposée à son arrivée au Canada.
Qui sera capable de manquer deux semaines de travail, surtout avec ce qui se passe en ce moment, avec la situation financière et les gens qui perdent leurs emplois?
, demande Christine Taylor.
Une ligne invisible
Elle raconte que ses rencontres hebdomadaires avec sa mère à plusieurs mètres de distance sont un baume pour elles. Avant que la pandémie n'entraîne la fermeture des frontières, Christine rendait régulièrement visite à White Rock, en Colombie-Britannique. Il reste qu'elle trouve que la conversation à distance à la frontière est difficile sur le plan émotionnel.
Je me tiens là, sur cette ligne invisible. Je ne peux pas faire de câlin à ma mère et je ne peux pas retourner à la maison, regrette-t-elle. Je pense que, comme Canadienne, je devrais être capable de traverser. Et si je dois faire un test de dépistage, je le ferai. Je ferai tout ce que je dois faire. J’aurais seulement espéré qu’on donne plus de marge de manoeuvre à la famille immédiate.
Au mois de mars, le gouvernement canadien a interdit l’entrée au pays aux non-résidents. Le Canada s’est entendu avec les États-Unis pour que la frontière reste fermée au moins jusqu’au 21 juin pour les voyages non essentiels, alors que le trafic commercial et les travailleurs essentiels peuvent faire des allers-retours entre les deux pays.
Selon les informations de Deb Goble et de Michelle Ghoussoub