•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Des femmes ukrainiennes coincées entre deux mondes

Ayant fui leur pays et la guerre, des femmes ukrainiennes mènent un combat sur un autre front, loin des bombes, ici, au Québec. Déchirées entre deux mondes, elles se battent sans relâche pour l'avenir de leurs enfants, se heurtant à la langue, aux dédales de l'immigration et à la solitude.

Des ressortissantes ukrainiennes défilent en vêtements traditionnels

Plusieurs Ukrainiennes et Ukrainiens tentent de refaire leur vie à Québec, gardant malgré tout espoir de retourner vivre dans leur pays.

Photo : Alliance des Ukrainiens de Québec

Des ressortissantes ukrainiennes défilent en vêtements traditionnels

Plusieurs Ukrainiennes et Ukrainiens tentent de refaire leur vie à Québec, gardant malgré tout espoir de retourner vivre dans leur pays.

Photo : Alliance des Ukrainiens de Québec

Alina Lyonga débarque à La Pyramide de Sainte-Foy avec ses deux garçons, les sacs d'école encore sur le dos. Il est passé 17 h. Des courses sont encore à faire; les devoirs, le souper. La jeune mère monoparentale trouve malgré tout du temps pour une petite séance photo. « Merci de raconter notre histoire », dit-elle, s'efforçant de maintenir ses enfants en place.

Il y a deux ans, à quelques jours de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Alina vivait à Marioupol, ville aujourd'hui tristement connue pour ses images de dévastation post-bombardements.

C'est ma ville, tous mes amis sont là, toute ma famille est là. J'habitais au centre-ville, je connais chaque rue, chaque endroit, everything, raconte-t-elle en alternant l'anglais et le français.

Le jour de l'invasion militaire de la Russie, le 24 février 2022, l'Ukrainienne de 32 ans ne se sentait pas particulièrement menacée. Habitués aux affrontements dans l'est du pays depuis des années, dans les régions rebelles de Louhansk et de Donetsk, certains Ukrainiens ont haussé les épaules.

Quand la guerre a commencé, je ne pensais pas que c'était sérieux. On avait déjà vu la guerre depuis 2014. Ça se passait surtout dans les régions éloignées [...] J'étais encore naïve, confie Alina.

Une femme prend la pose avec ses deux fils en bas âge

Alina Lyonga est arrivée au Québec avec ses deux fils en mai 2022.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Guerre en Ukraine

Consulter le dossier complet

Un véhicule blindé est en feu, un corps gît dans la rue.

La fuite

Alertée du danger par son ex-conjoint déjà hors du pays, elle se décide enfin à partir avec ses fils Derek et Darren, aujourd'hui âgés de 4 et 6 ans. Je ne pouvais pas m'imaginer qu'il arrive quelque chose à mes enfants. J'avais peur de sortir de la maison pour aller chercher de la nourriture et que la maison soit bombardée.

Son premier réflexe est d'acheter un billet de train, mais c'était déjà trop tard pour prendre le transport en commun. Le service avait été interrompu, rendant la fuite encore plus périlleuse. Alina, sans voiture, se trouve finalement un véhicule et un chauffeur pour l'aider à sortir de Marioupol, de plus en plus étouffée par les forces russes.

Cinq personnes traversent un terrain rempli de débris en portant une civière sur laquelle est étendue une femme blessée. Derrière, on voit un bâtiment de deux étages de l'hôpital aux vitres soufflées et gravement endommagé.

Des images de Marioupol ont fait le tour de la planète, notamment le 9 mars 2022, quand un hôpital pédiatrique a été bombardé par les forces russes. (Photo d'archives)

Photo : AP / Evgeniy Maloletka

Ce n'était pas gratuit et c'était risqué, se souvient-elle. Au dernier jour de février, ne prenant que quelques vêtements, un ordinateur portable et des passeports, elle part pour la ville voisine de Zaporijia, non occupée par la Russie. Il y avait beaucoup de bruits et la terre tremblait parfois [à cause des explosions].

