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ArchivesDossier nucléaire iranien : une impasse qui dure depuis longtemps

Centrale nucléaire en Iran.

L'impasse sur le dossier nucléaire iranien dure depuis plusieurs années.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Le 8 mai 2018, le président Donald Trump annonçait que les États-Unis se retiraient de l'accord sur le nucléaire avec l’Iran, ce qui avait suscité beaucoup d'inquiétude au sein de la communauté internationale. Le conflit entre les États-Unis, la communauté internationale et l’Iran sur le programme nucléaire iranien dure depuis de nombreuses années.

La surprise, ce n’est pas que l’Iran ait construit deux nouveaux réacteurs nucléaires filmés par satellite au-dessus des villes d’Arak et de Natanz. L’étonnement tient au fait que les deux usines seraient sur le point de produire le plutonium et l’uranium enrichis nécessaires à la fabrication de la bombe nucléaire.

Une citation de Guy Lapointe, 2002

Un bras de fer qui dure depuis de nombreuses années

Reportage du 13 décembre 2002

En 2002, des images dérangeantes nous proviennent d’Iran, comme nous le rappelle un reportage de Guy Lapointe du 13 décembre 2002.

Celles-ci révèlent un site souterrain d’enrichissement d’uranium à Natanz et un réacteur à eau lourde à Arak, en Iran.

Ces deux sites, non déclarés par le gouvernement iranien, pourraient produire des quantités significatives de plutonium et d’uranium qui pourraient être militarisées.

Pour plusieurs pays de la communauté internationale, à commencer par les États-Unis, il n’y a plus de doute. Le programme nucléaire iranien n’a pas de but civil.

Au contraire, ce que chercherait l’Iran, c’est de construire une arme nucléaire malgré ses engagements internationaux qui l’interdisent formellement.

Si la communauté internationale veut canaliser l’effort nucléaire iranien, les États-Unis et l’administration du président George W. Bush veulent, pour leur part, l’arrêter à tout prix.

En décembre 2002, l’Iran accepte cependant des inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique dans ses installations pour calmer les craintes de la communauté internationale et des États-Unis.

Un programme nucléaire iranien appuyé… par les États-Unis

Cette confrontation est un renversement historique, du moins quand on examine les origines du programme nucléaire iranien.

C’est un fait aujourd’hui un peu oublié. À la fin des années 1950, l’Iran démarre un programme nucléaire appuyé notamment par… les États-Unis.

Il faut dire qu’à l’époque l’Iran est dirigé par un empereur, Mohammad Reza Pahlavi. Le shah d'Iran est alors un allié inconditionnel des États-Unis.

À l’époque, Mohammad Reza Shah Pahlavi anticipait que les réserves de pétrole iraniennes s’épuiseraient un jour. C’est pourquoi il tenait à substituer l’atome aux énergies fossiles pour combler les besoins de la population iranienne.

Le régime impérial avait même prévu la construction d’une vingtaine de centrales nucléaires sur le territoire de l’Iran.

Les États-Unis et la communauté internationale à l’époque ont appuyé cette utilisation pacifique de l’atome par les Iraniens. Ce qui avait facilité cet acquiescement, c'est que l'Iran avait signé le Traité de non-prolifération nucléaire, interdisant la construction de bombes nucléaires, en 1968.

D’alliés inconditionnels à ennemis mortels

Comment est donc venue la rupture entre les États-Unis, la communauté internationale et l’Iran sur la question du nucléaire?

Reportage du 10 février 2007

Cette histoire nous est racontée par la journaliste Ruth Loiselle dans un reportage du 10 février 2007.

Le renversement de situation, nous rappelle la journaliste, survient à l’écroulement du régime du shah en 1979.

La crise des otages, durant laquelle des diplomates américains sont retenus prisonniers par des révolutionnaires islamiques entre novembre 1979 et janvier 1981, enterre l’amitié entre l’Iran et les États-Unis.

En quelques mois, l’Iran, désormais dirigé par une révolution islamique, se transforme en ennemi mortel des États-Unis.

Dès le début des années 1980, plusieurs observateurs soutiennent que l’Iran veut en fait acquérir la bombe nucléaire sous le couvert d’un programme nucléaire civil.

