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Des pesticides dans le miel partout sur la planète

Les résultats ont été obtenus à la suite de l’analyse de 198 échantillons prélevés dans les six grandes régions du globe.

Les résultats ont été obtenus à la suite de l’analyse de 198 échantillons prélevés dans les six grandes régions du globe.

Photo : iStock

Radio-Canada

Pas moins de 75 % des miels produits dans le monde contiennent des néonicotinoïdes, une famille de pesticides très utilisée par les agriculteurs et déjà connue pour son rôle dans le déclin des abeilles.

Un texte d'Alain Labelle

L’Amérique du Nord arrive en tête des échantillons contaminés, suivie de l’Asie et de l’Europe. Les taux de contamination en Afrique et en Océanie se situent en dessous de la moyenne, mais celui de l’Amérique du Sud est nettement le plus faible.

 


Les résultats ont été obtenus à la suite de l’analyse de 198 échantillons prélevés dans les six grandes régions du globe par une centaine de personnes participant à une action de science citoyenne initiée par le Jardin botanique de la Ville de Neuchâtel, en Suisse.

Sept des échantillons ont été prélevés au Canada, dont quatre au Québec.

La concentration de cinq pesticides les plus couramment utilisés de la famille des néonicotinoïdes (acétamipride, clothianidine, imidaclopride, thiaclopride et thiaméthoxame) a été mesurée.

Ces concentrations restent cependant en dessous des normes maximales autorisées pour la consommation humaine, rapportent ces travaux réalisés par une équipe interdisciplinaire suisse et publiés dans la revue Science (Nouvelle fenêtre) (en anglais).

Les normes qui régissent actuellement l’industrie sont toutefois l’objet de préoccupations, puisque l’effet cumulatif de ces pesticides sur la santé humaine reste mal connu.

De plus, ces résultats montrent clairement les effets de la faible biodégradabilité de ces pesticides, qui se transmettent dans la chaîne alimentaire.

Les concentrations restent en dessous des normes maximales autorisées pour la consommation humaine.

Photo : iStock

Les néo... quoi?

Les néonicotinoïdes, aussi appelés néonics, sont des pesticides utilisés couramment par les agriculteurs pour éradiquer les insectes comme les pucerons, les tétranyques, les limaces et les punaises, autant dans les champs de grandes cultures que dans les vergers.

Ces pesticides altèrent le système nerveux des insectes, entraînant la paralysie et la mort.

Ils représentent environ un tiers des pesticides vendus sur la planète.

Ce sont les apiculteurs qui ont tiré les premiers la sonnette d'alarme quant aux dangers de ces néonics, en rapportant des morts massives d'abeilles. Ces dernières s'abreuvent du pollen contaminé par les pesticides, en plus de voler à travers les nuages de poussière dans les champs où le sol et les semences sont gorgés de produits chimiques. Elles contaminent donc le miel qu’elles produisent.

Des abeilles empoisonnées

L’effet des néonics sur les abeilles est ainsi beaucoup plus grave.

Notre étude démontre qu’elles sont exposées dans le monde entier à des concentrations de néonicotinoïdes ayant des effets importants sur leur comportement, leur physiologie et leur reproduction.

Une citation de Alexandre Aebi, Université de Neuchâtel
Les pesticides altèrent le système nerveux des insectes, entraînant la paralysie et la mort.

Des abeilles

Photo : iStock

Les chercheurs ont également établi que 45 % des échantillons renfermaient de deux à cinq pesticides, 10 % de quatre à cinq. Un seul néonicotinoïde a été détecté dans 30 % des échantillons.

L’impact des contaminations multiples (appelées effet cocktail) sur les abeilles, mais également sur les humains, reste aussi à établir.

Réactions mitigées

Une experte indépendante de l'Université du Nebraska, Judy Wu-Smart, signale que les chercheurs ont utilisé trop peu d'échantillons pour tirer d'aussi vastes conclusions.

Une porte-parole de Syngenta, qui produit des néonicotinoïdes, a pour sa part soulevé que les taux détectés dans les échantillons « sont cinquante fois plus bas que ce qui pourrait avoir de possibles effets sur les abeilles ».

La professeure de l'Université d'Illinois Sydney Cameron a elle aussi exprimé quelques réserves quant à l'étude, mais s'est tout de même réjouie que le sujet fasse les manchettes.

« Il s'agit d'un rapport important ne serait-ce que parce qu'il attirera beaucoup d'attention sur le problème émergent de la dépendance mondiale aux produits agrochimiques, dont nous connaissons très peu les effets secondaires », a-t-elle signalé.

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