•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

[Lettre ouverte] Formation sur les réalités autochtones : des nuances s’imposent

Deux conceptrices de la formation de sensibilisation aux réalités autochtones pour les employés de l’État ont transmis à Espaces autochtones une lettre ouverte pour expliquer leur démarche et apporter des nuances à l'article Joyce Echaquan : une formation sur les réalités autochtones dénoncée.

Nicole O'Bomsawin.

Nicole O'Bomsawin est une des conceptrices de la formation de sensibilisation aux réalités autochtones pour les employés de l’État.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Dumontier

Les terres et les eaux sur lesquelles nous vivons et travaillons font partie de territoires autochtones qui, depuis les temps immémoriaux, servent de lieu de vie, de rencontres et d’échanges entre les W8banaki, Kanien’keà:ka, Innu, Naskapi, Eeyou, Inuit, Wendat, Atikamekw, Anishinaabe, Mi’gmaq et Wolastogiyk, et d’autres nations qui y vivent aujourd’hui. Nous reconnaissons les conséquences du colonialisme sur ces terres et ces eaux et nous travaillons activement à leur décolonisation.

La lettre est signée par Nicole O’Bomsawin, abénakise, anthropologue et formatrice en sensibilisation aux réalités autochtones depuis plus de 40 ans, et Laurie Guimond, géographe et professeure à l’Université du Québec à Montréal.

C’est en lien avec cette démarche que nous désirons nuancer et rectifier certains propos tenus par Laurence Niosi dans l’article Joyce Echaquan : une formation sur les réalités autochtones dénoncée, paru sur le site de Radio-Canada, Espaces autochtones, le 26 septembre 2022.

Par l’entremise d’une démarche partenariale et relationnelle, nous avons coproduit ladite formation, accompagnées de spécialistes autochtones et allochtones. L’objectif de cette formation – commandée et produite avant le décès de Joyce Echaquan – n’est pas d’assurer la sécurisation culturelle, soit des soins prodigués dans le respect de la culture du patient, ce à quoi l’article de Laurence Niosi nous associe. Un point crucial à souligner est que notre mandat ne ciblait en aucun cas spécifiquement le personnel de la santé et des services sociaux, mais plutôt l’ensemble des employé·e·s de l’État, indépendamment de leur fonction. Il s’agit d’une formation générale accessible en ligne sur les réalités autochtones pour les employés de l’État des secteurs public et parapublic, financée, coordonnée et diffusée par la Direction des relations avec les Autochtones du Secrétariat aux affaires autochtones (SAA), en collaboration avec le Bureau des affaires autochtones du ministère de la Justice (Devis de projet lancé le 22 janvier 2019).

Cette formation, d’une durée de sept heures, a été conceptualisée, produite et évaluée dans le respect d’un processus réciproque de coconstruction continu. L’équipe de gouvernance est formée d’un comité exécutif (responsables gouvernementaux et universitaires), d’un comité consultatif d’expert·e·s nommé·e·s par huit organisations autochtones, y compris eeyou (crie), et d’un comité interministériel. Une première réunion s’est tenue le 13 mai 2019 à Odanak avec le comité expert autochtone pour discuter du fond et de la forme de la formation, de la représentation des Premières Nations et des Inuit, et du rôle du comité consultatif. Plusieurs échanges réguliers s’ensuivirent pour valider les contenus, les participant·e·s pressenti·e·s, l’infographie, les montages vidéo et les activités interactives.

Un éventail de savoirs

Chaque module présente un éventail de savoirs permettant de mieux comprendre les réalités autochtones. La formation comporte plus de 80 capsules vidéo réalisées avec des participant·e·s s’exprimant librement sur un sujet donné, dont plus de 80 % sont des personnes autochtones. La quasi-totalité des personnes sollicitées a accepté l’invitation à faire part de son expertise et de son vécu. Nous leur exprimons à nouveau toute notre gratitude pour leurs généreux partages. 

La formation, telle que diffusée, reflète leurs propos : ceux-ci sont le cœur même de ce projet. En date du 29 septembre 2022, elle a été suivie par environ 200 000 employé·e·s de l’État. La forte majorité des commentaires reçus sont excellents, tant sur le fond que sur la forme. La formation atteint son objectif : 94,8 % des personnes qui l’ont évaluée estiment qu’elle leur a permis de se sensibiliser aux réalités autochtones.

Les manifestations systématiques de l’héritage colonial rappellent que la décolonisation et la lutte contre le racisme, les discriminations et les stéréotypes envers les personnes autochtones constituent un travail collectif et continu. 

Le 28 septembre 2020, la mort tragique et violente de Joyce Echaquan démontrait le besoin crucial d’actions concrètes et ciblées pour le personnel de la santé et des services sociaux. La formation générale dont il est question n’a pas cette prétention : beaucoup plus large, son mandat, réitérons-le, est de sensibiliser les employé·e·s de l’État aux réalités autochtones. Elle représente un tronc commun auquel devront se greffer d’autres formations sectorielles en sensibilisation et en sécurisation culturelle, particulièrement dans les domaines de la santé, des services sociaux, de la justice et de l’éducation. Les valeurs de respect, d’écoute et d’intégrité qui ont guidé notre démarche doivent continuer d’encadrer cet important travail, notamment la création de nouvelles formations, puis les mises à jour et les améliorations continues de celles existantes.

En ce triste anniversaire du décès de Joyce Echaquan et à l’aube de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, nous espérons que les clarifications apportées dans cette lettre permettront de mieux comprendre le contexte et la portée de cette initiative de décolonisation des milieux de travail des secteurs public et parapublic, et des relations respectueuses entre personnes autochtones et allochtones qu’elle peut susciter.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Espaces autochtones

Chaque semaine, suivez l’essentiel de l’actualité autochtone au Canada.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Espaces autochtones.

Espaces autochtones

Un travail journalistique sérieux, constant et curieux est le meilleur moyen de dévoiler et expliquer des réalités que beaucoup ne soupçonnent peut-être pas. Et donc de comprendre. C'est ce que nous nous proposons de faire. Découvrir, informer, comprendre, expliquer.

— Soleïman Mellali, rédacteur en chef