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ChroniqueFermement établir mes limites en tant que personne autochtone

Notre chroniqueuse explique l'importance des ateliers de sensibilisation.

Où fixer les limites quand il est question de racisme? Notre chroniqueuse s'emploie à discuter de la question lors d'ateliers de sensibilisation.

Photo : Gracieuseté : Kijatai-Alexandra Veillette-Cheezo

Juste avant un de mes cours la semaine passée et pendant que je faisais de la rédaction, j’assistais aussi à un webinaire donné par une personne noire. Une question a été posée et, après quelques secondes de silence, j’entendis le conférencier dire en anglais : « Ce moment de silence était pour la stupidité de cette question ».

Sur le coup, j’ai ri.

Je ris quand je suis mal à l’aise et j’étais aussi prise de court par cette réponse du conférencier. C’était donc un mélange de malaise, d’amusement, d’empathie et un choc. Comme lorsqu’on voit quelqu’un trébucher.

Je ne sais pas quelle était la question, car j’étais un peu distraite par mon écriture. Je suis vraiment curieuse de savoir ce qui a provoqué une telle réaction du conférencier. On sentait par contre que c’était une blague, et il a tenté de se rattraper ensuite.

En plus de mes études à l’UQAM et des chroniques que je rédige, j’anime des ateliers de sensibilisation sur les réalités autochtones avec l’organisme Mikana (Nouvelle fenêtre).

Alors, je dois avouer que cette intervention m’a fait réfléchir. Car j’ai reçu toutes sortes de questions pendant mon parcours. Jamais je n’aurais répondu de cette façon et je ne le ferais jamais.

Or, comment faire pour établir nos limites?

L’importance de l’espace public

Étant une de ces personnes qui doit absolument partager ses pensées aux gens autour de moi, j’ai publié sur Facebook ce moment que je trouvais cocasse sur le coup.

Cela avait suscité plusieurs réactions dans mon cercle. D’autres en ont ri, d’autres ont manifesté leur inconfort.

J’étais principalement en accord avec ce qui a été avancé. Fermement, je suis d’avis que ce n’était pas la bonne façon de répondre. Que si on veut sensibiliser les gens, il faut rester ouvert et compréhensif.

Les biais inconscients naissent d’un manque de perspective.

L’ignorance chez les gens peut entraîner des propos discriminatoires et racistes. Et bien souvent, quand on reste ouvert à la discussion et à l’écoute mutuelle, on arrive à se faire comprendre et à déconstruire nos pensées.

Ça va dans les deux sens. On peut toujours apprendre de l’autre. D’où la raison pour laquelle j’adore faire des ateliers de sensibilisation et pourquoi j’ai décidé de me lancer en journalisme.

Il est important d’avoir des débats dans l’espace public pour bien représenter nos différentes perspectives au sein de notre société.

Il est sain de partager et de discuter pour s’entendre sur les meilleures décisions à prendre pour nos communautés.

Partager ce moment alors sur Facebook, m’a permis de développer mes pensées sur les limites établies par les personnes autochtones ou racisées lorsqu’elles sont dans une position de sensibiliser les autres sur leur réalité.

Se protéger face à des comportements inacceptables

Parfois, nous faisons face à des propos racistes et discriminatoires. Comment fait-on alors pour se protéger?

Iljeoma Oluo, l’auteure du best-seller So you want to talkabout race a utilisé un argument intéressant qui, je crois, s'inscrit bien dans cette réflexion.

En résumé, dans un fil de discussion sur Twitter, Oluo (Nouvelle fenêtre) avance le fait que les femmes noires sont perçues comme des femmes noires en colère et remises en question lorsqu’elles établissent fermement leurs limites face à des comportements blessants et racistes.

Alors que celles qu’on remercie sont celles qui sont plus douces dans leur approche.

Elle avance aussi que si nous voulons aider, nous devons supporter les limites des femmes noires et rendre clair que les comportements abusifs et racistes sont inacceptables au lieu de renforcer les attentes établies qui exigent que ces comportements doivent être "gentiment" dénoncés.

Je suis toujours d’avis que la meilleure approche est l’écoute, la compréhension et le respect mutuel. Mais lorsque ce respect est brisé par l’une des parties, il est tout à fait valable de fermement établir nos limites.

Lorsque je reçois des questions qui peuvent être blessantes, je garde toujours la possibilité de ne pas y répondre et d’expliquer pourquoi.

Je fournis aussi des ressources pour que la personne puisse faire ses propres recherches et poursuivre son propre cheminement de sensibilisation. Cela me permet de respecter mes propres limites et d'entretenir mon bien-être mental.

Bref, ce que je tente de dire, c’est qu’il faut évidemment dénoncer les comportements racistes et discriminatoires. Personnellement, je le fais d’une façon plus douce, je l’avoue. Je n’aime pas la confrontation.

Mais il y a des moments qui nécessitent plus de fermeté et cela ne devrait pas être perçu comme étant une mauvaise chose.

Le racisme est inacceptable, tout simplement. Il est encore très présent et on y fait souvent face lorsqu’on fait de la sensibilisation.

Il faut arrêter d’avoir peur de le dénoncer par crainte d’être perçu comme étant déraisonnable et violent ou de blesser l’autre.

La colère est tout à fait justifiée lorsqu’on fait face à une injustice.

Je continue de croire que la meilleure façon de sensibiliser est l’écoute et la compréhension. Je serais donc toujours ouverte à la discussion.

Je vais en revanche travailler à me respecter moi-même lorsque je fais face à des comportements racistes.

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