ArchivesLe jour où le premier ministre Brian Mulroney a démissionné
Le premier ministre du Canada Brian Mulroney crée la surprise le 24 février 1993 lorsqu'il annonce qu'il quitte la vie politique.
Photo : Radio-Canada / Robert Baron
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Il y a 30 ans, le 24 février 1993, le premier ministre Brian Mulroney annonçait qu'il quittait la vie politique. Il est alors en plein mandat, à la tête d'un gouvernement majoritaire depuis 1984, mais voit bien que son étoile pâlit. Portrait de cette journée, tiré de nos archives.
Au printemps 1992, la cote de popularité de Brian Mulroney a atteint le plus bas niveau jamais enregistré par un premier ministre canadien.
Une défection qui s’explique par des décisions impopulaires comme l’adoption de la TPS, l’échec constitutionnel et une récession persistante malgré des mesures adoptées par le gouvernement progressiste-conservateur.
À l’automne 1992, le rejet de l’accord de Charlottetown par la population canadienne est un coup dur. Mulroney prépare sa sortie.
Bernard Derome présente une émission spéciale sur fond de rumeurs de démission du premier ministre.
Photo : Radio-Canada
Le mercredi 24 février 1993, à 9 h 51, Bernard Derome prend la barre d’une émission spéciale dont nous vous présentons les 10 premières minutes. La démission de Brian Mulroney n’a pas été annoncée officiellement, mais la rumeur est vive.
Il y a une très, très grosse nouvelle dans l’air, comme on dit. Ce n’est pas tous les jours que le premier ministre d’un pays annonce qu’il démissionne durant l’exercice de ses fonctions, c’est-à-dire qu’il n’est pas forcé de démissionner tel quel à la suite d’une défaite électorale.
Le correspondant parlementaire Daniel L’Heureux se trouve devant les grilles du 24 Sussex Drive, à Ottawa. Il observe un va-et-vient de limousines de ministres et de proches de Mulroney. L’entourage du premier ministre ne dément pas les rumeurs de démission.
Le journaliste Guy Gendron est pour sa part posté devant la salle 237-C du parlement. Vers 10 h, un caucus conservateur est prévu. Le premier ministre Mulroney devrait y faire sa grande annonce. Les députés croisés se montrent très anxieux. Dans le sourire de l’un d’entre eux, le journaliste dénote une intention de se présenter à la succession.
Une conférence de presse est également déjà à l’horaire pour midi dans cette salle du parlement. Quelques minutes avant l’heure, Brian Mulroney y fait son entrée, accompagné de sa femme Mila et de deux de ses enfants. Il confirme de vive voix qu’il quitte la vie politique.
Le journaliste Daniel L'Heureux relate la journée marquée par la démission surprise de Brian Mulroney.
Photo : Radio-Canada
À 18 h, l’émission spéciale animée par Bernard Derome reprend l’antenne. C’est à Daniel L’Heureux qu’a été confié le mandat de résumer « cette journée saisissante ».
Plus tôt aujourd’hui, j’ai annoncé à mon parti et à mon caucus que je démissionnerai de mes fonctions de chef du Parti progressiste-conservateur du Canada et de premier ministre dès qu’ils m’auront choisi un successeur.
Dans son reportage, le journaliste revient sur le moment-clé de cette journée : la conférence de presse de Brian Mulroney qu’il livre avec le sourire. Le discours du premier ministre démissionnaire porte d’ailleurs davantage sur sa succession que sur les motifs de son départ.
Aujourd’hui, nous consacrons 1 heure d’émission au premier ministre Brian Mulroney.
En fin de soirée, l’émission Le Point s’ouvre sur un montage de moments marquants de la carrière de l’homme politique. À la suite de cette démission inattendue, le journaliste Jean-François Lépine a obtenu une longue entrevue avec Brian Mulroney. Il a aussi réuni quelques collaborateurs en studio afin de dresser un bilan de ses années au pouvoir.
L’air serein, Brian Mulroney explique sa décision dans cette entrevue dont nous vous présentons les premières minutes. Il fait le bilan de ses deux mandats à la tête du pays.
Mulroney laisse la vie politique, mais il a bien préparé sa succession. Comme il l’explique à Jean-François Lépine, il veut instaurer une tradition de transfert des pouvoirs, courante chez les libéraux, mais pas chez les conservateurs. Il souhaite ainsi faire place à une relève capable de porter une fois de plus le parti au pouvoir.
C’est quelque chose que je voulais et [que] j’espérais toujours réaliser, et j’ai eu l’occasion de le faire. Il n’y a pas de précédent comme ça et il a fallu que quelqu’un commence la tradition dans le Parti progressiste-conservateur. J’ai décidé de le faire moi-même.
Au terme d’une course à l’investiture du parti dont Mulroney a défini les règles, Kim Campbell devient cheffe du Parti conservateur le 25 juin 1993.