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100 ans après leur révolution, les Kunas luttent toujours

Rengifo Navas Revilla porte un chapeau et tient les mains en l'air.

Rengifo Navas Revilla, du Congrès général Guna, a voulu attirer l'attention sur les problèmes d'accaparement des terres et des impacts des changements climatiques pour son peuple lors de l'Instance permanente de l'ONU sur les questions autochtones à New York.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Un siècle après sa révolution, le peuple Kuna (Guna) au Panama est venu à l'ONU dénoncer l’accaparement de ses terres et plaider pour un réel soutien afin de lutter contre les changements climatiques.

Quatre représentants de ce peuple, présent au Panama et aux frontières avec la Colombie, ont pris la parole lors d’un évènement parallèle à la 23e session de l’Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones.

Ils ont rappelé que, près de 100 ans après cette révolution considérée comme un symbole des luttes autochtones pour l’autodétermination et l’autonomie politique, ils doivent encore mener des luttes pour leur survie et leur affirmation.

En février 1925, les Kunas se sont soulevés avec les armes pour contrer les politiques assimilationnistes du gouvernement du Panama. Le soulèvement s'est soldé par un lourd bilan de 27 morts.

Finalement, un accord de paix, impliquant les États-Unis, a été conclu et ces Autochtones ont pu obtenir leur autonomie. Désormais, ce peuple compte plus de 50 000 membres se trouvant dans la capitale panaméenne, les régions frontalières de Colombie et l’archipel de San Blas.

Le journal national avait publié que les peuples autochtones barbares avaient tué [des agents de] la police nationale, comme si la police ne nous avait pas maltraités. Quand nous nous défendons, nous sommes des sauvages, mais lorsqu’ils nous attaquent, ce sont des saints, a résumé le leader Rengifo Navas Revilla.

Deux hommes pensifs.

Anibal Sanchez Vasquez, du Congrès général Guna, espère que la voix de son peuple sera entendue au niveau international. En premier plan, leur avocat Atencio Lopez Martinez.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Malgré l’accord et le développement politique et économique du peuple Kuna, en tant qu’Autochtones, nous sommes toujours ignorés par les États. Ils essaient d’éliminer notre culture, c’est pour cela que nous devons renforcer notre autonomie et éduquer nos jeunes qui sont l’avenir de cette autonomie, a lancé Anibal Sanchez Vasquez, du Congrès général Guna, qui gouverne le peuple.

Les gouvernements s’opposeront toujours à l’autonomie réelle. C'est visiblement l'idéologie du gouvernement blanc. Ils veulent s’opposer parce qu’ils ne comprennent pas notre réalité, a-t-il poursuivi.

Nous n’allons pas laisser notre culture disparaître. Nous nous battrons jusqu’à la fin, comme ils l’ont fait en 1925.

Une citation de Anibal Sanchez Vasquez, du Congrès général Guna

Accaparement des terres

D'après les Kunas, le gouvernement aurait donné une partie de leur territoire à des particuliers.

La lutte des peuples autochtones ne s’arrête jamais. Nous luttons contre les titres fonciers accordés par le gouvernement à ses amis proches. C’est la nouvelle lutte que nous allons mener, a expliqué Rengifo Navas Revilla, aussi secrétaire général de l’organisme de coordination des peuples autochtones du Panama.

Il a dit parler au nom des différents peuples autochtones dont les territoires sont envahis, selon lui. Nous partageons la même voix et je voulais élever notre protestation au niveau international. Le gouvernement doit être conscient qu’il met les pieds sur notre terre ancestrale.

Avec un grand sourire, Rengifo Navas Revilla a raconté une grande victoire l’an dernier. Après une série de manifestations, le Panama a retiré à la minière First Quantum Minerals Canada un contrat qui prolongeait pendant encore 20 ans ses droits d'exploitation de la plus grande mine de cuivre d'Amérique centrale. L’opposition était notamment menée par les communautés autochtones. Rengifo Navas Revilla y avait pris part.

Selon lui, les gouvernements ne pensent pas à la conservation de la nature, mais plutôt à la croissance de l’économie. Cette victoire a beaucoup de signification pour les Autochtones, a-t-il affirmé.

Les luttes des différentes forces populaires du Panama viennent seulement de prendre conscience de quelque chose que nous savons depuis des milliers d'années, à savoir préserver la nature, et surtout la protéger de l'exploitation minière, car c'est comme si on arrachait les entrailles de notre mère.

Une citation de Rengifo Navas Revilla, leader Kuna
Trois hommes devant une personne qui filme.

Plusieurs personnes ont écouté les représentants du peuple Kuna à l'ONU.

Photo : Radio-Canada / Marie-Laure Josselin

Migration et changements climatiques

Une partie du peuple autochtone Kuna vit sur les îles San Blas et subit les conséquences directes des changements climatiques à cause de la montée du niveau de l’eau. L’an dernier, dans un rapport de 52 pages, l’organisme Human Rights Watch a dénoncé la lenteur du gouvernement du Panama à relocaliser les habitants.

Le rapport parle de Gardi Sugdub, une petite île plate et peuplée de près de 1300 habitants située au large de la côte nord du Panama, qui fait partie de la région autonome de Guna Yala. Il n’y a aucune possibilité d’expansion. D’autant plus qu’il y a aussi un problème de croissance démographique dans ces îles Speaker.

C'est pourquoi nous devons nous rendre sur le continent, car parfois les îles ne sont pas en mesure de subvenir aux besoins des personnes et des familles qui y vivent, a indiqué en entrevue avec Espaces autochtones Rengifo Navas Revilla.

Depuis 2010, la communauté a donc accepté à contrecœur, précise le rapport, ce qu’elle considère comme la seule solution réelle et durable : déménager vers un site plus sûr sur le continent.

Or, malgré les promesses du gouvernement du Panama, la relocalisation tarde à se faire.

Les États promettent des millions de dollars pour, par exemple, compenser les effets [des changements climatiques]. Mais souvent, l'argent n'atteint pas les gens. Il va dans l’administration, les frais généraux. Nous ne voyons pas l’argent, mais nous en portons le fardeau au quotidien, a dénoncé Rengifo Navas Revilla.

De plus en plus de membres de ce peuple, particulièrement les jeunes, migrent vers la ville, ce qui entraîne aussi des problèmes de relève, puisqu’ils délaissent le travail agricole.

Les leaders autochtones ont aussi plaidé pour que la culture Kuna soit valorisée en ville.

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