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En Afrique du Sud, le cri de détresse de la dernière locutrice du nluu

Katrina Esau, une Autochtone sud-africaine de 90 ans, mène un ultime combat pour préserver sa langue maternelle.

Ouma Katrina Esau, en tenue sud-africaine, assise sur une chaise.

Ouma Katrina Esau, la dernière personne connue qui parle couramment la langue autochtone nluu, pose pour une photo dans sa maison à Upington, dans la province de Cap Nord, en Afrique du Sud, le 18 avril 2023.

Photo : Reuters / ESA ALEXANDER

Reuters

Lorsqu'elle était petite fille dans la province de Cap Nord, en Afrique du Sud, Katrina Esau a cessé de parler sa langue maternelle, le nluu, après avoir subi les moqueries des autres, qui raillaient une « langue laide ».

Aujourd'hui âgée de 90 ans, elle est la dernière locutrice connue du nluu, l'une des langues autochtones d'Afrique du Sud qui ont été pratiquement éradiquées sous les effets du colonialisme et de l'apartheid.

Nous avons eu honte lorsque nous étions jeunes filles et nous avons cessé de parler la langue, a déclaré Mme Esau à l'agence Reuters. À la place, elle parlait l'afrikaans, la langue prônée par la minorité blanche qui était au pouvoir en Afrique du Sud.

Plus tard, à l'âge adulte, Mme Esau a pris conscience de l'importance de préserver sa langue maternelle et a fondé une école dans sa ville natale d'Upington pour tenter de la transmettre.

Le nluu était parlé par l'un des nombreux groupes de chasseurs-cueilleurs qui peuplaient l'Afrique australe avant l'arrivée des colonisateurs européens. Ces peuples autochtones parlaient des dizaines de langues de la famille san, dont beaucoup ont disparu.

La Décennie internationale des langues autochtones

Consulter le dossier complet

Un tableau noir où est écrit Bienvenue en plusieurs langues autochtones.

Si Ouma meurt, tout meurt

Pendant le colonialisme et l'apartheid, Ouma Katrina et d'autres groupes [autochtones] n'ont pas été autorisés à parler leurs langues, celles-ci étaient mal vues, et c'est ainsi que nous en sommes arrivés au point où il n'y a qu'un nombre minime de locuteurs, a déclaré Lorato Mokwena, linguiste à l'université sud-africaine du Cap-Occidental.

Il est important que tant qu'Ouma Katrina existe, nous fassions de notre mieux pour préserver la langue et la documenter, a-t-elle ajouté.

Ouma, ou grand-mère Katrina, a commencé à enseigner le nluu aux enfants de la région vers 2005 et a ensuite ouvert une école avec sa petite-fille et l'activiste linguistique Claudia Snyman.

Mais les locaux de l'école ont été vandalisés pendant le confinement de la COVID-19 et sont désormais abandonnés.

Je suis très inquiète. La langue n'est pas encore là où elle devrait être. Si Ouma meurt, tout meurt, a déclaré Mme Snyman, dont le rêve est d'ouvrir un jour sa propre école et de perpétuer l'héritage de sa grand-mère.

Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour l'aider à empêcher cette langue de mourir, a déclaré Mme Snyman.

Mme Esau a deux sœurs encore en vie, mais elles ne parlent pas le nluu, et elle ne connaît personne d'autre qui le parle, à l'exception des membres de sa famille et de ses enfants à qui elle a appris quelques mots et phrases.

Parler à quelqu'un [en nluu] me manque, dit-elle. Ce n'est pas agréable. Vous parlez, vous marchez, vous savez qu’il vous manque quelqu'un qui peut s'asseoir avec vous et parler nluu avec vous.

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