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Kahnawà:ke devient en partie propriétaire d’une ligne d’Hydro, une première

C'est la première fois que la société d'État conclut une entente de copropriété avec un tiers et une communauté autochtone en lien avec un actif de transport.

Trois personnes assises à une table signent un document.

La grande cheffe de Kahnawà:ke, Kahsennenhawe Sky-Deer, le président-directeur général d'Hydro-Québec, Michael Sabia, et le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, ont signé l'entente.

Photo : Radio-Canada / Myriam Boulianne

« Historique ». « Innovant ». « Pionnier ». Le Conseil mohawk de Kahnawà:ke et Hydro-Québec ont officiellement signé jeudi une entente dans laquelle la communauté autochtone devient un actionnaire minoritaire de la ligne Hertel-New York, qui fournira de l'électricité à la Ville de New York.

En vertu de cette entente, la communauté devient propriétaire à 10 % de la ligne, mais l'accord prévoit que sa participation pourrait éventuellement atteindre jusqu'à 49 %.

De mon côté, j'aimerais que le Conseil prenne plus une importante participation, a affirmé la grande cheffe du Conseil, Kahsennenhawe Sky-Deer, en conférence de presse. Mais ça va dépendre de notre tolérance au risque, des taux d'intérêt... il va falloir se concerter dans la communauté afin de décider dans quelle mesure nous voulons nous impliquer.

L'entente entre la communauté autochtone et la société d'État concerne la ligne d'interconnexion Hertel-New York, d'une longueur de 58 km, qui reliera le poste Hertel, à La Prairie, à la frontière de l'État de New York, dans le but de fournir de l'électricité à la Grosse Pomme. Sa mise en service est prévue pour 2026 et son coût est estimé à 1,13 milliard de dollars.

Afin de rendre le partenariat possible, le gouvernement du Québec a dû adopter en 2023 le projet de loi 13 visant à permettre à Hydro-Québec de céder une partie de son réseau de transport à un tiers.

Auparavant, les Premières Nations étaient considérées comme un obstacle. Nous étions exclus [des projets économiques] et les choses se déroulaient sans notre participation. Aujourd'hui, nous prouvons que nous pouvons être de véritables partenaires.

Une citation de Kahsennenhawe Sky-Deer, la grande cheffe du Conseil mohawk de Kahnawà:ke

La révolution économique des Autochtones

Consulter le dossier complet

Des mobile en forme d'animaux.

La grande cheffe a également souligné les liens historiques qui unissent la nation mohawk et la ville de New York. De nombreux travailleurs de l'acier mohawk ont participé à la construction de ponts et de gratte-ciel dans la métropole américaine.

Aujourd'hui, Kahnawà:ke contribue de nouveau à la vie des New-Yorkais en transportant de l'énergie renouvelable qui illuminera la silhouette de la ville qui a été bâtie avec l'aide des Mohawks, a-t-elle rappelé.

En 2021, cette dernière s'était d'ailleurs rendue dans l'État de New York aux côtés de l'ex-PDG d'Hydro-Québec, Sophie Brochu, pour y rencontrer des responsables et des environnementalistes en vue de ce projet d’exportation d’hydroélectricité aux États-Unis.

Trois personnes assises à une table signent un document.

La grande cheffe de Kahnawà:ke, Kahsennenhawe Sky-Deer, le président-directeur général d'Hydro-Québec, Michael Sabia, et le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, ont signé l'entente.

Photo : Radio-Canada / Myriam Boulianne

Quant au président-directeur général d'Hydro-Québec, Michael Sabia, il a déclaré que ce type partenariat – dans lesquels les communautés autochtones participent financièrement à des projets de la société d'État en devenant propriétaires – était désormais une nouvelle manière de travailler avec les communautés autochtones à travers la province.

Une nouvelle façon basée sur la réconciliation économique, a-t-il insisté.

M. Sabia espère également que cette entente servira d'exemple pour de futurs partenariats avec les Autochtones, tout en précisant qu'Hydro-Québec devra s'adapter à chaque communauté.

Dans le même ordre d'idée, la grande cheffe a renchéri que dépendamment de la communauté, du territoire et de la volonté politique, le type de partenariat pourrait être différent, mais elle est convaincue que l'initiative pionnière que Kahnawà:ke a prise peut montrer aux autres communautés que c'est possible.

Des dizaines de millions en retombées

La participation des Mohawks de Kahnawà:ke à la ligne Hertel-New York leur permettra de tirer un revenu de dividende. Michael Sabia a notamment évoqué en conférence de presse un rendement avoisinant les 8 % pour les parts détenues par la communauté.

Hydro-Québec évalue d'ailleurs les retombées à 30 milliards de dollars sur 25 ans, ce qui veut dire que la communauté pourrait obtenir des dizaines de millions de dollars chaque année.

Les revenus permettront ainsi d'investir dans les services à la communauté, que ce soit pour le logement, les infrastructures, le sport ou la culture, a énuméré la grande cheffe Kahsennenhawe Sky-Deer.

[Par exemple], nous avons des besoins du côté du logement. Il y a tellement de besoins, ça sera une question des priorités du jour, car il s'agit d'une entente de 40 ans, a-t-elle précisé.

Il est également prévu dans l'entente qu'Hydro-Québec fasse un don de 10 millions de dollars au nouveau Centre d'art et culture de Kahnawà:ke.

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