diffusion le 30 mars 2001  

 

La beauté à tout prix

Notre société valorise la beauté, qui revêt souvent des critères bien précis et uniformes. Pour certains, elle devient un véritable culte. Le prix à payer pour « parfaire » leur corps - des centaines, voire des milliers de dollars - ne leur apparaît pas trop élevé. Et leur rêve s'achète auprès de médecins, qui leur vendent leur idéal physique dans un cabinet privé. Liposuccions, plasties mammaires, greffes de cheveux, implants pectoraux, liftings du visage sont parfois présentés comme une solution rapide et efficace de parvenir à leur but. Mais... il y a un mais.

La médecine esthétique serait-elle devenue un produit commercial comme un autre ? Généralement, la publicité médicale présente l'aspect positif des interventions, comme si on voulait banaliser les risques associés à toute chirurgie même mineure.
- extrait du reportage

Même avec les meilleurs des spécialistes, ces opérations ne sont pas exemptes de complications. Cependant, les clients en sont informés. Ce n'est pas toujours le cas avec les médecins généralistes qui s'improvisent chirurgiens esthétiques, sans nécessairement avoir les compétences requises.

Contrairement aux omnipraticiens, les chirurgiens plastiques doivent suivre une formation spécialisée de cinq ans après avoir obtenu leur diplôme de médecine.

Parfois, le résultat obtenu est loin de celui qu'on a fait miroiter aux clients. Des cicatrices restent apparentes par exemple, ou les dépôts de graisse se logent ailleurs. Par ailleurs, la formation des omnipraticiens ne leur permet pas toujours d'assurer un suivi en cas de complications, par exemple s'il y a infection. Il arrive que les clients doivent par la suite débourser des milliers de dollars pour tenter de réparer les dommages que leur corps a subis. Les poursuites devant le tribunal tout comme les plaintes auprès du Collège des médecins se multiplient.

« Il y a une impression de grande facilité qui est souvent faite aux dépens de la sécurité aussi, parce qu'il y a des interventions qui sont faites dans des milieux, à mon avis, non sécuritaires et qui vont un jour ou l'autre provoquer des accidents. »
- Dr Jacques Papillon, chirurgien plasticien

« C'est un peu illogique actuellement de penser que, dans le milieu hospitalier, on ne peut pas faire des actes en dehors de notre compétence mais, aussitôt qu'on sort du milieu hospitalier, on peut tout faire. Je crois que le critère, ce serait d'être limité à ce à quoi on a été formé. »
- Dr Yvan Larocque, chirurgien plasticien

Le cas de Cathy

En 1999, elle a subi deux importantes liposuccions. Elle s'est adressée à un omnipraticien, qui lui a fait miroiter un corps de déesse. « Ta bédaine, on va te l'enlever. Tu vas être belle cet été en costume de bain: t'en auras pus pantoute de ça. Quand je suis sortie de là, je flottais sur un petit nuage. »

Mais, 6600 $ plus tard, les résultats sont loin de ceux espérés.

« Plus que tu désenfles, plus tu vois le résultat final: t'as pas juste le pli en dessous des fesses mais une poche à l'intérieur des cuisses et, où était la culotte de cheval, ben là, c'était dans le sens inverse vers l'intérieur. C'était affreux, c'était pire que la culotte de cheval. »

Elle a par la suite dû consulter un plasticien reconnu pour corriger - partiellement - sa coûteuse mésaventure. Les interventions seront échelonnées sur deux ou trois années et lui coûteront 25 000 $.

Citations extraites du reportage

 

Au Québec, seulement 7 cliniques de chirurgie sont reconnues par l'Association canadienne d'accréditation des locaux de chirurgie ambulatoire. Celle-ci a des critères très stricts: pour en faire partie, il faut entres autres être chirurgien, avoir une affiliation hospitalière pour pouvoir prendre soin des complications et avoir des locaux comparables à ceux d'un hôpital.

 

Zone libre présente un reportage sur les risques de la chirurgie esthétique pratiquée par des médecins qui n'ont pas tous la formation requise et sur des clients qui ont payé cher leur rêve de beauté.

Un reportage des journalistes Hugues Poulin et Achille Michaud et du réalisateur Roger Archambault. Images : Michel Kinkead; son : Daniel Lapointe; montage : Jacques Durand.

 

Hyperliens

L'émission Zone libre est diffusée sur les ondes de Radio-Canada le vendredi à 21 h et en reprise à RDI le samedi à 23 h, le dimanche à 13 h et à 20 h ainsi que le lundi à 2 h.