La
région de Masisi, au Congo, était autrefois un paradis
de l'élevage bovin. Aujourd'hui, elle regorge d'un minerai
rare et de grande valeur, le coltan, une abréviation pour
Colombo-Tantale. Les carrières sont à ciel ouvert,
les éboulements, très fréquents. Être
un mineur de coltan c'est un métier dangereux. Dans certaines
régions, le coltan peut même être radioactif.
Les
hommes travaillent par groupe de cinq avec une méthode qui
ressemble à celle qu'utilisait les premiers chercheurs d'or.
Sur le bord d'un étang d'eau, ils nettoient des poignées
de boue à la recherche de minuscules morceaux de ce minerais.
Ils se partagent à la toute fin le profit de la récolte.
C'est un travail très difficile mais rentable.
Dans
le coltan, ce qui est recherché, c'est le tantale. Le pentoxide
de tantale est reconnu pour sa dureté et sa résistance
extrême à la chaleur et à la corrosion. Il sert
à fabriquer des pièces d'avions, de fusées,
d'outils de précision, mais surtout des condensateurs pour
les téléphones cellulaires (portables), et les ordinateurs.
Le
Canada produit du tantale en petite quantité à la
mine Tanco du Manitoba, une filiale de l'américaine Cabot.
L'Australie et le Brésil sont aussi des gros producteurs.
À
Noël de l'an 2000 Sony a dû affronter des millions de
consommateurs dont les enfants étaient furieux parce qu'une
pénurie mondiale de tantale l'a empêché de fabriquer
sa plate-forme de jeu vidéo Play Station 2 en quantité
suffisante. Cette crise a fait monter le prix du coltan jusqu'à
800 dollars la livre.
Avec
une telle valeur, ce précieux coltan fait l'objet de toutes
les convoitises. Et qui dit « convoitise », dit souvent
« pillage ». Au Congo, c'est la guerre. La région
était il y a peu livrée aux bandes armées et
aux pillards venus de toutes parts. Les soldats rwandais font à
peu près régner l'ordre mais les villages doivent
encore se protéger par des hommes armés.
De
la mine aux fabricants
Les
mineurs, après avoir passé leur marchandise par un
inspecteur, suivent leur sac de coltan jusqu'au comptoir où
le minerai sera échantillonné et analysé. Selon
la pureté du produit, et son poids, le mineur recevra son
salaire. D'après ces premiers acheteurs, un minier peut gagner
jusqu'à 115 dollars en deux semaines. Pour gagner la même
chose, un paysan devrait récolter des haricots pendant un
an et demi!
La
deuxième étape est de passer des aimants au travers
du lot pour y retirer toutes impuretés. Le coltan est ensuite
séché, écrasé et mélangé
pour devenir une poudre fine et homogène. Les premiers acheteurs
accumulent ainsi jusqu'à cinq tonnes qu'ils vendent à
des courtiers. Ils ne peuvent alimenter directement les fabricants,
la plupart du temps pour des raisons politiques.
En
effet, à cause d'un embargo moral organisé contre
le coltan du Congo, officiellement, les deux plus grands raffineurs
de tantale, l'américaine Cabot et Starck, la filiale de la
multinationale allemande Bayer, refusent d'acheter le coltan du
Congo. Dans les faits, les intermédiaires se multiplient
pour camoufler la vraie source, mais le coltan du Congo finit toujours
par s'y rendre. Il transite parfois par le Rwanda et la Tanzanie
vers l'Europe (la Belgique surtout), le Kazakhstan ou encore l'Asie
(Thaïlande, Japon). De là, le coltan est renvoyé
vers les raffineurs occidentaux.
La
guerre et les diamants
Cette
guerre où tout le monde pille les richesses du Congo a pris
naissance à Kigali, capitale du Rwanda. Des millions de Tutsis
et Hutus modérés y ont massacrés en trois mois
de génocide en 1994. Huit ans plus tard on retrouve encore
des victimes. Les tueurs, des Hutus de l'armée et du groupe
Interhamwe se sont enfuit au Congo devant les troupes rebelles Tutsis
qui ont pris le pouvoir. En 1998, la nouvelle armée du Rwanda
profite de la rébellion contre le dictateur Mobutu pour envahir
le Congo, officiellement à la poursuite des auteurs du génocide.