En 2002, la découverte des sites clandestins de Natanz et d’Arak semble confirmer ces craintes.

C’est cependant l’arrivée en 2005 à la présidence iranienne d’un révolutionnaire pur et dur, Mahmoud Ahmadinejad, qui fait passer le conflit à une vitesse supérieure.

Impasse

Quelque temps après l’élection de président Ahmadinejad, l’Iran reprend la production d’uranium enrichi, interrompue grâce à une entente internationale conclue en 2004.

Le 10 janvier 2006, l’Iran enlève des scellés placés sur des barils d’uranium enrichi par l’Agence internationale de l’énergie atomique pour s’assurer qu’une bombe nucléaire iranienne ne peut être construite.

Téléjournal/Le Point, 1er février 2006

À partir de ce geste, comme le rappelle le correspondant à Paris Michel Cormier dans un reportage présenté au Téléjournal/Le Point le 1er février 2006, la communauté internationale et les États-Unis durcissent le ton.

Des sanctions économiques sont imposées par les Nations unies à partir de décembre 2006.

Elles seront alourdies au fil des ans.

L’accord de 2015...

Il aurait été irresponsable de ne pas signer cet accord.

Une citation de Le président Barack Obama, 14 juillet 2015

Nous n’avons aucune confiance dans les Iraniens, parce qu’ils mentent et sont des tricheurs.

Une citation de Le sénateur républicain Lindsay Graham, juillet 2015

Téléjournal, 14 juillet 2015

Le 14 juillet 2015, le correspondant à Washington Christian Latreille présente au Téléjournal un reportage sur un accord considéré comme historique, selon les mots prononcés par l’animatrice de l’émission Azeb Wolde-Giorghis.

Le jour précédent, l’Iran s’est entendu avec ce qu’on appelle le P5+1, c’est-à-dire les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (États-Unis, Russie, France, Royaume-Uni et Chine), ainsi que l’Allemagne.

L’Iran renonce à l’arme nucléaire en échange de la levée de certaines sanctions.

La nouvelle fait éclater de joie la population iranienne à qui ces sanctions ont fait très mal.

Aux États-Unis, le Parti républicain condamne la signature par le président Barack Obama de cette entente et jure de la torpiller au Congrès.

Barack Obama confirme pour sa part qu’il apposera un veto présidentiel si l’obstruction républicaine persiste.

... que renie Donald Trump

Le 8 mai 2018, le président américain Donald Trump renie l’accord nucléaire avec l’Iran.

Téléjournal, 8 mai 2018

Cette même journée, le Téléjournal, animé par Geneviève Asselin, consacre plusieurs minutes à la décision présidentielle.

Le compte rendu du correspondant à Washington, Christian Latreille, explique les motivations qui soutiennent la décision du président Trump.

Il démantelait ainsi une pièce maîtresse en politique étrangère de l'administration de son prédécesseur, le président Barack Obama.

Christian Latreille rend compte aussi de la colère des autorités iraniennes, de la vive inquiétude des pays européens et du soutien du gouvernement du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou à la décision américaine.

Les correspondants de Radio-Canada au Liban et aux États-Unis, Marie-Eve Bédard et Christian Latreille, et le journaliste Raymond Saint-Pierre analysent par la suite la décision du président Trump.

La décision s’explique beaucoup par la politique intérieure américaine, souligne Christian Latreille depuis Washington.

Trump n’a toujours pas construit son mur pour contrer l'immigration provenant d’Amérique latine, ce qui lui nuit auprès de sa base électorale.

Cette décision est par ailleurs une victoire morale pour les partisans de la ligne dure en Iran, souligne Marie-Eve Bédard depuis Beyrouth.

Les populations civiles iraniennes, pour leur part, craignent l'impact de la décision de Washington qui pourrait compliquer encore davantage leur vie au quotidien.

Les Européens, ajoute Raymond Saint-Pierre depuis Montréal, sont mécontents de la décision du président Trump.

Ils ont en Iran des intérêts économiques différents de ceux des États-Unis et vont tenter de faire fonctionner l'accord malgré l’absence de ces derniers.

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