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ArchivesDes Haïtiens avec les pieds dans la neige

Le journaliste Jean Ducharme (de dos) tend le micro à Séjour Laurent.

Séjour Laurent parle des raisons de son exil au Canada au journaliste Jean Ducharme en 1966.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

La communauté haïtienne est importante et dynamique au Canada. Nos archives témoignent de l'attraction que possède depuis longtemps notre pays pour les habitants de la perle des Antilles. Terre d'exil obligée pour fuir la violence politique et celle de la nature, mais aussi pour trouver un meilleur avenir.

Une immigration forcée...

L’immigration haïtienne commence de manière limitée à la fin des années 1950. François Duvalier devient président d’Haïti en 1957.

Son régime est brutal.

La répression force à l’exil nombre d’intellectuels, d’artistes et de professionnels, qui arrivent au Canada.

1000 visages, un pays

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1000 visages, un pays

Ils s’installent majoritairement à Montréal dans un mouvement qui peut être qualifié d’exode des cerveaux.

Ceux-ci, francophones très éduqués, s’intègrent très bien au Québec de la fin des années 1960.

Aujourd'hui, 30 décembre 1966

C'est le cas de Séjour Laurent, comme le montre cet extrait de l'émission Aujourd'hui du 30 décembre 1966.

Interviewé par le journaliste Jean Ducharme, Séjour Laurent explique, dans des termes feutrés, les raisons de son départ d'Haïti, lié en partie au régime Duvalier.

Il décrit aussi son intégration comme épicier dans un quartier de Montréal qui a été relativement facile malgré une méfiance initiale de la population locale.

... qui grossit

Le mouvement de fuite de la perle des Antilles devient, vers 1967, une vague.

Au début des années 1970, le gouvernement fédéral craint l’immigration illégale des Haïtiens.

En 1972, Ottawa décide d'expulser plus de 1500 réfugiés haïtiens qui vivent illégalement au Canada.

Le geste soulève beaucoup d’opposition tant chez la communauté haïtienne que chez beaucoup de Canadiens.

Introduit en 1973, un programme de rectification de statut par le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau servira d’amnistie à de nombreux migrants, y compris haïtiens, qui accéderont ainsi au statut d’immigrant reçu.

Le 20 février 1978, les ministres de l’Immigration du Canada et du Québec, Bud Cullen et Jacques Couture, signent une entente historique.

Celle-ci délègue au Québec la responsabilité de choisir ses immigrants économiques selon ses propres critères.

Le 29 octobre 1978, Air Canada inaugure le premier vol direct entre Montréal et Port-au-Prince.

Ces deux événements vont se conjuguer et favoriser l’arrivée d’une nouvelle vague d’immigration en provenance d’Haïti.

Cette deuxième vague d’immigration, plus importante encore que la première, est en grande partie composée de travailleurs non spécialisés.

On ne quitte plus seulement Haïti pour des raisons politiques.

On prend le chemin de l’exil pour fuir la misère et s’assurer un meilleur avenir.

Le 24 août 1980, l’émission Hebdo dimanche, animée par Michel Benoît, présente un reportage du journaliste Daniel Bordeleau.

Ce dernier explique les difficultés de l’exil des Haïtiens au Canada.

Hebdo dimanche, 24 août 1980

Au début de l'année 1980, 250 Haïtiens arrivent en moyenne chaque semaine à Montréal.

L’accueil qu’ils reçoivent est assez frais.

La plupart d'entre eux sont longuement interrogés par les agents canadiens.

On soupçonne que plusieurs d’entre eux veulent s’installer illégalement au Canada.

Le jour où Daniel Bordeleau effectue son reportage, 37 Haïtiens n'ont pas été autorisés à séjourner au Canada et sont renvoyés à Port-au-Prince par le premier avion.

La situation est très tendue entre la communauté haïtienne et les autorités canadiennes.

Plusieurs de leurs représentants accusent le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau d’être complice de la dictature de la famille Duvalier.

On s'interroge aussi s’il n’y a pas deux poids deux mesures de la part de l'administration fédérale.

Comment expliquer autrement le contraste entre l’accueil chaleureux accordé aux réfugiés provenant de la péninsule indochinoise et les demandes des Haïtiens?

La politique et la nature incitent à la fuite

En septembre 1991, un coup d’État militaire renverse le gouvernement démocratique du président Jean-Bertrand Aristide.

Des milliers d’Haïtiens fuient leur pays par la mer et arrivent aux États-Unis.

L’administration du président George H. W. Bush leur refuse l’asile politique. Cette décision est maintenue par le président Clinton.

Montréal ce soir, 22 juin 1992

L’impact au Canada est immédiat.

Comme le constate un reportage du journaliste Alain Picard, présenté par l’animateur de Montréal ce soir Claude Desbiens le 22 juin 1992, les candidatures d’asile politique de la part d’Haïtiens explosent à nos frontières.

Les Haïtiens préfèrent tenter leur chance au Canada.

Mais le Canada les refoule en invoquant le fait que ces réfugiés auraient dû remplir leur requête d’asile dans le premier pays dont ils ont foulé le sol, c'est-à-dire aux États-Unis.

Le 12 janvier 2010, la terre fait une grosse colère en Haïti.

Un séisme détruit une grande partie du pays et provoque la mort d’au moins 200 000 personnes. Plusieurs survivants veulent à tout prix quitter cet enfer.

Cette situation, la correspondante nationale Emmanuelle Latraverse l’observe de ses propres yeux à Port-au-Prince.

Téléjournal Montréal le 18 janvier 2010

Dans un reportage présenté au Téléjournal Montréal le 18 janvier 2010, elle raconte la fuite des Haïtiens de la capitale.

À Port-au-Prince, une radio a diffusé la nouvelle erronée que le Canada accorderait un visa à tous ceux qui en feraient la demande.

L’ambassade canadienne est prise d’assaut et se trouve obligée d'étudier des cas, tant tristes que compliqués.

Dans les années qui suivront, grâce à des programmes spéciaux de parrainage humanitaire, des milliers d’Haïtiens touchés par la catastrophe trouveront refuge au Canada.

On le voit, ce n’est pas de gaieté de cœur que les Haïtiens quittent leur patrie.

La communauté haïtienne s’est cependant intégrée de bon cœur au Canada et participe avec un réel enthousiasme au développement de leur pays d’adoption.

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