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[Lettre ouverte] Minéraux critiques : pas de lithium sans les Premières Nations

Les Premières Nations anishinabeg d’Abitibiwinni et de Lac-Simon déplorent le manque de considération de la minière australienne Sayona et du gouvernement du Québec dans le projet Lithium Amérique du Nord-Authier.

Photo aérienne du complexe Lithium Amérique du Nord.

Le complexe Lithium Amérique du Nord, à La Corne.

Photo : Gracieuseté - Sayona

Alors que les principaux acteurs de l’industrie minière se rassemblent cette semaine à Québec dans le cadre du congrès Québec Mines + Énergies (QM+É), il est nécessaire de rappeler que les principaux minéraux critiques de la stratégie québécoise se trouvent tous sur des territoires ancestraux non cédés de Premières Nations.

Plus concrètement, nous, les Premières Nations Anishinabeg d’Abitibiwinni et de Lac-Simon, sommes confrontées au manque de considération de la minière australienne Sayona et du gouvernement du Québec qui refusent encore aujourd’hui de nous traiter comme de réels partenaires, perpétuant ainsi des pratiques colonialistes d’un autre siècle. Ensemble, ils compromettent la stratégie du Québec sur les minéraux critiques.

En effet, Québec persiste à refuser de partager avec les Premières Nations une portion des redevances minières que le gouvernement retire des mines sur nos territoires. Pourtant, cette pratique est courante ailleurs au Canada. Les gouvernements de l’Ontario et de la Colombie-Britannique montrent la voie à suivre et partagent les redevances minières depuis plusieurs années.

Du côté de Sayona, on assiste à une triste pièce de théâtre. Alors que la compagnie ne cesse de dire qu’elle souhaite établir un partenariat avec nous, après bientôt deux ans à la table de négociation, elle refuse toujours de nous inclure dans la seconde transformation du lithium, une composante clé. Pourtant, cette seconde transformation est la partie la plus profitable d’un projet de lithium.

Le gouvernement du Québec et Sayona savent très bien pourtant qu’en vertu du droit canadien, de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, et des principes de la réconciliation économique, un partenariat avec nos Premières Nations est incontournable pour tout projet minier envisagé sur nos territoires ancestraux non cédés.

Au-delà des belles paroles de réconciliation et des beaux principes qui seront énoncés pendant QM+É, il est plus que temps que Québec, Sayona et toute l’industrie minière ajustent leur approche et proposent enfin de réels partenariats avec les Premières Nations. Le développement minier doit également être concilié avec notre intention de protéger nos territoires et de maintenir notre culture et nos traditions pour nos futures générations.

Devant le refus incessant de Québec de partager équitablement les redevances minières, et la mauvaise foi de Sayona à la table de négociation, un constat s’impose : il n’y aura pas d’acceptabilité sociale pour nos Premières Nations. Cela implique que nous ne donnerons pas notre consentement au mégaprojet combiné Lithium Amérique du Nord-Authier de Sayona et que nous nous opposerons à toute activité de la minière sur nos territoires.

Cela fait plus d’un siècle que les richesses minérales de nos terres sont explorées et exploitées par le gouvernement du Québec et l’industrie minière sans notre consentement et sans une juste compensation. Nous n’acceptons pas que cette nouvelle génération de mines répète les erreurs du passé. Nous refusons de continuer à être ignorés par l’industrie et les gouvernements.

Cheffe Chantal Kistabish, Conseil de la Première Nation Abitibiwinni

Chef Lucien, Conseil de la Nation Anishnabe de Lac-Simon

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