Quelques jours plus tard, l'armée russe entrait dans Marioupol avec ses chars d'assaut, amorçant un siège faisant quelque 20 000 morts. Mon quartier est maintenant totalement détruit, dit-elle. Le bâtiment de neuf étages où elle vivait avec ses fils a été lourdement endommagé. Mon appartement est toujours là, mais il n'y a pas de services, il n'y a plus d'eau.

Vue aérienne d'une ville. Des immeubles de part et d'autre d'une route désertée sont détruits et carbonisés. Des débris jonchent le sol.

Marioupol, qui comptait plus de 400 000 habitants avant la guerre, a été presque complètement détruite par les bombardements russes. (Photo d'archives)

Photo : Reuters / Pigiste

De Zaporijia, Alina poursuit son chemin vers Lviv, ville située à l'extrême ouest de l'Ukraine, jusque-là épargnée par la menace russe. On a vu un grand train. On est partis sans nourriture, sans rien. Mes enfants ont beaucoup pleuré. Ils avaient faim, il y avait beaucoup de stress. Mais on est partis parce qu'on ne savait pas quand serait le prochain.

Lviv se trouve à quelques dizaines de kilomètres des postes frontaliers de la Pologne. Des milliers de personnes s'y entassent, en majorité des femmes et des enfants forcés à l'exil.

Alina parvient à traverser la frontière. Après deux jours en Pologne, le trio aboutit en Allemagne, dans un camp de réfugiés non loin de Berlin. Ils y vivront sans intimité et contraints dans leurs déplacements pendant près de trois mois.

Une foule de femmes aux visages inquiets ou en pleurs.

Des milliers de réfugiés ont pris le chemin de la Pologne dans l'espoir de fuir la guerre, en grande majorité des femmes et des enfants. (Photo d'archives)

Photo : Associated Press / Emilio Morenatti

Le Canada? Pourquoi pas!

Après le premier mois en Allemagne, le père de mes enfants m'a dit que le Canada avait ouvert la porte aux familles ukrainiennes pour des demandes de visas [temporaires], poursuit la mère. À ce moment, Alina n'a pas toute sa tête, admet-elle. Je croyais partir pour quelque temps seulement. Je n'ai pas vraiment dit au revoir à mes parents ou à mes amis.

Les communications sont difficiles. Pendant trois semaines, elle n'a plus aucun contact avec ses proches. Son esprit était encore à Marioupol. Je croyais que j'allais devenir folle. Je regardais les nouvelles sur mon téléphone à chaque minute, explique-t-elle. J'ai pleuré presque chaque soir quand les enfants dormaient.

Dans la tourmente, elle a tout de même rempli les documents nécessaires pour entrer au Canada. La demande de visa pour Alina et ses enfants, à savoir l'Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine annoncée par le gouvernement fédéral, a été acceptée.

L'Ukrainienne n'avait aucune idée de ce qui l'attendait ici. Le Canada? Pourquoi pas!, s'est-elle dit. C'est loin de tous les problèmes. Mais je n'y avais pas nécessairement pensé sérieusement.

L'Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine, valide pour trois ans, est offerte aux ressortissants ukrainiens jusqu'au 31 mars 2024. Selon le gouvernement fédéral, 220 000 Ukrainiens ont été accueillis au pays en vertu du programme. À l'expiration de leur visa, les ressortissants devront obtenir un permis de travail ou d'études ouvert, ou encore la résidence permanente s'ils souhaitent rester au Canada.

Source : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada

De Marioupol à Val-Bélair

Visa électronique en poche, Alina place une annonce sur un groupe Facebook pour les ressortissants ukrainiens souhaitant se rendre en sol canadien. Une dame de Québec m'a écrit un très grand message. Elle m'a expliqué qu'elle cherchait des femmes monoparentales [pour les accueillir].

Sans économies, Alina n'a pas les moyens de se payer les billets d'avion pour venir au Canada. Coup de chance, début mai, Ottawa annonce le nolisement de trois avions à la disposition des Ukrainiens qui fuient la guerre. Comme 300 autres exilés, Alina et ses fils ont obtenu des places sur le deuxième, partant de Varsovie à destination de Montréal.

