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Un an après sa publication, quel impact a eu le rapport de l'ENFFADA?

Michèle Audette en gros plan.

L'une des commissaires de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, Michèle Audette.

Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck

Radio-Canada

Il y a un an, le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées était présenté.

Michèle Audette, qui a été l'une des commissaires de cette enquête nationale, a travaillé pendant près de trois ans à la rédaction de ce rapport.

Un an après sa publication, celle qui se définit comme militante et qui n'est plus tenue au droit de réserve, fait le point sur l’évolution de la situation dans l'émission de radio Le 6 à 9.

- Où en sommes-nous maintenant? Qu’est-ce qui a été fait?

- J’aimerais pouvoir vous répondre clairement sur ce qui a été fait. Sûrement des choses l'ont été, et sûrement des choses ont été mises de côté et négligées.

C’est difficile d’avoir une vue d’ensemble quand plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Par exemple, le fait d’avoir eu des élections tout de suite après le dépôt de ce rapport aussi important, je dirais même historique.

Ensuite, on a eu toute cette mobilisation et ce soutien autour de la nation Wet’suwet’en qui a résonné à travers le Canada et qui a mobilisé tout le gouvernement.

Enfin, la COVID-19 qui va faire que nos intervenants avec qui on aurait eu à travailler sur des appels à la justice vont être en mode survie pour soutenir leurs membres de leurs communautés, les gens pour lesquels ils travaillent.

Je ne veux pas blâmer, mais en même temps, je me dis que ce n’est pas possible qu’on ne nous dise pas ce qui s’est passé depuis la dernière année.

- De voir que le plan d’action prévu à la suite de ce rapport n’est toujours pas prêt, qu’est-ce que ça vous dit sur l’importance qu’on accorde à ce rapport et au sort des Autochtones?

- Je pense qu’il y a eu derrière les murs du gouvernement fédéral une certaine volonté. On me disait qu’il y avait un secrétariat qui allait voir le jour ou quelque chose qui ressemblait à un secrétariat, qu’il y avait une mobilisation interne avec différents ministères ou de hauts fonctionnaires du fédéral pour essayer de développer des choses avec des familles.

Quelque chose a été commencé, mais ensuite, il y a eu le silence. Un silence qui, pour les militants et les familles, va entraîner une certaine déception, car ils ne savent pas tout ce qui se passe. Cette déception est légitime, à mon avis.

- Ce rapport avait donné des conclusions assez fracassantes : on y parlait de racisme systémique, de violation des droits de la personne. Que retient-on de ce rapport?

- L’histoire l’a prouvé et les preuves qu’on a ramassées indiquent que cela n’a pas commencé dans la dernière décennie, mais bien avant la création du pays qu’on appelle le Canada. Cela a commencé au moment où la violence coloniale s’est imposée auprès des peuples autochtones en Amérique du Nord, du Canada, et ça, ça fait mal.

Donc, aujourd’hui, on a encore cette culture-là, des fois de façon inconsciente. On pense bien faire, mais, au contraire, on continue de nourrir ce fossé-là entre les peuples autochtones et les citoyens canadiens.

Prendre le temps de lire le rapport avec un esprit ouvert pourrait faire une petite différence. Cela permettrait aussi de se dire qu’il y a plusieurs formes de génocide. Si on regarde la définition des Nations unies, malheureusement, le Canada a échoué à plusieurs égards. Donc, on va élever un débat.

Et, oui, ce sont des mots qui dérangent, mais imaginez : cela fait 500 ans qu’on essaie de nous faire disparaître alors qu’on veut être des alliés, qu’on veut aider à construire le Canada.

- Quelles vont être les prochaines étapes?

- J’invite Mme [Carolyn] Bennett [la ministre des Relations Couronne-Autochtones] à aller de l’avant et j’invite aussi les groupes autochtones et nos gouvernements à le faire. Ce rapport est pour tous les gouvernements. Tout le monde est responsable.

Si on continue à maintenir le statu quo, à nourrir ce racisme systémique et à prétendre que cela n’existe pas ici et que c’est la responsabilité d’une seule personne à Ottawa, on se trompe.

Au Manitoba, par exemple, il y a des priorités en matière de placement d’enfants, en matière de femmes autochtones disparues et assassinées. Même le gouvernement de chez vous aurait à être transparent en disant : "Voici ce qu’on a fait et voici ce qu’on doit faire avec les familles et pour les familles."

Le travail continue, selon le Manitoba

La ministre provinciale des Relations avec les Autochtones, Eileen Clarke, invite toute la population manitobaine à se joindre au gouvernement pour se remémorer les vies perdues dans cette tragédie nationale, indique-t-elle par voie de communiqué.

La ministre indique qu’elle continue de travailler pour mettre en place les appels à la justice établis par le rapport et à la mise en place d'étapes concrètes pour y répondre. Elle ajoute que les discussions avec la communauté autochtone vont se poursuivre dans les prochaines semaines.

Enfin, elle rappelle les actions déjà mises en place par la province à la suite de ce rapport et son effort pour améliorer la justice et l’instruction pour les communautés autochtones, entre autres.

Avec les informations de Patricia Bitu-Tshikudi

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