` |
Le
Pakistan:
entre la peur et la haine
« Si
l'enfer existait sur Terre, ça ressemblerait peut-être
à Jalozai, près de Peshawar. L'été,
il fait 50°,
pas un arbre pour se mettre à l'ombre.
L'hiver, le mercure tombe sous zéro, la poussière
et la saleté y sont omniprésentes. »
extrait du reportage
C'est
par milliers que les Afghans affluent vers le Pakistan
mais aussi vers l'Iran. Aux bombes lancées à
Kaboul, à Herat, à Kandahar, ils préfèrent
l'enfer des camps de réfugiés. Mais, quand
ils arriveront aux frontières, elles leur seront
fermées.
Il
y a les nouveaux réfugiés, ceux qui fuient
les frappes américaines, s'ajoutant aux deux millions
de réfugiés qui vivaient déjà
en sol pakistanais. Car, dans les vingt dernières
années,
l'Histoire n'a pas épargné le peuple afghan
et leur a fourni mille raisons de quitter leur patrie.
Dix ans de lutte contre l'armée soviétique;
une guerre civile avec son cortège d'horreurs,
vols, exactions, viols, meurtres; le régime de
terreur des talibans; puis la sécheresse et la
famine, qui perdurent. Et maintenant, les bombes.
Puisque
les années n'ont pas ramené la paix en Afghanistan,
les camps temporaires du Pakistan sont devenus des prolongements
de la ville, et la population de réfugiés
a grossi. Ils n'ont pas d'argent, ils ont peu à
manger. À
Jalozai, par exemple, chaque famille reçoit une
poche de farine par mois. Souvent, le pain constitue le
seul aliment quotidien. Chaque réfugié a
droit à 8 litres d'eau par jour, pour boire, se
laver et cuisiner. La ration minimale nécessaire
serait de 15 litres par jour. La situation ne risque pas
de s'améliorer, puisque le Pakistan refuse de leur
accorder le statut de réfugié.
Le
filage de la laine est le seul travail qui rapporte et si
peu: pour un kilo de laine filée, c'est-à-dire
deux jours de travail, le réfugié reçoit
10 roupies, l'équivalent de 25 cents.
extrait du reportage
E
N F A NT S S A C R I F I É S
« On
dit que l'avenir d'un peuple,
ce sont ses enfants.
Mais, pour les réfugiés afghans, souvent,
il n'y a pas d'enfance. Il faut survivre. »
extrait du reportage
Avec
la défaite des troupes soviétiques, le « péril
communiste » a peut-être été
épargné, mais des générations
ont été élevés sans connaître
la paix, alors que l'Occident se désintéressait
des Afghans. Parmi les enfants, combien y a-t-il d'orphelins,
de réfugiés, de blessés, d'analphabètes,
d'enfants affamés ou exploités, de soldats
adolescents, combien d'enfants sacrifiés?
Farid
a 15 ans. Il travaille à l'atelier de tissage de
tapis depuis quatre ans, dans des conditions exigeantes.
Ses journées de travail ont 10 à 12 heures.
Sa récompense: un salaire qui oscille entre 50
cents et 1,50 $ par jour. « C'est un
travail difficile, mais je n'ai pas le choix. »
Il envoie de l'argent à sa mère, toujours
en Afghanistan. Son père est mort à la guerre.
Malnutrition,
hygiène déficiente, eau polluée,
les conditions sont réunies pour que les enfants
éprouvent des problèmes de santé.
La diarrhée et responsable du tiers des décès
des enfants.
Des
fillettes qui fréquentent la seule école
coranique du camp de Jalozai. Une chose inconcevable en
Afghanistan, où les talibans leur ont enlevé
le droit à l'éducation.
B
E R C E A U D E S T A L I B A N S
Des
journaux des partis religieux glorifient
les attaques contre les États-Unis.
L'état-major
des talibans, souvent enfants de réfugiés,
est issu des écoles coraniques de la région
de Peshawar, dans le nord du Pakistan. Le
financement de ces écoles provient d'un allié
de Washington, l'Arabie saoudite. Dans les années
1990, les États-Unis eux-mêmes faisaient
transiter par les services pakistanais des millions de
dollars, espérant alors que le régime taliban
ramènerait en Afghanistan, troublé par des
années de guerre, la stabilité nécessaire
au transport de l'or noir.
« Le
nord du Pakistan, c'est la terre d'asile de deux millions
d'Afghans. C'est aussi la zone d'influence des talibans,
qui dans ce monde de misère ont trouvé un
terreau fertile à l'intégrisme. »
extrait du reportage
Une
équipe de Zone libre s'est rendue près
de la frontière afghane, à Peshawar, au nord
du Pakistan. Dans ce pays qui a favorisé l'essor des
maîtres de Kaboul, l'équilibre social est menacé
non seulement par la présence massive de réfugiés,
mais aussi par une possible guerre civile, comme en font foi
les multiples manifestations anti-américaines. Le gouvernement
est tiraillé entre les partis religieux et une frange
importante de la population, qui appuient les talibans, et
la demande américaine de soutien militaire.
Visionnement
du reportage
Un
reportage du journaliste Hugues Poulin et
du réalisateur Roger Archambault. Images
: Pierre Mainville; son : Luc Delorme;
montage : Hélène Lamothe.
P
O U R V E N I R E N A I D E
A U X R É F U G I É S
L'émission
Zone libre est diffusée
sur les ondes de
Radio-Canada le vendredi à 21 h
et en reprise à RDI le samedi
à 23 h, le dimanche à 13 h
et à 20 h ainsi que le lundi à
2 h.
|