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Peu d’inscriptions au programme d’aide pour le loyer commercial

Les chaises sont levés dans un restaurant vide.

En date du 6 juin, des demandes à l'Aide d'urgence du Canada pour le loyer commercial ont été soumises au nom de près de 39 000 entreprises locataires.

Photo : Radio-Canada / Maggie MacPherson

Ottawa a reçu moins de 39 000 demandes pour son programme d’aide visant à alléger les loyers commerciaux, deux semaines après son déploiement.

De nombreux entrepreneurs avaient prédit qu’une des grandes lacunes de cette aide serait le fait que les propriétaires des locaux doivent en faire la demande au nom des entreprises locataires, plutôt que les commerçants eux-mêmes. Ces craintes semblent s'être matérialisées.

On est à la merci de nos propriétaires. Plusieurs commerces ont déjà dû fermer.

Une citation de Danielle Schrage, propriétaire de trois restaurants iraniens à Toronto
Une femme portant des lunettes dans un restaurant vide avec des décorations et des tuiles de style iranien.

Danielle Schrage et son époux sont propriétaires des restaurants iraniens Pomegranate, Sheherzade et Takht-e Tavoos à Toronto.

Photo : Radio-Canada / Pierre-Olivier Bernatchez

Danielle Schrage et son époux Alireza Fakhrashrafi ont fondé les restaurants Pomegranate, Sheherzade et Takht-e Tavoos à Toronto. Durant la pandémie, ils restent ouverts que deux jours semaine, offrant des repas pour emporter ou la livraison, mais ils ont vu leurs ventes chuter.

Coronavirus : la situation en Ontario

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Une représentation du coronavirus.

L’un de leurs propriétaires s’est montré très proactif en ce qui concerne l’aide pour les loyers commerciaux, souligne la restauratrice, alors que l’autre était moins intéressé et trouvait le processus compliqué.

Ça devrait être entre les mains des entreprises, et non pas des propriétaires. Je ne comprends pas la logique, affirme la restauratrice.

Le gouvernement fédéral et les provinces proposent de réduire de 75 % les loyers commerciaux de moins de 50 000 $ par mois en payant la moitié du coût, alors que le propriétaire en absorbe le quart. Mais cette aide ne s’applique qu’aux entreprises ayant interrompu leurs activités ou dont les revenus ont baissé d’au moins 70 % depuis le début de la crise sanitaire.

L'extérieur d'un commerce, avec une passante qui marche sur le trottoir.

Selon la FCEI, plus de 400 000 petites entreprises au pays sont admissibles au programme d'aide pour le loyer commercial.

Photo : maggie macpherson/cbc

Ils doivent se rendre compte que nous avons besoin d’eux, mais ils ont besoin de nous aussi, affirme Mme Schrage.

Un dixième des entreprises ciblées

Le bureau du ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, souligne qu’en date de samedi, les demandes soumises au nom des 39 000 entreprises locataires représentent des subventions au loyer d’une valeur de 121 millions de dollars. Les propriétaires qui ont présenté ces demandes se sont engagés collectivement à absorber plus de 60 millions.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante estime qu’au moins 400 000 petites et moyennes entreprises parmi les 1,2 million au pays seraient admissibles. Le taux de participation frôle donc le dixième des commerçants ciblés.

C’est très, très peu. C’était prévisible mais c’est aussi très malheureux.

Une citation de Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales, Fédération canadienne de l’entreprise indépendante

Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales de la FCEI, estime que le programme est bien intentionné, mais mal structuré. Il souligne par ailleurs que le seuil de 70 % en pertes de revenus limite considérablement le nombre de PME qui pourront en bénéficier.

C'est vraiment un casse-tête, ce programme-là. Il y a une lourdeur administrative. On laisse les propriétaires décider au fond si l’aide sera versée ou non, affirme-t-il.

Une affiche où il est écrit qu'un magasin sera fermé pour une durée indéterminée.

De nombreux restaurants et commerces au pays ne savent pas quand ils pourront rouvrir leurs portes.

Photo : Radio-Canada / TREVOR LYONS

Si on ne fait pas des changements au programme, le gouvernement ne pourra pas atteindre ses objectifs, ajoute M. Guénette.

Convaincre les grands propriétaires

Le gouvernement fédéral et le Conseil canadien du commerce de détail disent travailler auprès des propriétaires de tours de bureaux et de centres commerciaux afin qu’ils s’inscrivent à l’aide gouvernementale.

Au début, les grands propriétaires avaient très peu d'ouverture. Là, on commence à voir un peu plus de flexibilité parce qu'évidemment ils se rendent compte que même les gros joueurs ont de la misère, affirme Marc Fortin du Conseil canadien du commerce de détail.

Il souligne que plusieurs détaillants, y compris Aldo et Reitmans, se sont mis à l’abri de leurs créanciers. D’autres fermeront des magasins, plongés dans le rouge par la pandémie de coronavirus.

Une enseigne Reitmans.

La chaîne de magasins Reitmans s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers.

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Il faut que les propriétaires se rendent compte que l'écosystème a besoin d'être sauvé. Il faut qu'ils mettent un peu d'eau dans leur vin, affirme M. Fortin.

Nous savons que de nombreuses entreprises s'inquiètent de pouvoir payer leur loyer, a souligné Maéva Proteau, attachée de presse du ministre fédéral des Finances. Nous encourageons fortement les propriétaires à profiter du programme.

Pression des provinces

Certaines provinces ont agi pour inciter la participation des propriétaires d'immeubles commerciaux et les empêcher d'évincer leurs locataires durant la crise sanitaire. L'Ontario est la dernière province, après la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, à implanter de telles mesures.

Vous voulez jouer dur? Nous allons jouer dur, parce que je vais protéger les petits joueurs.

Une citation de Doug Ford, premier ministre de l’Ontario

Le premier ministre ontarien a annoncé lundi qu'il interdira les expulsions d'entreprises locataires si celles-ci répondent aux critères du programme d'aide pour le loyer commercial, mais que leur propriétaire refuse de postuler pour l’obtenir.

La semaine dernière, la Colombie-Britannique a annoncé la même mesure, afin de mousser les inscriptions. Le premier ministre de l'Alberta, Jason Kenney, affirmait vendredi dernier qu'il compte lui aussi emboîter le pas.

La ministre des Finances, Carole James, en conférence de presse le 1er juin 2020.

La ministre des Finances de la Colombie-Britannique, Carole James, souhaite encourager les propriétaires à accéder à l'aide financière pour les loyers commerciaux.

Photo : MIKE MCARTHUR, CBC

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