Depuis c'est la guerre. Près de 3 millions de morts en quatre
ans. Les soldats rwandais se battent contre l'armée du Congo,
celle de son allié l'Ouganda et toutes sortes de groupes
armés, rebelles ou bandits. Et tout le monde se sert au passage.
À
Kisangani, en plein cur du Congo, ce n'est toutefois pas du
coltan, mais des diamants qu'on pille. Car les diamants se retrouvent
aussi en abondance dans ce pays. Une richesse naturelle qui ne fait
que donner une autre raison de dispute. Que ce soit le régime
de Mobutu ou le régime de Kabila, c'est du pareil au même,
le pillage continue, avec les Rwandais et leurs alliés, les
rebelles du RDC.
Comme
le coltan, le diamant est miné par des petits creuseurs,
on les appelle les « boulonneurs ». Il n'y a pas d'exploitation
industrielles du diamant. Elle est essentiellement artisanale. Or,
pour que les diamants, le coltan, l'or, le cobalt, le bois précieux,
toutes les richesses du Congo cessent d'alimenter une guerre particulièrement
barbare, une commission des Nations unies recommande un embargo.
Selon d'autres analystes, un embargo n'est pas la solution. Non
seulement la guerre ne s'arrêterait pas, mais cela créerait
des milliers de chômeurs et ferait souffrir de pauvres paysans.
La
fin de l'occupation du Congo par le Rwanda ne va pas mettre un terme
au chaos, et le pillage du Congo, de ses diamants, de son coltan,
ne va pas cesser pour autant. Il a commencé au siècle
dernier avec le roi belge Leopold II pour l'ivoire, le caoutchouc,
à son profit personnel. Il a continué avec l'État
Belge ; puis à l'indépendance avec le dictateur Mobotu
au profit de son clan, suivi par les Kabila père et fils,
et enfin par les rebelles et tous les pays qui entourent le Congo.
Dans
l'indifférence du monde entier, ou presque...
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QUELQUES
REPÈRES
superficie
: 2345 milliers de km2
population
: 51 millions
PNB
: 53 milliards de dollars (1998)
PNB/Hab.
: 110 dollars (1998)
Régime
politique :
La
République Démocratique du Congo a connu, à
ce jour, trois présidents : Joseph Kasa-Vubu (qui fut
le premier après l'indépendance), Mobutu (qui
rebaptisa son pays en Zaïre) et Laurent-Désiré
Kabila (qui, après une rébellion de plusieurs
mois, renversa Mobutu et s'auto-proclama Président
de la nouvelle république RDC).
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Vers
la protection des ressources du Congo
Une
première étape a été franchie dans la
protection des ressources du Congo. Une entente a été
conclue entre les représentants de 52 pays qui produisent
des diamants ou qui en font le commerce pour mettre fin au trafic
des pierres en provenance des zones de guerre, comme le Congo. Dès
janvier prochain, un système de certification sera implanté
pour permettre de retracer le parcours des diamants exportés.
Des organisations humanitaires réclamaient cette mesure de
contrôle pour éviter que le trafic de diamants ne serve
à financer des conflits
L'Union
européenne, la Suisse, les États membres de la Communauté
de développement d'Afrique australe (Afrique du Sud, Angola,
Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, République
démocratique du Congo, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe,
Maurice et Seychelles) et le Conseil mondial du diamant sont les
signataires de cette entente.
Cette
nouvelle a amené le géant sud-africain du diamant
De Beers à envisager de reprendre ses activités en
République démocratique du Congo. De Beers mise sur
une fin rapide du conflit et veut être parmi les premiers
à reprendre la production au Congo. De Beers avait fermé
en octobre 1999 ses bureaux en République démocratique
du Congo, devant les réactions suscitées par le commerce
de diamants provenant de pays africains en guerre.
(voir
le Processus de Kimberley, le document officiel de l'entente)
POUR
EN SAVOIR PLUS
Congonline
(site congolais qui couvre tous les domaines de la vie de
la République Démocratique du Congo)
Congo
(dossier du Monde diplomatique)
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L'émission
Zone Libre est diffusée sur les ondes de Radio-Canada
le vendredi à 21 h et présentée en rediffusion
sur les ondes de RDI le samedi à 23 h, le dimanche
à 20 h ainsi que le lundi à 1 h.
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