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Les nageurs à la piscine du Cégep ont déposé leur gourde et serviette près des blocs de départ.

Des sportifs fatigués d’évoluer dans des infrastructures désuètes

Les projets de centre aquatique et de complexe multisports tardent à se concrétiser à Rouyn-Noranda, alors que le vieillissement et la désuétude des plateaux sportifs existants préoccupent. Certains remettent désormais en question la volonté politique du conseil municipal envers ces projets.

Automne 2023. Le toit coule au-dessus du grand gymnase de l’école secondaire La Source de Rouyn-Noranda.

Le groupe de Jacinthe Renault, qui pratique le badminton à Rouyn-Noranda depuis plus de 30 ans, voit son horaire être modifié à de nombreuses reprises en raison du problème d’infiltration d’eau.

Cette année, c’est la pire parce que depuis l’automne et jusqu’à Noël, on nous a ballottés d’une journée à l’autre et d’un terrain à l’autre. Ils ont mis de gros plastiques au plafond, mais ça fait deux ans qu’ils sont là. Une fois, on est allés jouer et il y avait des chaudières par terre, décrit la citoyenne de Rouyn-Noranda.

Souhaitant s’enquérir de la situation, Jacinthe Renault contacte alors la Ville de Rouyn-Noranda.

Ils m’ont dit que les plafonds coulaient et qu’ils attendaient que les toits gèlent pour que ça arrête de couler.

Une citation de Jacinthe Renault

Infrastructures sportives en Abitibi-Témiscamingue

Consulter le dossier complet

Des nageurs s'entraînent dans une piscine intérieure.

Le gymnase de l’école La Source est sous la responsabilité du Centre de services scolaire de Rouyn-Noranda (CSSRN). En entrevue, le directeur du service des ressources matérielles du CSSRN, Francis Côté, assure que le problème a depuis été réglé. Selon lui, les différents gymnases et piscines appartenant au Centre de services scolaire sont globalement en bon état.

Une bâche installée au plafond d'un aréna.

Une bâche a été installée afin de recueillir l'eau qui pénètre par le toit de l’aréna Réjean-Houle.

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

Le problème de toit qui coule n’est cependant pas unique à ce bâtiment. À l’aréna Réjean-Houle, une grande bâche a été installée afin de recueillir l’eau qui tomberait autrement sur les patineurs et les joueurs de hockey.

Pour Christian Chouinard, de l’Association du hockey mineur de Rouyn-Noranda, ce problème fait partie d’une courte liste d’éléments qu’il souhaiterait voir la Ville corriger à court terme dans ses arénas.

Il désigne aussi la zone de la patinoire où la zamboni fait son entrée, caractérisée par une pente prononcée de la glace.

Une pente dans le coin d'une patinoire

Le dénivelé situé à proximité de l’entrée de la zamboni, à l’aréna Réjean-Houle, peut être dangereux pour les patineurs, selon Christian Chouinard.

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

Pour le reste, il estime que les amateurs de sports sur patins peuvent se compter choyés lorsqu’ils se comparent à d’autres disciplines.

La Ville travaille avec nous et on se considère très chanceux, indique Christian Chouinard.

Un gymnase en piètre état… qui porte son nom

Denyse Julien dans le gymnase qui porte son nom.

À 63 ans, l’olympienne Denyse Julien pratique encore le badminton plusieurs fois par semaine.

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

À Rouyn-Noranda, la très grande majorité des gymnases se retrouvent dans les écoles, et sont donc sous la responsabilité du Centre de services scolaire. Le gymnase Denyse-Julien, situé dans le Centre Dave-Keon, fait figure d’exception.

L’olympienne Denyse Julien, qui a donné son nom à l’endroit, ne peut que constater l’usure du temps sur les installations.

J’ai 63 ans, et quand je jouais là, j’avais entre 13 et 17 ans. Lorsque je rentre dans le gymnase, il n’y a pas grand-chose qui a changé.

Une citation de Denyse Julien

Le plancher, c’est un beau plancher de bois franc, c’est rare. Pour le badminton, c’est idéal. Maintenant, le plancher au complet est à remplacer. On ne peut plus le sabler, il est rendu trop mince, fait-elle remarquer.

Outre le plancher qui est en fin de vie, Denyse Julien évoque des améliorations à apporter à l’éclairage et au système de chauffage, qui datent d’une autre époque.

Selon elle, les vestiaires, et de façon plus précise les douches, auraient besoin d’être revampés. La température de l’eau est soit froide, soit bouillante, signale-t-elle.

Question de fierté, celle qui a participé aux Jeux olympiques à trois reprises ne cache pas son souhait de voir le gymnase subir une cure de rajeunissement.

