•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

« L’éducation nous a mis dans ce pétrin… et c’est l’éducation qui nous en sortira »

Une lettre ouverte du directeur du CEPN, Denis Gros-Louis.

La 12e édition des jeux interscolaires se déroule à Québec jusqu’au 12 mai.

Des jeunes des Premières Nations participent aux Jeux interscolaires.

Photo : Fournie par le Conseil en éducation des Premières Nations

Ces mots (Nouvelle fenêtre) prononcés par l’Honorable Murray Sinclair (Nouvelle fenêtre) en 2017 restent toujours appropriés pour parler des obstacles législatifs présents dans le projet de loi 96 (Nouvelle fenêtre).

Le projet de loi, tel que déposé, brime la réussite éducative des enfants et des jeunes des Premières Nations au Québec.

Bien que les propos de monsieur Sinclair mettent en lumière d’un côté les effets dévastateurs des pensionnats indiens et de l’autre la promesse d’un avenir plein d’espoir, ils marquent aussi la complexité du parcours éducatif des Premières Nations.

Sans parler des barrières systémiques, qui sans l’existence d’un cadre législatif propice, rendront tout effort et toute promesse vains.

Alors qu’une vaste proportion de nos jeunes poursuivent leurs études dans le système d’éducation provincial, ils déploient les efforts nécessaires pour apprendre et pour réussir dans une langue seconde, mais enseignée comme une langue première.

En ce sens, le chapitre VIII de la Charte de la langue française (Nouvelle fenêtre) oblige des étudiants pour qui le français n’est qu’une langue seconde à compléter l’épreuve unique de français afin d’obtenir leur diplôme d’études secondaires.

Pour ceux qui poursuivent leurs études en anglais, ils doivent compléter une épreuve de français langue seconde alors que la langue de Molière n’est pour eux qu’une troisième langue.

Quant aux jeunes adultes qui poursuivent des études au niveau collégial, ils doivent combler les exigences à l’emploi et à la qualité de la langue française (chapitre VIII.1 de la Charte).

Comme un jeune étudiant Atikamekw m’a sagement dit : on doit toujours faire deux fois plus d’effort pour pouvoir réussir.

Les conséquences d’une telle situation peuvent être fort dommageables (Nouvelle fenêtre) pour les jeunes des Premières Nations.

La primauté du français en tout temps et tout lieu, et particulièrement au niveau du système scolaire québécois, fait en sorte que ces jeunes Autochtones se désintéressent rapidement des études, se percevant comme inaptes (Nouvelle fenêtre) et déjà placés en échec en plus de se sentir non valorisés sur le plan de leurs langues maternelles (Nouvelle fenêtre).

Il peut s’ensuivre un décrochage scolaire précoce, souvent prélude à un décrochage social, qui ne fait que renforcer dans plusieurs cas l’isolement et la marginalisation des jeunes des Premières Nations du Québec.

On voit donc des jeunes pour qui le rêve de poursuivre une carrière, une profession ou de fonder une entreprise devient le sommet d’une montagne impossible à atteindre, et ce, en grande partie en raison des exigences linguistiques émanant de la Charte et de sa nouvelle mouture, le projet de loi 96.

Nous sommes certainement tous d’accord sur le fait qu’un seul enfant qui ne continue pas ses études, un seul jeune qui décroche est un échec du système scolaire. Mais il est toujours possible de le prévenir et d’y remédier, et ce, sans pénaliser l’essor de la langue française.

Si le gouvernement du Québec veut tendre la main aux Premières Nations, il devrait donc commencer par atténuer ou exempter complètement certaines exigences linguistiques maintenues dans le projet de loi.

Pour revenir aux propos de monsieur Sinclair, je crois fermement que l’éducation est l’élément déterminant pour assurer le développement, la croissance et le bien-être des enfants, de même que pour briser le cycle de pauvreté et aplanir les inégalités.

Au moment où j’écris ce texte, les député.e.s à l’Assemblée du Québec sont en train d’étudier le projet de loi 96 article par article.

C'est à vous que je me dirige notamment : nous avons tous une responsabilité pour assurer que les règles du jeu sont équitables et qu’elles n’ont pas pour effet de brimer le succès scolaire et éducatif des jeunes des Premières Nations au Québec.

Denis Gros-Louis, directeur général, Conseil en Éducation des Premières Nations (Nouvelle fenêtre)

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Espaces autochtones

Chaque semaine, suivez l’essentiel de l’actualité autochtone au Canada.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Espaces autochtones.

Espaces autochtones

Un travail journalistique sérieux, constant et curieux est le meilleur moyen de dévoiler et expliquer des réalités que beaucoup ne soupçonnent peut-être pas. Et donc de comprendre. C'est ce que nous nous proposons de faire. Découvrir, informer, comprendre, expliquer.

— Soleïman Mellali, rédacteur en chef