diffusion le 9 février 2001

Reportage

 

 

L'Afrique du Sud sans protection


Le désespoir des survivants. Cette femme sidéenne assiste à l'enterrement de sa soeur, décédée du sida.

Quel avenir pour les jeunes?
Si vous voulez aider

Ignorance. Pauvreté. Relations sexuelles non protégées. Peur. Honte. Préjugés. Rejet. Violence. Apathie politique. Silence. Autant de mots qui entourent la triste réalité du sida en Afrique du Sud. Autant de maux qui ont fait de cette maladie une épidémie qui décime la population.

« C'est la pauvreté qui est responsable de tout ça:
ils n'ont rien à manger, pas d'argent pour payer le loyer;
ils n'ont que le sexe, et le sexe, c'est gratuit. 
»

- Pinky Mabuza, une sidéenne devenue bénévole pour sensibiliser la population au sida


Sida et Afrique du Sud en quelques chiffres

De tous les pays, l'Afrique du Sud compte
le plus grand nombre de personnes infectées
par le virus du sida.

Le pays compte 4 200 000 séropositifs.
Un adulte sur cinq est séropositif.
250 000 personnes sont décédées du sida en 1999.

Source: estimations d'ONUSIDA et de l'OMS
(fin de 1999)

La contamination, hors de contrôle, est en progression:
en 1997, 13 % des adultes étaient infectés par le VIH.
La proportion a maintenant grimpé à 20 %.


En Afrique du Sud, comme dans d'autres pays de ce continent, le sida demeure une réalité taboue. On préfère souvent se fermer les yeux, ne pas passer de tests qui confirmeront un diagnostic qu'on ne veut pas entendre et plutôt parler de tuberculose, de méningite, de pneumonie ou de diarrhée, ces maux qui finissent par déjouer leur système immunitaire affaibli. Même les médecins souscrivent à cette loi du silence : sur les certificats de décès, on ne parle jamais de sida. Il faut dire que les sidéens sont rejetés socialement, parfois même battus par leurs voisins. Cette incompréhension n'étonne pas, puisque leur propre famille les rejette souvent.

Les bénévoles ont fort à faire, car les autorités politiques restent inactives devant la progression de la maladie et s'engagent très peu dans les activités de prévention. Peu avant la dernière Conférence internationale sur le sida, tenue en Afrique du Sud, le président Mbeki a consterné les chercheurs en affirmant que le lien entre sida et VIH n'était pas prouvé. Il nie de plus que l'augmentation significative des maladies comme les pneumonies est liée au sida.

« On vit dans un pays riche qui peut offrir aux gens riches des greffes du coeur ou du rein, comme à New York ou à Montréal. Mais, d'un autre côté, il y a d'autres personnes qui meurent de la syphillis, alors qu'il suffirait de trois injections qui ne coûtent que quelques sous
pour les guérir. 
»

- Dr Boris Jivkov, hôpital de Baragwanath, à Soweto

 

Pourtant, les victimes de cette terrible maladie, davantage de Noirs que de Blancs, sont nombreuses. En fait, tous ceux qui mènent une vie sexuelle active sont à risque, puisque l'utilisation du condom n'est pas ancrée dans les mentalités. Du travailleur migrant au professeur prêt à accorder de bonnes notes à une étudiante en échange de faveurs sexuelles, en passant par la prostituée ou la mère de famille, personne n'est à l'abri.

 


« J'ai amené le sida dans ma famille, et il progresse.
Et je ne sais pas quand il va s'arrêter.
 »

- Willie Celepe, qui a contracté le VIH en couchant
avec une prostituée

Quel avenir pour les jeunes ?

Lorsqu'elles donnent la vie, les mères séropositives transmettent parfois aussi la mort. Plusieurs médecins font ressortir l'importance du traitement des femmes enceintes afin de freiner la transmission du VIH et contrer la propagation de l'épidémie. Il existe d'ailleurs une drogue peu coûteuse, la névirapine, disponible pour environ 4 $, qui pourrait mieux protéger les enfants en diminuant le risque de contamination par la mère. Mais le gouvernement se refuse à en financer l'utilisation.

En Afrique du Sud:

Chaque année, 70 000 enfants naissent avec le virus du sida.
Le sida tuera la moitié des jeunes de moins de 15 ans d'ici la fin de la décennie.
Il a suffi d'une vingtaine d'années pour que ce fléau fasse 420 000 orphelins parmi les jeunes de moins de 15 ans.