Un gymnase dans lequel sont montés des filets de badminton

Denyse Julien souhaite que des améliorations soient apportées au gymnase qui porte son nom.

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

C’est certain que je regarde ça et j’aimerais qu’il y ait quelques petits travaux qui soient faits. Ce n’est pas obligé de mettre des millions, mais d'améliorer l'éclairage, le chauffage, les douches, toucher à de petites choses plus importantes, dont le plancher, ce serait le fun, mentionne-t-elle.

Du côté de la Ville de Rouyn-Noranda, la mairesse Diane Dallaire évoque un investissement de 695 000 $ prévu pour rénover le gymnase.

Par courriel, la directrice des communications, Julie Roy, précise que les travaux concernent le plancher, l’éclairage, le système de ventilation et les vestiaires et que les étapes préalables au début des travaux seront effectuées en 2024.

Ce n’est pas adapté

Une dizaine de joueuses de soccer s'entraînent dans un gymnase devant leur entraîneuse.

En attendant la construction d’un centre sportif, les joueuses et joueurs du Club de soccer Boréal s’entraînent régulièrement dans des gymnases d’écoles primaires, comme celui de l’école de Granada.

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

Au soccer comme en natation, des voix s’élèvent depuis de nombreuses années afin de réclamer des infrastructures qui répondent aux besoins des citoyens et des athlètes de tous âges.

Au-delà du manque d’infrastructures déjà bien documenté, le directeur général du Club de soccer Boréal, Sylvain Desnoyers, insiste pour dire que les infrastructures disponibles à Rouyn-Noranda ne sont pas adaptées à la pratique du sport en dehors de la période estivale.

On le vit depuis plusieurs années. Autant on va dans des gymnases qui ne sont pas utilisables pendant plusieurs semaines parce que le toit coule ou qu'il y a d’autres problématiques dans ce genre-là, alors c’est sûr que non seulement il y a le côté entretien, mais il y a le côté désuétude parce que ce n’est pas adapté au sport qu’on fait en 2024, martèle-t-il.

Sylvain Desnoyers dans son bureau

Sylvain Desnoyers est directeur général du Club de soccer Boréal de Rouyn-Noranda.

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

Pour M. Desnoyers, l’aspect sécuritaire constitue un enjeu de taille alors que des joueurs de 16 ans doivent évoluer dans de petits gymnases, où les murs et les bancs sont très près de l’action.

Les lignes au sol, la proximité des murs, ce n’est pas quelque chose de sécuritaire pour nous. Ça ne rencontre pas les standards de ce que ça devrait être, même pour le futsal, déplore-t-il.

La volonté politique remise en question

Alors que la première pelletée de terre pour le centre aquatique se fait toujours attendre, près de trois ans après que son financement ait été confirmé, le président du club de natation Les Dauphins de Rouyn-Noranda, Louis-Paul Willis, va encore plus loin.

Selon lui, le fait que la Ville de Rouyn-Noranda ne soit pas encore dotée d’un centre aquatique ou d’un complexe multisports résulte d’un manque de volonté politique.

Louis-Paul Willis

Pour Louis-Paul Willis, président des Dauphins de Rouyn-Noranda, le fait d’avoir des infrastructures en bon état, «c’est simplement faire la promotion d’une population en santé».

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

M. Willis affirme en être arrivé à cette conclusion après un séjour à Rimouski lors des Jeux du Québec, où il a discuté avec certains élus impliqués dans le dossier du complexe sportif Desjardins, inauguré il y a cinq ans dans cette ville de l’Est-du-Québec.

J’ai compris qu’il y avait une différence fondamentale au niveau de l’engagement et de la volonté politique. À Rimouski, ils le voulaient vraiment, leur bassin.

Une citation de Louis-Paul Willis, président du club de natation Les Dauphins de Rouyn-Noranda

M. Willis invite les élus et la population à s’inspirer de ce qui a été fait dans cette ville d’un peu moins de 50 000 habitants.

Il y a eu une mobilisation impliquant les citoyens et le conseil municipal qui a fait en sorte qu’on a été capable d'aller chercher les fonds nécessaires pour construire un bassin d’envergure, fait-il valoir.

Des risques de blessures

En attendant le centre aquatique à Rouyn-Noranda, l’état de la piscine du Cégep, qui a déjà dû fermer à l’automne 2022 en raison d’un bris majeur, continue de préoccuper.

On est vraiment vraiment mal pris. Il suffit d’un simple bris pour rendre ce bassin inutilisable et ensuite, il n’y a pas vraiment d’autres bassins à Rouyn-Noranda, souligne Louis-Paul Willis, qui précise que la piscine de l’école La Source, vu sa petite taille, ne répond pas aux standards de la natation de compétition.

Un bord de piscine usé.

