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[Lettre ouverte] Journée de la robe rouge : un appel à l’action et à la transparence

Michèle Audette, Marion Buller, Brian Eyolfson et Qajaq Robinson, ex-commissaires de l'ENFFADA, s'inquiètent de la persistance de la violence envers les femmes et les filles autochtones.

Les ex-commissaires de l'ENFFADA Marion Butler, Brian Eyolfson, Qajaq Robinson et Michèle Audette lors des cérémonies de clôture de leurs travaux.

Les ex-commissaires de l'ENFFADA Marion Butler, Brian Eyolfson, Qajaq Robinson et Michèle Audette lors des cérémonies de clôture de leurs travaux. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Le 5 mai 2023, qui marque la Journée de la robe rouge, près de quatre ans se seront écoulés depuis que nous avons déposé notre rapport final, « Réclamer notre pouvoir et notre place », qui comprenait 231 appels nationaux à la justice, ainsi que 21 appels à la justice spécifiques au Québec. Cela fera également presque deux ans que le Plan d’action national pour les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones disparues et assassinées a été publié (2021).

En tant qu’anciens commissaires de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, nous posons la question suivante : qu’est-ce qui a été fait? Quels progrès et quelles mesures concrètes pouvons-nous mettre en avant pour démontrer qu’au Canada, la vie des femmes, des filles et des personnes 2SLGBTQIA autochtones est plus sûre, plus sécuritaire et plus valorisée?

La triste réalité est que nous ne savons pas, et alors que nous demandons à tous les ordres de gouvernement (fédéral, provinciaux, territoriaux et autochtones, ainsi que les administrations municipales) ce qu’ils ont fait pour mettre en œuvre les appels à la justice, les taux de violence continuent d’augmenter, et les corps de femmes, de filles et de personnes 2SLGBTQIA autochtones continuent d’être brutalisés et de disparaître.

Nous craignons que le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones n’ait pas été entendu lorsqu’il a dit : Il faut agir pour les FFADA : ce n’est pas juste l’intention qui compte.

En tant qu’anciens commissaires de l’Enquête nationale sur les FFADA, qui ont solennellement entendu le témoignage de plus d’un millier de membres de familles et de survivantes de la violence, nous sommes fermement convaincus qu’il est de notre devoir et de notre responsabilité de rappeler à tous les gouvernements – fédéral, provinciaux, territoriaux, autochtones et ainsi que les municipalités – que la sécurité des femmes, des filles et des personnes bispirituelles autochtones doit figurer en tête de leur liste de priorités. Chacun a un rôle important à jouer dans la mise en œuvre des appels à la justice et les mesures prises doivent être significatives et favoriser un changement de paradigme.

Pour citer le rapport de l’Enquête nationale sur les FFADA : Les mesures visant à mettre un terme à ce génocide et à redresser la situation doivent être aussi importantes que l’ensemble des systèmes et des actions qui ont contribué à perpétuer la violence coloniale pendant des générations.

Chaque affaire de meurtre, de disparition d’une femme, d’une fille ou d’une personne bispirituelle autochtone, ou de violence à son encontre, touche un être humain – une mère, une sœur, un proche, un être cher, une amie et un citoyen de ce pays. Elles sont des Canadiennes et des êtres humains qui comptent. Elles méritent d’être traitées avec dignité, ce que chaque minute de notre inaction collective nous prive de faire.

Une citation de Michèle Audette, Marion Buller, Brian Eyolfson et Qajaq Robinson

Ce qui est apparu clairement dans notre travail, et qui continue d’être la réalité aujourd’hui, c’est le manque de volonté politique et institutionnelle de la part de TOUS les ordres de gouvernement, qu’il s’agisse des gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux ou autochtones, pour prendre des mesures claires et urgentes. En outre, le manque de transparence et d’intentions claires persiste, de même que l’absence de prise en compte des connaissances et de l’expertise des femmes, des filles, des personnes 2SLGBTQQIA, des familles et des survivantes autochtones dans les mesures qu’ils prennent. Nous ne pouvons pas laisser les jeux de patate chaude entre les gouvernements, les batailles de financement, et les égos, nous empêcher de prendre les mesures nécessaires pour garantir que le droit humain fondamental à une vie digne et sécuritaire soit respecté et protégé pour les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones.

Nous rappelons à tous les gouvernements l’appel à la justice 1.1 et la nécessité de plans d’action et de rapports annuels sur les progrès réalisés, qui évaluent des objectifs concrets et mesurables et en rendent compte. En plus de savoir où l’argent est dépensé, nous devons savoir comment ces mesures profitent directement aux femmes, aux filles et aux personnes 2SLGBTQIA autochtones et comment elles favorisent la sûreté, la sécurité et la justice. Nous rappelons à tous les gouvernements les besoins en matière de transparence et de responsabilisation, et l’appel à la justice 1.7 – créer un poste d’ombudsman national des droits des Autochtones et des droits de la personne, ainsi qu’un tribunal.

Nous rappelons à tous les gouvernements la nécessité de défendre les droits sociaux et économiques des femmes, des filles et des personnes 2ELGBTQQIA autochtones et l’appel à la justice 4.1 – les femmes autochtones doivent avoir accès à des logements sécuritaires, à de l’eau potable et à une nourriture adéquate. Nous sommes conscients qu’il y a beaucoup à faire et qu’il ne suffit pas de claquer des doigts pour résoudre ces problèmes profondément enracinés du jour au lendemain. Mais nous devons commencer à prendre des mesures concrètes dès maintenant. Ce n’est pas en pointant du doigt, en désignant des coupables et en parlant sans agir que l’on améliorera la qualité de vie des femmes, des filles et des personnes 2SLGBTQQIA autochtones.

Chaque seconde d’attente est une seconde de plus où les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones ne sont pas en sécurité et où ce pays est privé des dons incroyables et magnifiques que ces personnes ont à offrir. Chacun d’entre nous, à toutes les étapes, doit agir pour créer un monde où nous pouvons tous nous sentir en sécurité.

À toutes nos sœurs volées.

Les signataires (ex-commissaires de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées) :

Michèle Audette

Marion Buller

Brian Eyolfson

Qajaq Robinson

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