 

Ces milliers de bébés qui naissent en portant le virus du sida, contracté pendant la grossesse ou lors de l'accouchement, ont une espérance de vie moyenne de 7 à 10 ans et devant eux de terribles souffrances. Certains autres deviennent orphelins très jeunes, et ils ne trouvent pas tous quelqu'un pour prendre soin d'eux, surtout s'ils ont eux même la maladie.

 


Nkosi Johnson

Cet adolescent a oeuvré à démystifier le sida par son témoignage à la Conférence internationale sur le sida, tenue en juillet 2000, à Durban, en Afrique du Sud, et en donnant des conférences dans son pays et à l'étranger. Cette maladie, il la connaît trop bien. Non seulement sa mère biologique est-elle décédée du sida il y a quatre ans, mais il en est lui-même atteint. En avril 1999, sa mère adoptive a ouvert une maison qui accueille des mères porteuses du virus ainsi que leurs enfants. Après le tournage de notre reportage, l'état de santé de Nkosi s'est gravement détérioré. Il a dû être hospitalisé en décembre après avoir sombré dans le coma. Après en être sorti le mois dernier, il est revenu à la maison, où il a pu célébrer son 12e anniversaire. Mais, depuis, son état laisse entrevoir très peu d'espoir.

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L'industrie pharmaceutique montrée du doigt

Certains ont abondamment critiqué les multinationales occidentales, qui livrent une véritable guerre aux compagnies offrant des médicaments génériques à prix moindre. Les grandes compagnies américaines et européennes, souvent soutenues par leurs gouvernements, ont réussi à renforcer les lois sur les brevets des médicaments en plus de limiter les exportations dans les pays en développement pour maintenir les prix des médicaments élevés.

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Zone libre présente un reportage sur ce terrible fléau qui ravage la population sud-africaine et ses enfants, et sur des gens qui, devant l'inaction des dirigeants, ont décidé de changer les choses.

Visionnement du reportage

Un reportage du journaliste Jean-François Lépine et du réalisateur Luc Paradis. Images : Michel Kinkead; son : Daniel Lapointe; montage : Hélène Lamothe; recheche musicale: Georges-Étienne Gauthier.

 

Si vous désirez venir en aide aux victimes du sida, vous pouvez contacter les organisations
que nous avons rencontrées:

Orphelinat de Johannesburgh
Cotlands
Baby Sanctuary
134 Stanton Street, Turffontein
Johannesburgh, 2190
P.O. Box 74042 Turffontein 2140
Téléphone : (011) 683-7200
Télécopieur: (011) 683-2609
Courriel: cotlands@global.co.za

Maison Nkosi
(à Johannesburgh)
Gail Johnson
Courriel: nkosihaven@worldwidonline.co.za

Perinatal HIV Research Unit
(à Soweto)
Chris Hani Baragwanath Hospital
Dr Boris Jivkov
Courriel: p43@pixie.co.za

Hope Worldwide
(organisation qui vient en aide aux séropositifs)

 

Hyperliens

Programme conjoint de divers organismes de l'ONU
(programme auquel participent notamment l'Unicef, l'Organisation mondiale de la santé, l'Unesco et la Banque mondiale)

Le sida en Afrique du Sud
(page de l'ONU)

XIIIe Conférence internationale sur le sida
(conférence tenue à Durban, en Afrique du Sud, en juillet 2000)

Agence canadienne de développement international
(page de l'ACDI sur son engagement pour lutter contre le sida dans les pays en développement )

University of Cape Town and Groote Schuur Hospital
(présente notamment des renseignements statistiques et cliniques sur le sida en Afrique du Sud)

The AIDS Bulletin
(bulletin trimestriel d'Afrique du Sud publié par le Medical Research Council)

Netaid
(projet de donation sur Internet, qui compte parmi ses contributeurs l'UNICEF et le Programme des Nations unies pour le développement)

Articles

Aids in Africa: Hand on Death
(dossier de la version Internet du magazine Times)

Le virus HIV
(court article de cybersciences (version Internet de Québec Sciences) sur le virus à l'origine du sida)

L'Afrique du Sud malade du sida
(court article de cybersciences)

10 millions de jeunes soufrent du sida
(article paru le 12 juillet 2000 dans Le Devoir lors de la Conférence internationale tenue en Afrique du Sud)

 

L'émission Zone libre est diffusée sur les ondes de Radio-Canada le vendredi à 21 h et en reprise à RDI le samedi à 23 h, le dimanche à 13 h et à 20 h ainsi que le lundi à 2 h.