Selon Louis-Paul Willis, il arrive que des nageurs se coupent en bordure de piscine en raison de l'usure du plancher.

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

Le président des Dauphins relève par ailleurs plusieurs risques pour la sécurité des utilisateurs de la piscine du Cégep.

L’inégalité dans la céramique fait en sorte qu’on a beaucoup de nageurs qui se blessent régulièrement, qui vont se couper un orteil ou se râper le pied contre le mur en faisant un virage, fait-il observer.

Louis-Paul Willis ajoute qu’il n’est pas rare de voir des drains refouler autour de la piscine et dans les vestiaires.

Ça fait en sorte qu’il y a des endroits où il y a de l’eau stagnante qui contribue à rendre le tout très peu agréable pour les usagers. Mes enfants n’ont absolument pas le droit de se promener nu-pieds autour de cette piscine-là. C’est en gougounes tout le temps, raconte-t-il.

De la rouille sur un calorifère autour d'une piscine.

La rouille commence à ronger certaines structures autour de la piscine du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue.

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

On est obligés d’y aller par priorités, dit la mairesse

En entrevue, la mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, concède que plusieurs infrastructures sportives ont besoin d’amour.

Selon elle, la quantité importante d’installations à entretenir force la Ville à faire des choix.

On tente d’investir les sommes là où les besoins sont les plus urgents. Ça me fait penser un peu aux routes; on est obligés d’y aller par priorités parce que les besoins sont trop grands, affirme-t-elle.

Diane Dallaire affiche un air sérieux dans son bureau de Rouyn-Noranda.

La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, estime que le projet de centre aquatique sera livré dans les délais, à l’automne 2026. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

Concernant l’avancement du projet de centre aquatique, la mairesse souhaite se faire rassurante en réponse à des préoccupations soulevées notamment par Louis-Paul Willis, qui craint de voir le projet être réduit au minimum après que la seule soumission reçue par la Ville lors du processus d’appel d’offres se soit chiffrée à 60 millions de dollars, soit le double du budget initial.

Que les gens soient rassurés. On veut une infrastructure de calibre qui va répondre aux besoins. On avait sondé les gens, donc il faut que ce qu’on va livrer réponde aux besoins des citoyens et des utilisateurs.

Une citation de Diane Dallaire, mairesse de Rouyn-Noranda

Bien qu’aucun contrat de construction n’ait encore été octroyé, Mme Dallaire soutient que l’échéancier est en voie d’être respecté. À ce jour, on parle toujours de septembre 2026 [pour l’ouverture du centre.]

En ce qui a trait au centre multisports, la mairesse n’était pas en mesure de confirmer, au moment de l’entrevue, si la Ville avait bel et bien déposé un projet au gouvernement du Québec à l’automne.

Pour être admissible à une subvention pouvant aller jusqu'à 20 millions de dollars, la Ville devait postuler avant le 5 décembre 2023. Après vérification, Diane Dallaire a confirmé à Radio-Canada que le projet avait été déposé dans les délais.

Retenir les citoyens par le sport

Deux buts de hockey sur l'anneau de glace près de l'Hôpital et d'un aréna sur le lac Osisko.

La Ville de Rouyn-Noranda aménage plus d'une vingtaine de patinoires sur son territoire, dont l'anneau de glace sur le lac Osisko, près du centre-ville.

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

Près de 15 ans après s’être établi à Rouyn-Noranda avec sa famille, Louis-Paul Willis dit observer de grands efforts de la part de la Ville afin d’attirer de nouveaux citoyens. Il estime qu’il manque cependant d’actions concrètes afin de favoriser la rétention.

Le constat qu’on fait, c’est qu'à Rouyn, on ouvre grand les bras, mais on ne les referme pas. On met beaucoup beaucoup d’énergie pour l’attractivité, et on fait bien de le faire, mais on sent très peu de volonté en ce qui a trait à l’investissement dans la qualité de vie. Au-delà des événements culturels qui nous font rayonner et dont on est très fiers, au jour le jour, il manque beaucoup pour la qualité de vie, exprime-t-il.

Consciente du défi auquel fait face la Ville pour améliorer son offre d’infrastructures sportives, Diane Dallaire rappelle que les possibilités de pratiquer de l’activité physique sur le territoire de la MRC demeurent nombreuses.

On sait que c’est un élément de rétention, c’est attractif d’avoir de belles infrastructures sportives. Peut-être qu’on n’a pas un centre multisports, on n’a peut-être pas le centre aquatique, mais on a une belle offre au niveau plein air, au niveau des parcs, au niveau des pistes cyclables. On a une vingtaine de patinoires sur le territoire. Il y a quand même une belle offre chez nous, mais on est conscients qu’il manque de plateaux sportifs, conclut-elle.

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