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Coup de frein dans les demandes d'aide médicale à mourir

L'aide médicale à mourir est offerte depuis décembre 2015 au Québec.

L'aide médicale à mourir est offerte depuis décembre 2015 au Québec.

Photo : iStock

Radio-Canada

EXCLUSIF – Après une très forte augmentation en 2016, le nombre de demandes d'aide médicale à mourir diminue légèrement au Québec. Ce ralentissement contraste avec les tendances constatées ailleurs dans le monde.

Un texte de Thomas Gerbet

Les spécialistes s'attendaient à ce que l'augmentation des demandes d'aide médicale à mourir (AMM) soit continue après l'adoption de la loi, comme ce fut le cas en Belgique et aux Pays-Bas. Mais ça ne se passe pas ainsi au Québec.

Selon les plus récentes données compilées par Radio-Canada, les demandes d’aide médicale à mourir, tout comme le nombre de décès par AMM, ont légèrement diminué (de 4,1 %) dans la première moitié de l'année 2017.

Ces chiffres contrastent avec les augmentations importantes enregistrées dans la deuxième moitié de 2016. Les demandes avaient alors explosé de 85 % et les décès de 78 %.

 

À Montréal, le CHUM et le CUSM constatent une légère baisse des demandes d'aide médicale à mourir, alors qu'elles avaient plus que doublé entre la première et la deuxième moitié de 2016. Même constat au CHU de Québec, qui en administre le plus dans la province. Tous les établissements sont tenus de remettre un rapport chiffré tous les six mois.

Comment expliquer cette stagnation?

Première hypothèse : le système serait incapable « d'absorber » davantage de patients demandant l'AMM. Mais l'explication n'est pas là. « Si c'était le cas, il y aurait une augmentation de la proportion des refus, ce qui n'est pas le cas », remarque Mélanie Vachon, professeure de psychologie et membre du Centre de recherche et d'intervention sur le suicide et l'euthanasie de l'UQAM.

Deuxième hypothèse : on a déjà atteint le niveau de besoin d'aide médicale à mourir dans la population québécoise. « Ce serait une bonne nouvelle », croit Mélanie Vachon. « Cela signifierait que les gens cheminent vers la mort en voyant leurs souffrances soulagées par les soins qui leur sont offerts sans devoir demander l'AAM. »

Nous, on croit que ça va augmenter.

Une citation de Yvan Gendron, PDG du CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal

Le PDG du CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, Yvan Gendron, pense qu'une perspective « sur deux ou trois ans » donnera une meilleure tendance. « Les gens ont ce genre de discussions en ce moment, particulièrement dans les ressources pour personnes âgées comme les CHSLD. Avec l'expérience, le bouche-à-oreille, il va y avoir une progression, c'est certain. »

Une évolution différente des autres États

Le nombre de décès par l'aide médicale à mourir a progressé continuellement en Belgique et aux Pays-Bas dès leur introduction au début des années 2000. Cela représente aujourd'hui respectivement 1,5 et 3,5 % de tous les décès dans ces pays.

Au Québec, près d'un décès sur 100 (0,9 %) résulte maintenant de l'aide médicale à mourir.

Arrivera-t-on un jour à 4 % des décès par aide médicale à mourir, comme aux Pays-Bas? « La loi québécoise est beaucoup plus restrictive qu'en Europe », rappelle Mélanie Vachon. « Si la loi s'élargit aux maladies neurodégénératives ou autres, là on aura un boom », croit Yvan Gendron.

Toujours de très fortes disparités entre les établissements

Au Québec, 61 % des demandes d'aide médicale à mourir sont acceptées et administrées, un taux stable par rapport à la deuxième moitié de 2016. Pourtant, derrière cette donnée se cachent des différences importantes. Si vous voulez obtenir l'aide médicale à mourir, mieux vaut habiter en région éloignée qu'à Montréal.

 

La décision de l'acceptation ou non de l'AMM est remise à l'évaluation, en partie subjective, de chaque médecin. La Commission sur les soins de fin de vie, chargée de surveiller l'application des exigences particulières de la loi, n'étudie pas les raisons des refus.

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