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Une enseignante appelle à une exemption complète de la loi 96 pour les Autochtones

Au Québec, seulement 8 % des Autochtones détiennent un diplôme universitaire alors que 25 % des non-Autochtones en ont un.

La façade du collège John Abbott.

Les étudiants autochtones des cégeps anglophones sont dorénavant exemptés de l’épreuve uniforme de français.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Bien que les étudiants autochtones des cégeps anglophones soient dorénavant exemptés de l’épreuve uniforme de français, la loi 14 – qui découle de l'adoption du projet de loi 96 – est une entrave pour l’apprentissage de leur langue ancestrale, clame une professeure mohawk.

Pour Kim Tekakwitha Martin, Mohawk de Kahnawake et directrice adjointe des études de l’éducation autochtone au Cégep John Abbott, les effets de cette loi adoptée il y a un peu plus d'un an se font déjà sentir sur les étudiants autochtones, notamment pour celles et ceux des communautés où l’anglais est parlé.

Au même titre que les Québécois, les Autochtones de la province tentent de préserver leurs langues. Nous comprenons mieux que quiconque ce combat linguistique, puisque les institutions se sont efforcées de décimer nos idiomes durant des siècles, déclare la directrice adjointe en entrevue téléphonique.

Elle précise toutefois que la loi 14 oblige les étudiants des cégeps anglophones à suivre trois cours enseignés en français pendant leurs études collégiales. Les Autochtones sont à nouveau pénalisés, s’insurge-t-elle. On leur impose des cours de français supplémentaires faisant des langues autochtones une "seconde classe".

Visage d'une femme.

Kim Tekakwitha Martin est directrice adjointe des études de l’éducation autochtone au cégep John Abbott

Photo : John Abbott College

La Décennie internationale des langues autochtones

Consulter le dossier complet

Un tableau noir où est écrit Bienvenue en plusieurs langues autochtones.

Kim Tekakwitha Martin raconte qu’après de multiples efforts et combats, les jeunes issus des Premières Nations sont aujourd’hui davantage ancrés dans leur culture, celle de leurs ancêtres.

La langue autochtone est de plus en plus la première langue apprise dans certaines communautés, se réjouit-elle. On le voit bien ces dernières années, les communautés ont commencé à faire des avancées notables dans la revitalisation des langues avec un accès gratuit et accessible. C’est d’ailleurs le cas du kanien'kéha, le nom de la langue mohawk.

Nous n’avons jamais choisi de parler l’anglais. Cela nous a été imposé par le système colonial. Maintenant qu’on essaye de sauver notre propre langue, on nous en impose une autre.

Une citation de Kim Tekakwitha Martin, directrice adjointe des études de l’éducation autochtone au cégep John Abbott

La coupe est pleine!

Car la loi 14, qui vise à protéger la langue française au Québec, a des conséquences néfastes sur les étudiants autochtones anglophones, assure-t-elle. La coupe est pleine! C’est une barrière à la réussite scolaire et professionnelle qui s’ajoute à tant d’autres dans l’épanouissement de nos jeunes fréquentant les établissements de la province.

Dans les faits, même si la loi exempte les étudiants autochtones de l’examen de fin de français, il ne s’agit là que d’un seul article du projet de loi, précise-t-elle. Les étudiants sont toujours dans l’obligation de suivre des cours de français supplémentaires. Ce temps qu’ils passent à apprendre une autre langue les empêche d’apprendre la leur.

C’est pourquoi la directrice adjointe des études de l’éducation autochtone demande au gouvernement d’invalider la loi pour les membres des Premières Nations anglophones et les Inuit. Il y a des établissements qui se retrouvent à devoir annuler des cours d’apprentissage du cri ou d’inuktitut puisque les cours préparatoires en français entraînent un faible taux d'inscription dans les cours de langue autochtone.

Je pense aussi aux jeunes Inuit qui arrivent du Grand Nord et qui vivent l’isolement et le choc culturel à Montréal. Maintenir un lien avec leur langue ancestrale est parfois l’unique façon des garder contact avec leur communauté.

Une citation de Kim Tekakwitha Martin, directrice adjointe des études de l’éducation autochtone au cégep John Abbott

Kim Tekakwitha Martin, dont le père a subi enfant la maltraitance dans un pensionnat pour Autochtones, pense qu’imposer la langue française aux étudiants est vécu comme une énième tentative d’assimilation, alors qu’ils représentent un groupe déjà marginalisé et sous-représenté dans les écoles postsecondaires.

Les autorités utilisent le système d'éducation comme un outil d’oppression déjà utilisé sur nos aïeux depuis des générations, avance-t-elle.

Au Québec, seulement 8 % des Autochtones détiennent un diplôme universitaire alors, que 25 % des non-Autochtones en ont un. Ainsi le gouvernement du Québec crée un obstacle majeur pour les jeunes autochtones durant leurs études au niveau collégial, croit la directrice adjointe.

Plusieurs choisissent d’aller étudier dans une autre province. Ils quittent leur famille et augmentent leur prêt étudiant parce que, chez eux, il est devenu impossible d’avoir une scolarité normale, conclut-elle.

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