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Michel Tremblay, « père du théâtre québécois », fête ses 75 ans

Michel Tremblay

Michel Tremblay

Photo : Hugo-Sébastien Aubert

Radio-Canada

Si Montréal célèbre en 2017 ses 375 ans, l'un de ses plus grandioses porte-parole passe lui aussi un cap symbolique. L'écrivain Michel Tremblay souffle dimanche ses 75 bougies.

« C’est un chiffre maudit, 75 », a déclaré d’emblée l’auteur, lors d’une longue entrevue accordée à Anne-Marie Dussault, pour un hors-série de l’émission 24/60, diffusé dimanche sur RDI.

Soixante [ans], je le prenais à peu près bien. Soixante-dix, je me suis arrangé pour disparaître avec des amis en France, pendant deux semaines. Soixante-quinze, c’est difficile, il y a quelque chose d’officiel dans ce chiffre, qui me dérange beaucoup.

Une citation de Michel Tremblay

Si les années qui passent font peut-être grincer des dents à l’écrivain, ce dernier n’en reste pas moins prolifique. Après Conversations avec un enfant curieux, publié en novembre 2016, son prochain livre, Le peintre d'aquarelle est attendu cet automne. Le public y retrouvera un personnage que Michel Tremblay avait laissé de côté depuis 30 ou 40 ans.

Voyez l'entrevue de Michel Tremblay sur le site de l'émission 24/60

Adepte du «  mentir-vrai  »

Les Québécois ont fait connaissance avec le prolifique auteur montréalais au milieu des années 60 avec Contes pour buveurs attardés, un recueil d’histoires fantastiques écrites pendant son adolescence. Adepte du « mentir-vrai » cher à Jean Cocteau, Michel Tremblay, pour qui « la vie est trop plate pour qu’on la décrive telle quelle », a toujours accordé un rôle majeur à l’imaginaire dans son œuvre.

Ainsi, même quand il s’est penché sur sa famille pour raconter des histoires, le dramaturge dit avoir écrit « des pièces qui sonnaient réalistes, mais qui ne l'étaient pas ». Parmi les personnages nés tant des souvenirs que de l’imagination de l'auteur, les femmes ont toujours tenu une place primordiale, comme dans la pièce Les belles-sœurs, une véritable révolution théâtrale présentée pour la première fois en 1968.

Une partie de la distribution des <em>Belles-soeurs</em> en 1968

Une partie de la distribution des Belles-soeurs en 1968

Photo : Musée québécois de la culture populaire

Outre la parole donnée à ces épouses, filles et mères issues des classes populaires, Michel Tremblay a imposé la langue parlée dans les rues de Montréal : le joual. Aujourd’hui encore, cette langue est parfois perçue par certains esprits chagrins comme du mauvais français. Il a pour eux une réponse automatique :« Je ne suis pas un professeur de français. Je suis un témoin de mon époque. Je ne suis pas là pour montrer aux gens comment parler. »

 

Ce langage populaire de Tremblay, déclamé au théâtre depuis 50 ans à travers le Québec, se retrouve parfois même chanté. Afin de fêter autant la métropole que l’écrivain né sur Le Plateau-Mont-Royal qui a parlé de son quartier et de sa ville comme personne, le Théâtre du Nouveau Monde a redonné vie à Demain matin, Montréal m’attend (Nouvelle fenêtre). La version 2017 de la comédie musicale a été mise en scène par René Richard Cyr, pour qui l'auteur constitue un géant de la littérature québécoise.

Michel Tremblay, c’est Molière pour nous. C’est le père du théâtre d’ici, le fondateur d’une dramaturgie qui est un réel miroir pour nous.

Une citation de René Richard Cyr

Une inspiration pour les nouvelles générations

Les jeunes auteurs font souvent part de leur admiration pour l'écrivain, comme c'est le cas pour Simon Boulerice. Ses ressemblances à Michel Tremblay sont nombreuses; il est montréalais, prolifique, et fait alterner pièces de théâtre et romans où les femmes et les gais occupent une grande place.

L’écrivain de 35 ans, qui a découvert l’œuvre de Tremblay dès le secondaire grâce à la pièce Le vrai monde?, parle de son aîné comme d’une indéniable source d’inspiration. C'est lui qui l'a « beaucoup décomplexé » en ce qui concerne le style, « avec un champ lexical réduit, mais dont il fait quelque chose de magnifique », a-t-il expliqué en entrevue à Radio-Canada.

« Au départ, j’ai tenté d’être un peu ampoulé. Désormais, je dépouille la langue. Plus je vieillis, plus je me retourne vers une langue peut-être plus pauvre, mais, à partir des mots que j’ai, j’essaie moi aussi de la faire fleurir différemment. »

Simon Boulerice

Simon Boulerice

Photo : Radio-Canada

C’est notamment la colère sourde des femmes de Michel Tremblay que chérit Simon Boulerice, lui qui aime également créer des figures flamboyantes, qui disent clairement les choses. « Albertine, demeure dans ma vie de lecteur, un des personnages les plus importants. Elle est d’une cohérence inouïe, elle a un humour tellement triste que je trouve beau », ajoute-t-il.

Toutefois, c’est évidemment Nana, la mère, qui reste le personnage central de l’œuvre de Michel Tremblay. « C’est d’une certaine façon une intouchable. Elle a la bonté de toutes les femmes, de toutes les mères québécoises rassemblées », indique encore Simon Boulerice.

Les Montréalais retrouveront d’ailleurs Nana à la fin de l’année au théâtre Jean-Duceppe dans Enfant insignifiant!, l'adaptation théâtrale de Conversations avec un enfant curieux. Il s'agit d'une nouvelle preuve de l’importance intacte que garde, à 75 ans, Michel Tremblay, dans la création québécoise.

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