Des gens tiennent une banderole aux couleurs du drapeau de l'Ukraine

Les réfugiés ukrainiens ont été accueillis le 29 mai 2022 à l'aéroport Montréal-Trudeau. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Hadi Hassin

L'avion s'est posé au Québec le 29 mai 2022. Je me suis inscrite et j'ai reçu les billets. Trois jours plus tard, je devais être dans l'avion. Au pied levé, cette inconnue du Québec, en qui elle devait fonder toute sa confiance, était prête à la cueillir à l'aéroport Montréal-Trudeau.

Prochaine destination : Val-Bélair, en banlieue de Québec.

Radio-Canada a pu parler à cette femme qui a offert l'asile à la petite famille ukrainienne. Si cette dernière a accepté de corroborer le récit d'Alina, elle a cependant décliné nos demandes d'entrevue, préférant la discrétion. Paperasse, logement, travail, francisation : elle et ses proches ont offert un toit à la jeune famille et l'ont soutenue pendant plusieurs mois et continuent de l'appuyer.

Alina n'est cependant pas au bout de ses peines. Malgré un français de plus en plus fluide, l'Ukrainienne a du mal à trouver un emploi stable, nécessaire à son droit de demeurer au Canada à l'expiration de son visa temporaire, dans un an.

Courant d'un autobus à l'autre entre le Cégep Garneau, l'école des enfants et la maison, le marathon amorcé le 24 février 2022 n'est pas terminé.

Selon le gouvernement du Québec, un peu plus de 17 000 Ukrainiennes et Ukrainiens ont obtenu une carte de la Régie de l'assurance maladie (RAMQ).

Tout recommencer

Fuir l'Ukraine n'est qu'une première étape, le début d'une longue bataille d'usure qui s'incarne dans la banalité du quotidien.

Parties de Ternopil, ville tranquille de l'Ouest ukrainien, Ilona Melnychenko et Yustyna Tril sont arrivées au Québec en avril 2022.

Yustina a déposé ses bagages la première. Mon frère habite au Québec depuis quelques années, raconte-t-elle. Sans trop de difficulté, son fils de 14 ans, Maksym, et elle ont temporairement trouvé refuge à Saint-Raymond de Portneuf, avant de partir pour la ville de Québec.

Ilona et sa fille du même nom, âgée de 10 ans, sont venues les rejoindre deux semaines plus tard. Il n'était pas question pour elles de demeurer en Pologne, trop près d'une Russie agressive.

Ilona a donc saisi l'opportunité offerte par le Canada et est partie le plus loin possible de la guerre. Elle a fait signe à son amie Yustina, son seul contact au Québec. Les deux femmes habitent aujourd'hui avec leurs enfants dans un appartement de Charlesbourg.

La vie commune permet des économies, mais aussi d'alléger le fardeau qu'elles traînent depuis l'Ukraine. Il y a quelqu'un à côté avec qui tu peux parler. Seule, c'est difficile.

Quatre personnes se tiennent debout dans un appartement

Maksym, Yustina, Ilona et Ilona refont tranquillement leur vie à Québec, après avoir fui l'Ukraine au printemps 2022.

Photo : Radio-Canada / David Remillard

Les deux mères n'avaient jamais pensé se retrouver à des milliers de kilomètres de l'autre côté de l'Atlantique, l'Ukraine en proie à la guerre. Nous avions de bons travails [sic], nos maisons, tout allait bien, affirme Yustina. On ne pensait pas quitter notre pays un jour. C'est difficile d'être déracinés et de recommencer ailleurs.

La plupart des Ukrainiens ne croyaient pas que le conflit allait durer si longtemps.

On espérait que la guerre se termine bientôt. On voulait retourner en Ukraine tout de suite.

Une citation de Yustina Tril

Les conjoints des deux femmes sont restés derrière. À quelques exceptions près, tous les hommes de 18 à 60 ans sont forcés de demeurer au pays pour combattre, soutenir l'effort de guerre et assurer des services à ceux qui refusent de partir.

Jusque-là calme et posée au cours de l'entrevue, Ilona craque. Son mari est mort au combat, souffle-t-elle en ukrainien. Cette pensée douloureuse lui crispe le visage. Yustina, le regard préoccupé, répond seulement que son conjoint est toujours là-bas. Un silence envahit la salle à manger.

