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Ces déménageurs qui sauvent des vies

Le risque d’homicide entre partenaires intimes monte en flèche lorsque la victime tente de quitter son conjoint.

Un homme devant une unité d'entreposage.

Un reportage de Natasha MacDonald-Dupuis.

Photo : Radio-Canada / Natasha MacDonald-Dupuis

Ajoa Ayeko baisse le regard et regarde ses mains. Je me rappellerai toujours ses mains à lui, agrippées autour de mon cou.

Aujourd’hui, la jeune femme a son propre chez-soi, mais elle a longtemps vécu isolée du monde. Son petit ami pouvait l’appeler une centaine de fois par jour. Il exerçait un contrôle total.

J’ai demandé de l’aide, mais mes proches m’ont répété que je devais sauver mon couple.

Un jour, il s’est fâché à propos d’un truc incroyablement banal. Le gruau que j’avais préparé, je crois. Son regard est devenu noir. Il m’a étranglée.

Sans l’organisme Transit Secours, Ajoa aurait peut-être figuré parmi la dizaine de femmes qui ont été tuées par leur partenaire intime à Toronto en 2018.

Une femme assise sur un canapé.

Sans l’organisme Transit Secours, Ajoa estime qu'elle aurait pu mourir.

Photo : CBC

Ces femmes qu'on tue

Consulter le dossier complet

 Une femme à contre-jour

Ce service gratuit est le seul du genre au Canada. Jour et nuit, dans les quatre heures après avoir été alertés, les déménageurs bénévoles de Transit Secours peuvent débarquer chez une victime présumée et l’évacuer de son domicile.

Impliquer les hommes

En tant qu’homme, j’ai décidé de faire partie de la solution, explique Marc Hull-Jacquin, qui a fondé Transit Secours en 2016.

J’ai des enfants. Tous les parents devraient avoir le droit d’offrir un environnement sécuritaire à leurs enfants.

L’organisme compte 700 bénévoles à Toronto, Ottawa, Halifax et Vancouver. Plus tard cette année, le service sera offert à Montréal ainsi qu'à Waterloo. Les personnes qui en profitent sont principalement des femmes, mais aussi parfois des hommes.

L’important, c’est que les victimes sentent qu’elles regagnent le contrôle. Ça fait partie de leur histoire de survivantes, dit Marc Hull-Jacquin. Elles décident ce qu’on déménage. Ça peut être des jouets, des meubles, ou simplement le collier en macaronis que leur enfant a fabriqué.

Trois personnes avec des gants de déménageur.

Une équipe de bénévoles de Transit Secours.

Photo : Shelter Movers (Transit Secours)

Les déménageurs sont toujours accompagnés d’agents de sécurité. La victime est dirigée, avec ses enfants si elle en a, vers un refuge ou un autre endroit sécuritaire. Ses biens sont entreposés gratuitement jusqu’à ce qu'elle trouve un autre logement.

Il peut s'agir d'une bouée de sauvetage quand on considère que le risque d’homicide entre partenaires intimes monte en flèche lorsque la victime tente de quitter son conjoint.

Notre dossier Ces femmes qu’on tue

Pour Ajoa Ayeko, cela a été une planche de salut. Ils m’ont sortie de là physiquement, mais aussi émotionnellement. C’était devenu une question de vie ou de mort.

Un déménagement récent m’a marqué. La femme avait quatre enfants et on les aidait à s’installer dans un nouvel appartement. Ça faisait près d'un an que les enfants n’avaient pas eu accès à leurs jouets. C’était comme s'ils les recevaient pour la première fois. L'émotion m'a beaucoup touché.

Une citation de Marc Hull-Jacquin, fondateur de Transit Secours

Transit Secours est particulièrement sollicité à Toronto et à Vancouver, en raison du manque de logements abordables. Dans 85 % des cas, les clientes ont au moins deux enfants en bas âge.

Nos clientes nous demandent d’entreposer leurs biens plus longtemps qu’avant. Elles nous demandent aussi de les déménager vers des villes plus abordables, comme Sudbury.

Pas que la pauvreté

Même les personnes nanties font appel à l'organisme.

Marc Hull-Jacquin se rappelle l’histoire d’une femme qui vivait dans une vaste demeure d’un quartier cossu de Toronto. Elle avait tellement honte qu’elle était restée longtemps dans la relation abusive. Elle ne sentait pas qu’elle aurait l’appui de ses proches si elle décidait de partir.

Transit Secours est un organisme à but non lucratif qui travaille en partenariat avec des entreprises privées, notamment l'entreprise d'entreposage Access, qui offre des unités de location gratuites aux victimes.

Si vous (ou quelqu'un que vous connaissez) êtes en danger immédiat, composez le 911.

Besoin d'aide pour vous ou un proche?

  • Fem’aide (Ontario) : 1 877 336-2433
  • SOS violence conjugale (Québec) : 1 800 363-9010
  • Visitez hebergementfemmes.ca (Nouvelle fenêtre) pour une liste de refuges dans votre région.
  • Réseau des Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) : 1 866 532-2822

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