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Un documentaire intrigant sur la vie sexuelle des aînés

Le documentaire « L’érotisme et le vieil âge »

Le documentaire « L’érotisme et le vieil âge »

Photo : L’Atelier Distribution Films

Franchement, ce n'est pas un sujet qui m'a transporté, mais qui, je le reconnais, m'a intrigué. L'érotisme et le vieil âge, c'est le titre qu'a donné Fernand Dansereau à son documentaire sur la vie sexuelle des aînés. Après tout, pour certains, j'y suis déjà; pour d'autres, j'y serai bientôt, alors aussi bien plonger dans l'oeil du cyclone.

D’autant plus que, les baby-boomers arrivant en grand nombre à cet âge vénérable, la question suscite un soudain intérêt et semble mériter qu’on s’y intéresse.

D’ailleurs, un autre film traite du même sujet. Il est signé Sophie Lambert et s’intitule Des nuances de sexe et de gris. J’adore le titre. Malheureusement, je n’ai vu que le premier, celui de Dansereau.

Cela dit, c’est probablement la première fois dans l’histoire qu’on tient à mettre des mots sur la chose, qu’on cherche à expliquer, à définir, à affirmer que même vieux, on reste des humains à part entière avec besoins, désirs et tutti quanti.

Je ne crois guère que nos parents ou nos grands-parents se posaient ce genre de questions ou se lançaient dans des discussions de groupe portant sur leur appétit sexuel. Ils faisaient ce qu’ils avaient à faire quand ils avaient envie de le faire. Ils n’essayaient pas à tout prix de comprendre. C’était la vie. Aujourd’hui, c’est comme si un tabou tombait…

 

(Source : YouTube/L’Atelier Distribution Films)

Je ne sais plus qui, l’autre jour à Médium large, disait d’ailleurs qu’il existe encore quatre grands tabous en sexualité : la vie intime chez les personnes âgées, chez les handicapés, chez les enfants et chez les gais.

Il y a dans le documentaire du cinéaste Fernand Dansereau des propos qui m’ont profondément ennuyé et d’autres qui m’ont fait sourire, intrigué et même touché. J’y ai aussi trouvé quelques choses déprimantes, parce que le sexe, après tout, c’est la joie, et là, dans les mots de certains, on dirait qu’elle s’est évanouie. Remarquez, même jeunes, certains ont le sexe joyeux et d’autres triste.

Je vais vite passer sur l’ennui peut-être plus prévisible : l’érotisme, c’est de la découverte, la communion; l’érotisme, ce n’est pas la tendresse, la fréquence, la durée, les différences entre l’homme et la femme. Trop de lieux communs.

Or, il y a des trucs qui m’ont plu dans la forme et dans le fond. Louise Portal d’abord : elle est un soleil dans ce documentaire, et la preuve vivante que la soixantaine d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier. J’ai aimé son détachement, l’évidence de cet amour réciproque entre elle et son amoureux. J’ai aimé aussi ses vox pop auprès de jeunes. Plantée au coin d’une rue, micro à la main : « Est-ce que vous imaginez vos grands-parents en train de faire l’amour? » demande-t-elle à des passantes. Et une jeune fille de répondre quelque chose du genre : « Oui, elle porte des strings, je les vois sur la corde à linge. Alors ma grand-mère doit bien faire l’amour. » Divertissant.

Jacques Hébert et Louise Portal dans le film « L’érotisme et le vieil âge »

Jacques Hébert et Louise Portal dans le film « L’érotisme et le vieil âge »

Photo : L’Atelier Distribution Films

Il y a Janette Bertrand aussi qui apparaît. Comment passer à côté, l’éviter? Incontournable Janette. Elle a tant réfléchi à la question. Elle nuance, explique, et on sent derrière ses mots le vécu, l’expérience.

Il n’est pas question ici de la beauté de la jeunesse qui pose les jalons de l’érotisme. Ce n’est pas le sujet de Dansereau. Il est davantage question d’une énergie, d’un mysticisme, voire d’un acte transformé en spiritualité. Ça non plus, ça ne m’a pas convaincu ni transporté.

La sexualité, peu importe l’âge, c’est le toucher, le plaisir, le contact avec le corps de l’autre.

Et c’est pour cela que les témoignages d’Édith Fournier, qu’on voit dans le film avec son amoureux actuel, mais qui a accompagné jusqu’à sa mort le cinéaste Michel Moreau, frappé par la maladie d’Alzheimer, sont porteurs. Ils sont tangibles. On décèle dans ses souvenirs sa volonté de s’accrocher au désir, au corps de l’autre. Et quand elle raconte que jusqu’à la fin elle le lavait, que c’était l’unique façon de voir son corps, on réalise à quel point l’érotisme, peu importe l’âge et la condition, est loin d’être une abstraction.

Avec les mots du réalisateur Jean Beaudin, qui lui aussi a veillé sur son amoureuse, Domini Blythe, jusqu’à la fin, on sent également la peine engendrée par sa disparition, mais surtout l’amour qu’il éprouvait pour son épouse. Ce moment où il raconte qu’il crémait son corps nu, touchant son sexe; ce moment où il s’écroule en larmes devant la caméra à la simple évocation de ce geste si intime; ce moment, c’est la sensualité, la passion, la libido, la flamme, le désir, l’amour.

Et ça, Dansereau a su merveilleusement bien le filmer.

Le cinéaste Fernand Dansereau

Le cinéaste Fernand Dansereau

Photo : L’Atelier Distribution Films

Maintenant, franchement, je mentirais si je vous disais que je n’ai pas trouvé L’érotisme et le vieil âge déprimant.

Toutefois, il est la preuve qu’à tous les stades de la vie, l’amour et la sexualité sont à la fois souffrance et béatitude.

Franco Nuovo anime l'émission Dessine-moi un dimanche à ICI Radio-Canada Première les dimanches dès 6 h.

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