diffusion le 17 août 2001  


 

 

 

Ils s'en prennent aux chasseurs, ils manifestent contre les expériences sur les animaux. « Blood for Money » «Murderers! », clament à grands cris les activistes qui défendent la cause des animaux. Mais leur lutte va souvent au-delà des mots et des slogans: certains activistes vont jusqu'à commetre des attentats pour défendre leur cause: sauver les animaux des griffes de ceux qu'ils jugent coupables de cruauté.

La Grande-Bretagne a une longue tradition de défense des animaux. La première organisation fondée dans ce but date de 1824. De telles associations se comptent maintenant par centaines. Mais certains ont délaissé la voie traditionnelle à la faveur de techniques d'intervention plus musclées.

Les «acteurs» de la chasse à courre

   

Autrefois, les «ingrédients» de la chasse à courre étaient un renard, des chiens et des chasseurs en selle. Or, les activistes ont fait de la chasse à courre un important cheval de bataille... Les canidés ont donc trouvé en eux des alliés, qui se sont donné pour mission de saboter ce «sport» de l'aristocratie britannique. Ajoutons à cela les policiers, qui sont souvent sur place pour veiller au déroulement de la chasse. Dans les dernières années, les activistes ont su faire basculer l'opinion publique en leur faveur en diffusant certaines images-chocs. Le débat s'est même retrouvé au parlement.

Grèves de la faim, lettres de menaces, bombes à clous, cocktails Molotov, attentats, agressions, cellules secrètes, appels à la désobéissance civile, les tactiques du Front de libération des animaux sont dignes de la tradition des terroristes. Ses membres se disent contre l'utilisation de moyens violents, mais plusieurs observateurs, incrédules, montrent un doigt accusateur vers l'organisation.

« Dans les dernières années, le Front de libération des animaux (ALF) - un mouvement extrémiste de défense des droits des animaux - est devenu l'un des éléments terroristes les plus actifs
aux États-Unis. »

- extrait d'un document du FBI sur la menace terroriste

Les attentats contre des pharmacies, des chenils, des poissonneries, des boucheries, des abattoirs, des fermes de reproduction d'animaux se sont multipliés. Mais leur cible privilégiée est l'industrie pharmaceutique, plus particulièrement Huntingdon Life Sciences, le plus grand laboratoire privé d'Europe, qui utilise des animaux pour la recherche médicale.

Les activistes ont d'ailleurs créé Stop Huntingdon Animal Cruelty, le SHAC, pour atteindre leur but: fermer la société. Ils intimident les clients, publient la liste des employés, envoient des lettres de menaces aux institutions bancaires...


Un journaliste marqué par la cause

Graham Hall est un journaliste défenseur des animaux... pour qui la fin ne justifie pas les moyens. Il a dénoncé les actes terroristes menés par l'Animal Liberation Front à l'endroit de supermarchés, de parfumeries et de laboratoires. Reporter d'investigation, il s'est inflitré dans l'ALF, réalisant un reportage qui montrait les dirigeants de l'organisation faisant la promotion de la violence. Après qu'on l'eut séquestré, Graham Hall a été marqué au fer rouge: on lui a «tatoué» dans le dos les lettres ALF, sigle du Animal Liberation Front.

« Ils sont venus dans la chambre où ils m'avaient emmené. Ils m'ont dit: "On veut voir tes tatouages. Ils ont relevé mes manches. Puis, la première chose que j'ai sue… d'abord, je n'ai rien senti. Ils ont commencé à me faire cette chose, j'ai senti une odeur. J'ai compris qu'ils m'avaient marqué au fer rouge. »
- Graham Hall

Extrait du reportage

 

Ils ont dit:

« La vraie violence, elle est à l'intérieur de la compagnie. On y tue 500 animaux par jour. »
- Heather James

«  Attaquer une propriété n'est pas selon moi un acte violent, on peut prétendre à la violence si on agresse quelqu'un. »
- Robin Web,

« Nous sommes rassemblés ici pour livrer un message aux sales clients de Huntingdon Life Sciences. Nous ne tolérerons pas la torture et la cruauté contre les animaux par qui que ce soit. »
- Trevor Jones

« Le Front de libération des animaux s'oppose à l'utilisation des animaux pour la recherche scientifique, parce que c'est immoral et injustifié d'utiliser d'autres espèces parce que nous en avons le pouvoir. De la même façon que c'était inadmissible de recourir aux êtres humains dans les camps de concentration nazis. »
- Robin Web

 

Comme le montre le reportage de Roger Archambault et de Hugues Poulin, certains sont prêts à tout pour défendre leur cause.