Incapables d'envisager un retour à la maison dans un contexte incertain, elles n'ont d'autre choix que de se préparer à rebâtir leur vie à Québec.

Une mère et sa fille s'enlacent dans un appartement aux murs blancs

Les deux Ilona refont leur vie à Québec. Mère et fille apprennent le français, chacune à leur rythme. La cadette suit les traces de sa mère et souhaite devenir chirurgienne maxillofaciale.

Photo : Radio-Canada / David Remillard

Des barrières

Les Ukrainiennes et les Ukrainiens venus au Canada font face aux mêmes défis que la plupart des personnes immigrantes. Mis à part un montant ponctuel de 3000 $ par adulte et de 1500 $ par enfant reçu du fédéral à leur arrivée, aucune aide financière particulière ne leur a été fournie.

Quant au Québec, la province offre une allocation de francisation de quelques centaines de dollars par mois. Selon les situations, une aide de dernier recours au même titre que tous les autres citoyens et aux nouveaux arrivants est aussi disponible.

Ilona, 33 ans, est dentiste en Ukraine. Elle travaille comme assistante dentaire. Mon diplôme ne fonctionne pas ici, dit-elle, aidée par une interprète pour s'exprimer. J'ai besoin d'encore aller étudier. C'est très compliqué. Le problème, c'est la langue française. C'est une étape plus difficile pour moi. Elle veut apprendre la langue, insiste-t-elle, ne serait-ce que pour communiquer avec les patients. Mais la courbe d'apprentissage est abrupte, concède-t-elle.

Yustina vit la même chose. Entrepreneure et physiothérapeute dans son pays, la femme de 35 ans ne peut pas pratiquer sa profession malgré ses diplômes universitaires. Son objectif est d'apprendre le français et de refaire sa formation pour qu'elle soit reconnue.

Une femme en patins aide une adolescente à se relever après qu'elle soit tombée sur la glace

Illona et sa fille s'adaptent à la vie au Québec.

Photo : Radio-Canada / David Remillard

Dans l'intervalle, elle peine à trouver un emploi à temps plein. Je travaille dans trois cliniques [de massothérapie], mais j'ai quelques heures seulement, à 20 ou 25 heures par semaine. Ce n'est pas assez pour la résidence permanente et je n'ai pas d'heures garanties, explique-t-elle, craignant pour la suite si elle ne parvient pas à satisfaire le ministère fédéral.

Jusqu'à présent, un peu plus de 6300 demandes de résidence permanente ont été traitées ou sont en traitement à Immigration Canada pour des ressortissants ukrainiens arrivés par l'Autorisation de voyage d'urgence Ukraine-Canada.

Source : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada

Les enfants vivent aussi leur lot de défis.

Le jeune Maksym, malgré la francisation à la Polyvalente de Charlesbourg, trouve encore les échanges ardus avec ses camarades de classe. Il s'adapte tranquillement. C'est difficile de parler, c'est une grande barrière, convient sa mère, qui observe tout de même des progrès depuis le début de l'année scolaire. Je le regarde évoluer chaque mois. Il revient parfois à la maison et me dit que ç'a bien été.

L'adolescent rêve de devenir vétérinaire et de jouer au hockey. Il chausse les patins pour la première fois cet hiver et apprend les rudiments du sport national canadien.

Un garçon portant des vêtements noirs patine

Maksym apprend à patiner cet hiver et souhaite jouer au hockey.

Photo : Radio-Canada / David Remillard

La petite Ilona se débrouille plutôt bien jusqu'ici, dit-elle à son tour. Son français est déjà fluide et elle tient la conversation en moins de deux ans de cours de français. Suivant les traces de sa mère, elle veut devenir chirurgienne maxillofaciale et est déterminée à y parvenir.

Bien qu'elle soit concentrée sur son parcours scolaire, Ilona s'ennuie souvent de chez elle. Ma grand-mère, mon grand-père, ma tante et mes animaux sont tous restés en Ukraine, dit-elle. Se faire de nouveaux amis au Québec n'est pas chose facile non plus. Parce que je suis immigrante. Il y en a beaucoup qui ne veulent pas être avec moi parce qu'ils croient que je ne parle pas bien le français.

