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Ottawa dépensera 3 G$ en 2024-2025 pour les peuples autochtones

Cette année, le budget fédéral prévoit des dépenses avoisinant les 3 milliards de dollars pour les Autochtones à travers le pays, dans un contexte où les ministères des Services aux Autochtones et des Relations Couronne-Autochtones doivent réduire leurs dépenses de 417 millions de dollars au total sur trois ans.

Une personne prend une photo sur la Colline du Parlement alors que le drapeau de la Tour de la Paix flotte en berne après le décès de l'ancien premier ministre Brian Mulroney, à Ottawa, le vendredi 1er mars 2024.

La santé et le soutien de la jeunesse sont les postes de dépense les plus importants.

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

La santé et le soutien de la jeunesse recevront la part du lion des fonds destinés aux Autochtones dans le budget fédéral 2024-2025. Ottawa prévoit investir 1,06 milliard de dollars dans le premier de ces domaines, et 499 millions de dollars dans le second.

En santé, l'accent est mis sur l'amélioration de l'accès aux soins et l'amélioration de l'accès aux services de santé mentale, avec des investissements de 1,06 milliard de dollars (dont 646 millions cette année) et 630 millions de dollars (dont 315 millions cette année), respectivement.

Ottawa compte aussi s'attaquer au racisme envers les Autochtones qui perdure dans le réseau de la santé. Le gouvernement évoque d'ailleurs le Principe de Joyce, que le Québec n'a toujours pas mis en place à la suite du décès de Joyce Echaquan dans des circonstances tragiques en 2020.

Ainsi, 167,6 millions sont annoncés sur cinq ans, mais aucune mesure concrète n'est dévoilée pour éradiquer le racisme en santé.

Des bougies violettes au premier plan et une femme en arrière-plan.

Vigile et hommage à Joyce Echaquan à l'automne 2023. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Budget fédéral 2024

Consulter le dossier complet

La vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, est vue lors d'une conférence de presse, à Ottawa, le mardi 5 décembre 2023.

Ottawa prévoit aussi investir cette année 800 millions de dollars pour soutenir l’application du principe de Jordan. Il s'agit de la seconde moitié d'un investissement de 1,6 milliard de dollars sur deux ans en vigueur depuis 2023-2024.

Le principe de Jordan est une règle juridique qui garantit aux enfants des Premières Nations un accès aux soins de santé avant que ne soit résolue toute question sur l’entité devant payer ces services.

Plus tôt dans l’année, la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations s'est tournée vers le Tribunal canadien des droits de la personne pour faire valoir que le Canada ne parvenait pas à respecter les délais de traitement qu'impose le principe.

Éducation et jeunesse

Pour la jeunesse, l'essentiel de l'investissement servira principalement à soutenir l'éducation de la maternelle à la 12e année ainsi que l'éducation postsecondaire, à hauteur de 490 millions au total pour 2024-2025. D'ici les prochaines années, les investissements dans ces domaines totaliseront 2,5 milliards de dollars.

De plus, 83,7 millions seront alloués pour garantir l’accès des enfants inuit aux services de santé, aux services sociaux et aux services éducatifs. Il s’agit de la deuxième moitié d’une somme totale de 167,5 millions dont le versement a débuté l’an passé.

Jeunes élèves autochtones à l'oeuvre dans leur salle de classe

Ottawa investira 649,4 millions de dollars sur deux ans pour améliorer l’enseignement primaire et secondaire dans les communautés. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Ils donnent de l’argent à la marge. Ce n’est pas cet argent qui va garantir ces soins, estime Jean-Pierre Aubry, économiste indépendant.

Ottawa met également 1,8 milliard de dollars sur 11 ans – donc un peu plus de 163 millions de dollars par année – à la disposition des communautés autochtones qui veulent exercer leurs compétences en matière de protection de la jeunesse.

En février, la Cour suprême a rejeté les contestations menées par le Québec de la loi C-92. Adoptée dès 2020, elle donne aux communautés la possibilité d'élaborer leur propre système de protection de la jeunesse.

Le gouvernement prévoit aussi injecter des montants pour soutenir la pérennité des langues autochtones. Il revient aussi sur l’annonce faite un peu plus tôt ce mois-ci, concernant le Bureau de l’écran autochtone, qui va bénéficier d’un financement de 13 millions par an de manière permanente.

Pas de grosse annonce pour le logement

Un enfant entre dans une chambre dont les murs sont troués.

