« Ce n’est pas la COVID-19 qui va la tuer. C’est le stress et l’angoisse. »
C’est à partir d’aujourd’hui que certains proches aidants pourront revenir dans les CHSLD afin de s’occuper des résidents. Mais pour l'instant, Teresa et Isabelle Barroso ne peuvent pas y retourner parce que leur mère a contracté la COVID-19.
Ana Barroso est entourée de sa famille.
Photo : Courtoisie: Isabelle Barroso
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les filles d’Ana Barroso, qui vit dans un CHSLD de l’Est de Montréal, ont saisi l’occasion lorsque François Legault a annoncé mardi que certains aidants naturels pourront revenir jeudi dans les centres d'hébergement afin de s’occuper des résidents. Mais leurs espoirs ont été de courte durée.
Dès l'annonce du premier ministre du Québec, Teresa Barroso a reçu un appel du CHSLD Éloria-Lepage, situé dans l'Est de Montréal, où sa mère réside.
Cet appel tant attendu n'était pas pour autoriser Teresa à venir voir sa mère dès jeudi. Ana Barroso, 91 ans, a contracté la COVID-19. Au bout du fil, on lui explique qu'aucun membre de la famille ne pourra venir prendre soin de Mme Barroso.
L'espoir des sœurs Teresa et Isabelle se transforme en cauchemar.
Les filles d'Ana Barroso font partie de ce petit groupe d'enfants – environ 10 % des proches de résidents – qui visitent régulièrement leur parent au CHSLD.
On était toujours là, on nous prenait souvent pour des employés du centre
, explique Teresa. Chaque jour, une des deux sœurs était sur place pour aider sa mère à manger, pour faire sa toilette et pour la préparer avant de dormir.
Pour ma mère, ne pas nous voir, c’est insoutenable. Elle multiplie les crises d’angoisse et de détresse.
Lorsque le diagnostic est tombé, le personnel du CHSLD Éloria-Lepage a décidé de transférer Ana Barroso dans une chambre isolée au sous-sol de l'établissement.
C’est l’endroit où le personnel du centre traite les patients infectés par le virus. Juste avant le transfert, Teresa a pu parler à sa mère au téléphone.
Si vous l’aviez entendu. Ma mère était paniquée. Elle voulait qu’on vienne la chercher. Elle m’appelait à l’aide comme un enfant qui veut voir sa mère
, raconte Teresa encore secouée. Elle est seule. En plus, ma mère n’aura plus accès à son téléphone.
Ce n’est pas la COVID-19 qui va la tuer. C’est le stress et l’angoisse.
Teresa accepte de courir le risque d’être au chevet de sa mère, même si elle est atteinte de la COVID-19. Le virus circulait déjà dans le centre, dit-elle.
Le reportage de Sébastien Desrosiers
C’est même Teresa qui a insisté pour que le personnel teste sa mère. En se portant volontaire à titre de proche aidante, Teresa savait qu’il y avait un danger. Maintenant que sa mère a la COVID-19, Teresa admet que le degré de dangerosité est plus élevé. Si je dois porter deux fois plus d’équipement de protection pour la voir, je vais le faire.
Ma mère a désespérément besoin de l’amour d’un visage connu.
Après avoir été informé de la situation, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal explique être actuellement en train de regarder comment [la direction] va déployer ce type d'accès, car tout doit se faire de façon sécuritaire, tant pour les proches aidants, les usagers à l'intérieur que le personnel
.
Teresa Barroso ne peut tout simplement pas imaginer que sa mère puisse partir comme ça, toute seule, sans un visage connu à ses côtés.
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