diffusion le 12 octobre 2001  
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Le Pakistan:
entre la peur et la haine

« Si l'enfer existait sur Terre, ça ressemblerait peut-être à Jalozai, près de Peshawar. L'été, il fait 50°,
pas un arbre pour se mettre à l'ombre.
L'hiver, le mercure tombe sous zéro, la poussière
et la saleté y sont omniprésentes.
 »

extrait du reportage

C'est par milliers que les Afghans affluent vers le Pakistan mais aussi vers l'Iran. Aux bombes lancées à Kaboul, à Herat, à Kandahar, ils préfèrent l'enfer des camps de réfugiés. Mais, quand ils arriveront aux frontières, elles leur seront fermées.

Il y a les nouveaux réfugiés, ceux qui fuient les frappes américaines, s'ajoutant aux deux millions de réfugiés qui vivaient déjà en sol pakistanais. Car, dans les vingt dernières années, l'Histoire n'a pas épargné le peuple afghan et leur a fourni mille raisons de quitter leur patrie. Dix ans de lutte contre l'armée soviétique; une guerre civile avec son cortège d'horreurs, vols, exactions, viols, meurtres; le régime de terreur des talibans; puis la sécheresse et la famine, qui perdurent. Et maintenant, les bombes.

Puisque les années n'ont pas ramené la paix en Afghanistan, les camps temporaires du Pakistan sont devenus des prolongements de la ville, et la population de réfugiés a grossi. Ils n'ont pas d'argent, ils ont peu à manger. À Jalozai, par exemple, chaque famille reçoit une poche de farine par mois. Souvent, le pain constitue le seul aliment quotidien. Chaque réfugié a droit à 8 litres d'eau par jour, pour boire, se laver et cuisiner. La ration minimale nécessaire serait de 15 litres par jour. La situation ne risque pas de s'améliorer, puisque le Pakistan refuse de leur accorder le statut de réfugié.

Le filage de la laine est le seul travail qui rapporte et si peu: pour un kilo de laine filée, c'est-à-dire deux jours de travail, le réfugié reçoit 10 roupies, l'équivalent de 25 cents.
extrait du reportage

E N F A NT S  S A C R I F I É S

« On dit que l'avenir d'un peuple,
ce sont ses enfants.
Mais, pour les réfugiés afghans, souvent,
il n'y a pas d'enfance. Il faut survivre. 
»
extrait du reportage

Avec la défaite des troupes soviétiques, le « péril communiste » a peut-être été épargné, mais des générations ont été élevés sans connaître la paix, alors que l'Occident se désintéressait des Afghans. Parmi les enfants, combien y a-t-il d'orphelins, de réfugiés, de blessés, d'analphabètes, d'enfants affamés ou exploités, de soldats adolescents, combien d'enfants sacrifiés?

Farid a 15 ans. Il travaille à l'atelier de tissage de tapis depuis quatre ans, dans des conditions exigeantes. Ses journées de travail ont 10 à 12 heures. Sa récompense: un salaire qui oscille entre 50 cents et 1,50 $ par jour. « C'est un travail difficile, mais je n'ai pas le choix. » Il envoie de l'argent à sa mère, toujours en Afghanistan. Son père est mort à la guerre.

Malnutrition, hygiène déficiente, eau polluée, les conditions sont réunies pour que les enfants éprouvent des problèmes de santé. La diarrhée et responsable du tiers des décès des enfants.

 

 

Des fillettes qui fréquentent la seule école coranique du camp de Jalozai. Une chose inconcevable en Afghanistan, où les talibans leur ont enlevé le droit à l'éducation.

 

 

B E R C E A U  D E S  T A L I B A N S


Des journaux des partis religieux glorifient
les attaques contre les États-Unis.

L'état-major des talibans, souvent enfants de réfugiés, est issu des écoles coraniques de la région de Peshawar, dans le nord du Pakistan. Le financement de ces écoles provient d'un allié de Washington, l'Arabie saoudite. Dans les années 1990, les États-Unis eux-mêmes faisaient transiter par les services pakistanais des millions de dollars, espérant alors que le régime taliban ramènerait en Afghanistan, troublé par des années de guerre, la stabilité nécessaire au transport de l'or noir.

« Le nord du Pakistan, c'est la terre d'asile de deux millions d'Afghans. C'est aussi la zone d'influence des talibans, qui dans ce monde de misère ont trouvé un terreau fertile à l'intégrisme. »
extrait du reportage

Une équipe de Zone libre s'est rendue près de la frontière afghane, à Peshawar, au nord du Pakistan. Dans ce pays qui a favorisé l'essor des maîtres de Kaboul, l'équilibre social est menacé non seulement par la présence massive de réfugiés, mais aussi par une possible guerre civile, comme en font foi les multiples manifestations anti-américaines. Le gouvernement est tiraillé entre les partis religieux et une frange importante de la population, qui appuient les talibans, et la demande américaine de soutien militaire.

Visionnement du reportage

Un reportage du journaliste Hugues Poulin et du réalisateur Roger Archambault. Images : Pierre Mainville; son : Luc Delorme; montage : Hélène Lamothe.




P O U R  V E N I R  E N  A I D E  A U X  R É F U G I É S

Médecins sans frontières

Médecins sans frontières
(site anglais, mieux documenté que son équivalent français)

Médecins du Monde

Unicef

Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés
(en anglais)


H Y P E R L I E N S

Le Pakistan à l'heure des choix
(dossier du site nouvelles de radio-canada.ca)

Les talibans ou le règne de la terreur
(dossier du site nouvelles de radio-canada.ca)

La riposte
(dossier du site nouvelles de radio-canada.ca)

Un délicat jeu d'alliances
(dossier du site nouvelles de radio-canada.ca)


 

L'émission Zone libre est diffusée sur les ondes de
Radio-Canada
le vendredi à 21 h et en reprise à RDI le samedi à 23 h, le dimanche à 13 h et à 20 h ainsi que le lundi à 2 h.