De plus en plus de familles ont besoin de réparations et de nouveaux logements, d'autant plus que la population autochtone ne cesse de croître. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Tyson Koschik

Une annonce était particulièrement attendue, notamment de la part de l’Assemblée des Premières Nations (APN), qui n’a pas manqué de le rappeler ces derniers jours : le logement.

Dans son budget, le gouvernement rappelle une annonce de 4 milliards sur sept ans pour la mise en œuvre d’une stratégie de logement en milieu urbain, rural et nordique. À cela s'ajoutent maintenant 918 millions sur cinq ans, dont 176 millions cette année.

Cette somme vise à accélérer les travaux visant à cerner les lacunes en matière de logement et d’infrastructure des Premières Nations, des Inuit et des Métis.

Les communautés autochtones traversent une lourde crise depuis des années. Selon l’APN, combler les besoins en habitation dans les communautés d'ici 2030 coûterait 44 milliards de dollars.

Dans son plus récent rapport, la vérificatrice générale du Canada a vivement critiqué Ottawa pour ses efforts pour lutter contre la crise du logement dans les communautés. Elle soulignait qu'Ottawa a investi 3,86 milliards de dollars ces cinq dernières années, soit une petite fraction des investissements qui seraient nécessaires pour répondre aux besoins en la matière, note Karen Hogan.

La présence de plus en plus accrue d’Autochtones vivant en ville oblige le gouvernement à prendre en considération leurs besoins. Le fédéral mise ainsi sur un appui aux centres d’amitié autochtone auxquels il versera 30 millions cette année et 30 millions de plus l’an prochain.

Selon l’Association nationale des centres d’amitié, le pays compte 119 centres. La somme allouée par le fédéral équivaut ainsi à environ 252 000 $ par centre par année.

Quelques mesures ciblées :

  • 57,5 millions sur trois pour la construction d’un centre de soins contre l’exposition au mercure et d’une usine de traitement des eaux usées à Grassy Narrows.
  • 20 millions pour soutenir les fouilles du site d’enfouissement de Prairie Green, au Manitoba, où se trouveraient potentiellement les corps de deux femmes disparues. Une annonce faite il y a trois semaines et qui s'ajoute aux 20 millions du Manitoba.
  • 5,2 millions sur deux ans pour financer le Centre Dechinta qui favorise l’accès à une éducation postsecondaire culturellement adaptée pour la population étudiante autochtone du Nord.

Sécurité

En 2023, le gouvernement fédéral avait déjà décidé de soutenir financièrement la mise en place d’un système d’alerte Robe rouge qui vise à informer le public lorsqu’une femme autochtone disparaît. Pour l’heure, ce système n’existe toujours pas, mais le gouvernement souhaite continuer de soutenir sa création à hauteur de 1,3 million sur trois ans.

Les services de police sont aussi un dossier important dans les communautés, et même s’ils dépendent des provinces, le gouvernement libéral accordera 267,5 millions sur cinq ans.

Alors que de plus en plus de personnes tombent dans une forme de négationnisme des pensionnats pour Autochtones, une ligne du budget fédéral évoque un financement de 1,66 million pour les trois prochaines années visant à établir un programme de lutte contre ce phénomène.

Porte d'entrée de l'ancien pensionnat pour Autochtone de Kamloops, avec en premier plan un arbre et un linge orange.

La congrégation religieuse des Soeurs de Sainte-Anne s’occupait de quatre pensionnats pour Autochtones en Colombie-Britannique, dont le pensionnat de Kamloops, en collaboration avec les Oblats de Marie Immaculéw entre 1890 et 1969. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Andrew Lee

Globalement, le budget consacré aux Autochtones n’impressionne pas Jean-Pierre Aubry, économiste indépendant, qui souligne que le gouvernement a commencé très fort il y a quatre ans et a dépensé beaucoup à droite et à gauche pour les Autochtones.

Aujourd’hui, il déplore qu’aucun plan à long terme ne se dresse.

C’est juste une longue liste de programmes. Il suffit de lire les verbes qu’emploie le gouvernement dans le budget, ça vous dit quel est le ton : "investir", "soutenir", "améliorer"… Il n’y a rien qui dit qu’on sait où on va aller sur le long terme, quels seront les gains, quelles sont les visées pour le taux de chômage dans les communautés, par exemple. Il n’y a pas de plan.

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