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Ouverture d’une enquête publique sur le décès tragique de Raphaël André

Deux femmes innues et des portraits de Raphaël Napa André.

Suzanne André, la mère de Raphaël Napa André, et Alexandra Ambroise, responsable des opérations à la tente Raphaël du Square Cabot.

Photo : Facebook/Alexandra Ambroise

Le bureau du Coroner a annoncé lundi la tenue d’audiences publiques, en mai et en juin prochains, pour examiner les circonstances du décès tragique de Raphaël Napa André.

Cet Innu de 51 ans, originaire de Matimekush-Lac John, avait été retrouvé mort de froid dans des toilettes publiques de Montréal le 17 janvier 2021, non loin du refuge La Porte Ouverte, qu’il avait l’habitude de fréquenter.

Habituellement ouvert 24 heures sur 24, le refuge avait été temporairement fermé la nuit à cause d’une éclosion de cas de COVID-19.

Le décès de Raphaël André avait suscité l’indignation et ravivé le débat sur le manque de moyens publics pour aider les personnes en situation d’itinérance à Montréal. Il avait aussi rappelé la surreprésentation des Autochtones chez les sans-abri.

Très rapidement, des leaders autochtones s'étaient mobilisés pour installer une halte-chaleur, la tente chauffante Raphaël André, au square Cabot, afin d'offrir nourriture et abri à ceux qui en ont besoin.

Plan large de la tente Raphaël André, de nuit.

La tente Raphaël André, installée au square Cabot, en 2022. (Photo d'archives)

Photo : Ivanoh Demers

Aucune amélioration

Nakuset, la directrice générale du foyer pour femmes autochtones de Montréal, qui a été à l’initiative de la tente Raphaël, accueille positivement la nouvelle de ces audiences publiques. Ils veulent avoir une opinion, c’est bien, approuve celle qui se dit prête à participer comme personne d’intérêt.

Avant la mort de Raphaël André, j’avais déjà alerté sur le risque de voir des personnes mourir dans la rue à cause du manque de solutions d’hébergement, se souvient-elle. Depuis ce drame, pourtant, elle a l’impression que la situation n’a pas évolué. Au contraire, s’indigne-t-elle, elle a empiré.

Pour ma part, je ne vois aucune amélioration. Les refuges sont pleins, et le nombre d’Autochtones en situation d’itinérance ne cesse d’augmenter. Allez voir sur l’avenue du Parc, il y a plein d’Inuit et de membres des Premières Nations. Que font les pouvoirs publics? C’est comme s’ils n’apprenaient rien, c’est frustrant.

Une citation de Nakuset, directrice générale du foyer pour femmes autochtones de Montréal

Malgré la publication du rapport de l'Ombudsman de Montréal sur l’itinérance des Inuit et des autres membres des Premières Nations à Montréal, en 2022, rien n'a changé, poursuit-elle. Le document, intitulé Ne pas détourner le regard, mettait en évidence la grave crise humanitaire qui sévit au cœur de la métropole et sommait la Ville de Montréal de passer à l'action.

Les personnes qui gèrent les refuges, pourtant, continuent à courir après les fonds, observe encore Nakuset.

Des enjeux d'intérêt public

Sur les milliers de dossiers examinés chaque année par le bureau du coroner, seuls quelques-uns sont traités sous forme d’une enquête publique, les autres étant étudiés de façon privée.

Il ne s’agit pas de se prononcer sur la responsabilité civile ou criminelle d’une personne, rappelle le porte-parole du bureau du coroner. L’enquête publique est un outil de recherche qui permet d’établir les causes et circonstances d’un décès et, s’il y a lieu, de formuler des recommandations pour une meilleure protection de la vie humaine.

Si le coroner décide de recourir à ce mode d'enquête, c'est parce qu'il estime que la portée des enjeux mérite de faire l’objet d’un traitement différent, sous l'œil du public, qui a avantage à entendre l’information, précise-t-on également du côté de l'institution.

Des audiences publiques s’étaient ainsi tenues pour examiner les circonstances troubles dans lesquelles Joyce Echaquan, femme atikamekw de 37 ans, était morte au Centre hospitalier régional de Lanaudière.

Les audiences publiques sur le décès de la jeune femme s'étaient tenues huit mois après son décès. Celles entourant le décès de Raphaël André auront lieu plus de trois ans après sa fin tragique. Pourquoi ce délai? Le bureau du Coroner se refuse à tout commentaire au sujet de l’enquête, pour préserver l’indépendance et l’impartialité du processus.

Les personnes qui souhaitent obtenir le statut de personne intéressée et témoigner lors des audiences publiques doivent adresser une demande écrite à la coroner avant le 1er mars 2024. Elles seront entendues du 13 au 24 mai et du 3 au 14 juin 2024 au point de service de justice de Longueuil.

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