Visionnement du reportage

Un reportage du journaliste Hugues Poulin et du réalisateur Roger Archambault. Images : Serge Brunet et Michel Kinkead; son : Daniel Lapointe; montage : Hélène Lamothe.


Quelques chiffres

 

L'industrie de la recherche
médicale utiliserait
800 millions d'animaux
par année dans le monde.*

 

- La Grande-Bretagne compte quelque 3000 groupes de défense des animaux
- En 2000, les activistes britanniques de la cause animale ont lancé 1200 attaques contre des gens qu'ils estimaient coupables de cruauté envers les animaux
- En France, il y aurait 3,5 millions d'animaux de laboratoire qui mourraient chaque année**   
-

Au Québec, plus de 300 000 animaux seraient utilisés annuellement dans les laboratoires*    

-

En Grande-Bretagne, en 1998, 2,66 millions d'expériences de recherche ont été menées sur des animaux vivants***:
- 60 % de ces expériences ont été faites sur des souris
- 22 % sur des rats
- un peu moins de 5% sur des oiseaux
- un peu moins de 5% sur des poissons
- 1,4 % sur des lapins
- moins de 0,3% sur des chiens
- moins de 0,2% sur des singes
- environ 0,05% sur des chats

- Il y a 25 ans, la Grande-Bretagne menait 7 millions d'expériences par an
-

En Europe, 11,6 millions de tests auraient été menés sur des animaux en 1996****

Source:
* Société québécoise pour la défense des animaux
**
Le Monde, 24 décembre 1998

***
UK
Animals Inspectorate

****
British Union for the Abolition of Vivisection

 

 

A U   C A N A D A

De façon générale, les groupes de défense des animaux utilisent des moyens pacifiques comme les manifestations pour défendre leur cause. Dans les années 1990, des groupes radicaux ont cependant déjà revendiqué des gestes de vandalisme ou la libération d'animaux.

En Ontario, par exemple, des activistes ont libéré des visons destinés à servir de seconde peau à des humains. D'autres ont libéré des chats de laboratoire à l'Université d'Alberta. Selon un journal de Colombie-Britannique, la GRC soupçonnait même des activistes d'avoir envoyé en Colombie-Britannique et en Alberta des colis et des lettres contenant des rasoirs enduits de mort au rat. En décembre 2000, le Front de libération des animaux a revendiqué des attentats contre des boucheries de Colombie-Britannique. Ses membres ont allumé de petits feux sous des camions de livraison. Leur but: faire augmenter la prime d'assurance des entreprises « qui perpétuent le meurtre inutile d'êtres innocents ».

Au Québec, il n'y a pas eu d'action d'éclat, si ce n'est la campagne menée par Brigitte Bardot de concert avec l'International Fund for Animal Welfare pour la sauvegarde des phoques. Images-chocs à l'appui, ils dénonçaient la chasse au phoque, n'hésitant pas non plus à utiliser des commandos hélico-portés sur les banquises.

 


H Y P E R L I E N S

La recherche animale

Understanding Animal Research in Medicine
(page du Research Defence Society, une organisation de chercheurs britanniques mise sur pied pour expliquer l'utilisation d'animaux dans la recherche médicale)

UK Animals Inspectorate
(organisation gouvernementale qui veille au respect du Animals Scientific Procedures Act de 1986)



Défense des animaux

British Union for the Abolition of Vivisection
(organisation qui lutte contre la recherche animale)

International Fund for Animal Welfare
(organisation de protection des animaux)

People for the Ethical Treatment of Animals
(organisation américaine)



Page corporative

Huntingdon Life Sciences
(site de l'entreprise, avec une section sur la recherche animale; la page est régulièrement piratée)


 

Articles

Film-maker "branded in attack"
(article sur Graham Hall sur le site de la BBC)

 

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Le Front de libération des animaux

quand la fin justifie les moyens
Le Front de libération des animaux