Leurs mères sont prêtes à tout pour les voir s'épanouir. Leur plus grand souhait? Pas de stress, la santé et un bon travail.

Les enfants sont eux aussi coincés entre deux pays. Ils demandent souvent s'ils vont retourner en Ukraine.

Une citation de Ilona Melnychenko
Une femme et deux jeunes se tenant debout sur une patinoire, devant un ciel bleu

Les deux Ilona et Maksym profitent de l'hiver et du froid québécois.

Photo : Radio-Canada / David Remillard

Ne pas oublier

La diaspora ukrainienne était déjà bien représentée au Canada avant l'invasion de février 2022. La ville de Québec comptait aussi une petite communauté. Cette dernière ne s'était jamais vraiment organisée. L'afflux de réfugiés et la guerre ont tout changé.

Bohdana Porada, arrivée au Québec il y a 10 ans, préside depuis l'an dernier la toute nouvelle Alliance des Ukrainiens de Québec. Incapable de rester les bras croisés, elle voulait soutenir ses compatriotes.

Leurs locaux, voisins de l'église de la Nativité, ne paient pas de mine, prêtés gratuitement par la Paroisse Notre-Dame-de-Beauport. En plus d'être un lieu de rassemblement, une petite bibliothèque ukrainienne y est rapaillée, tenant sur quelques étagères seulement.

Plusieurs femmes et leurs enfants profitent de quelques ateliers organisés avec les moyens du bord. On paie le matériel nous-mêmes. Nous sommes toutes des bénévoles, explique Bohdana.

Elle voit passer différents visages, nouveaux et familiers. D'autres ne reviennent plus. Il y en a qui sont retournés en Ukraine malgré tout, confirme-t-elle.

Une femme assise dans un aréna tient un drapeau de l'Ukraine

Bohdana Porada préside l'Alliance des Ukrainiens de Québec bénévolement. Elle multiplie les entrevues, les rencontres, parfois avec le consulat ukrainien, avec les élus, afin d'aider les siens dans cette période difficile.

Photo : Radio-Canada / Guillaume Piedboeuf

L'Alliance touche un peu à tout. Elle aide les familles à naviguer à travers leur société d'accueil, avec l'immigration, l'emploi; elle fournit des informations à ceux qui continuent d'arriver dans la région. Les plus grandes préoccupations? La résidence permanente, l'accès aux services de garde subventionnés et aux allocations familiales, répond-elle.

Si elle salue la générosité du Canada et du Québec, elle admet que plusieurs ont de la difficulté à s'établir et à joindre les deux bouts. L'aide des gouvernements est limitée, mais celle de la population continue de faire la différence.

On parle avec des Ukrainiens et on sait qu'il y a beaucoup de Québécois qui aident énormément et c'est vraiment très apprécié.

Une citation de Bohdana Porada, présidente, Alliance des Ukrainiens de Québec

Bohdana espère que les siens ne tomberont pas dans l'oubli, que les pays alliés de l'Ukraine continueront d'offrir leur soutien. Pour son association, elle demande davantage de financement afin de poursuivre sa mission de soutenir les ressortissants qui en ont besoin.

Elle a un peu l'impression que la population s'est habituée au conflit, que la guerre en Ukraine passe désormais sous le radar. Il y a parfois des gens qui me demandent : "La guerre n'est pas terminée?" [...] La guerre [entre Israël et le Hamas] a commencé, les gens ont changé d'intérêt parce que c'est nouveau, note-t-elle.

Des enfants font des bricolages assis autour d'une table

Les enfants d'Ukraine peuvent participer à des ateliers et des activités offertes à la petite communauté de Québec.

Photo : Alliance des Ukrainiens de Québec

Même deux ans plus tard, Bohdana Porada se souvient de la vague de soutien qui a déferlé après le 24 février 2022. Les voisins se sont présentés avec le repas, un drapeau, un petit bouquet. Je savais que je pouvais compter sur ces personnes-là, raconte-t-elle encore avec émotion.

Elle rappelle que les petits gestes font encore la différence pour continuer d'avancer. C'est dur psychologiquement et mentalement. On ne sait pas combien de temps encore ça va durer.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre ICI Québec

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Québec.