Notre société
valorise la beauté, qui revêt souvent des critères bien précis et uniformes.
Pour certains, elle devient un véritable culte. Le prix à payer pour « parfaire »
leur corps - des centaines, voire des milliers de dollars - ne leur apparaît
pas trop élevé. Et leur rêve s'achète auprès de médecins, qui leur vendent
leur idéal physique dans un cabinet privé. Liposuccions, plasties mammaires,
greffes de cheveux, implants pectoraux, liftings du visage sont parfois
présentés comme une solution rapide et efficace de parvenir à leur but.
Mais... il y a un mais.
La
médecine esthétique serait-elle devenue un produit commercial comme un autre ?
Généralement, la publicité médicale présente l'aspect positif des interventions,
comme si on voulait banaliser les risques associés à toute chirurgie même
mineure.
- extrait du reportage
Même avec les meilleurs des spécialistes, ces opérations
ne sont pas exemptes de complications. Cependant, les clients en sont
informés. Ce n'est pas toujours le cas avec les médecins
généralistes qui s'improvisent chirurgiens esthétiques,
sans nécessairement avoir les compétences requises.
Contrairement
aux omnipraticiens, les chirurgiens plastiques doivent suivre une formation
spécialisée de cinq ans après avoir obtenu leur diplôme
de médecine.
Parfois, le résultat obtenu est loin de celui qu'on a fait miroiter
aux clients. Des cicatrices restent apparentes par exemple, ou les dépôts
de graisse se logent ailleurs. Par ailleurs, la formation des omnipraticiens
ne leur permet pas toujours d'assurer un suivi en cas de complications,
par exemple s'il y a infection. Il arrive que les clients doivent par
la suite débourser des milliers de dollars pour tenter de réparer
les dommages que leur corps a subis. Les poursuites devant le tribunal
tout comme les plaintes auprès du Collège des médecins
se multiplient.
« Il
y a une impression de grande facilité qui est souvent faite aux dépens de
la sécurité aussi, parce qu'il y a des interventions qui sont faites dans
des milieux, à mon avis, non sécuritaires et qui vont un jour ou l'autre
provoquer des accidents. »
- Dr Jacques Papillon, chirurgien plasticien
« C'est
un peu illogique actuellement de penser que, dans le milieu hospitalier,
on ne peut pas faire des actes en dehors de notre compétence mais, aussitôt
qu'on sort du milieu hospitalier, on peut tout faire. Je crois que le critère,
ce serait d'être limité à ce à quoi on a été formé. »
- Dr Yvan Larocque, chirurgien plasticien
Le
cas de Cathy
En
1999, elle a subi deux importantes liposuccions. Elle s'est adressée
à un omnipraticien, qui lui a fait miroiter un corps de déesse. « Ta
bédaine, on va te l'enlever. Tu vas être belle cet été en costume de
bain: t'en auras pus pantoute de ça. Quand je suis sortie de là, je
flottais sur un petit nuage. »
Mais,
6600 $ plus tard, les résultats sont loin de ceux espérés.
« Plus
que tu désenfles, plus tu vois le résultat final: t'as pas juste le
pli en dessous des fesses mais une poche à l'intérieur des cuisses et,
où était la culotte de cheval, ben là, c'était dans le sens inverse
vers l'intérieur. C'était affreux, c'était pire que la culotte de cheval. »
Elle
a par la suite dû consulter un plasticien reconnu pour corriger
- partiellement - sa coûteuse mésaventure. Les interventions
seront échelonnées sur deux ou trois années et
lui coûteront 25 000 $.
Citations
extraites du reportage
|
Au Québec,
seulement 7 cliniques de chirurgie sont reconnues par l'Association canadienne
d'accréditation des locaux de chirurgie ambulatoire. Celle-ci a des critères
très stricts: pour en faire partie, il faut entres autres être
chirurgien, avoir une affiliation hospitalière pour pouvoir prendre soin
des complications et avoir des locaux comparables à ceux d'un hôpital.
Zone libre
présente un reportage sur les risques de la chirurgie esthétique
pratiquée par des médecins qui n'ont pas tous la formation
requise et sur des clients qui ont payé cher leur rêve de
beauté.
Un reportage des journalistes
Hugues Poulin et Achille Michaud et du réalisateur
Roger Archambault. Images : Michel Kinkead;
son : Daniel Lapointe; montage : Jacques
Durand.
L'émission
Zone libre est diffusée sur les ondes de Radio-Canada
le vendredi à 21 h et en reprise à RDI le
samedi à 23 h, le dimanche à 13 h et à 20 h
ainsi que le lundi à 2 h.
|