L'Afrique
du Sud sans protection
Le désespoir
des survivants. Cette femme sidéenne assiste à l'enterrement
de sa soeur, décédée du sida.
Quel
avenir pour les jeunes?
Si vous voulez aider
Ignorance.
Pauvreté. Relations sexuelles non protégées. Peur. Honte. Préjugés. Rejet.
Violence. Apathie politique. Silence. Autant de mots qui entourent la triste
réalité du sida en Afrique du Sud. Autant de maux qui ont fait de cette maladie
une épidémie qui décime la population.
« C'est
la pauvreté qui est responsable de tout ça:
ils n'ont rien à manger, pas d'argent pour payer le loyer;
ils n'ont que le sexe, et le sexe, c'est gratuit. »
- Pinky Mabuza, une sidéenne devenue bénévole pour sensibiliser
la population au sida
Sida et Afrique du Sud en quelques chiffres
De
tous les pays, l'Afrique du Sud compte
le plus grand nombre de personnes infectées
par le virus du sida.
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Le pays compte
4 200 000 séropositifs. |
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Un adulte sur cinq
est séropositif. |
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250
000 personnes sont décédées du sida en 1999. |
Source: estimations d'ONUSIDA et de l'OMS
(fin de 1999)
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La contamination, hors de contrôle, est en progression:
en 1997, 13 % des adultes étaient infectés par le VIH.
La proportion a maintenant grimpé à 20 %.
En Afrique du Sud, comme dans d'autres pays de ce continent, le sida
demeure une réalité taboue. On préfère souvent se fermer les yeux, ne
pas passer de tests qui confirmeront un diagnostic qu'on ne veut pas
entendre et plutôt parler de tuberculose, de méningite, de pneumonie
ou de diarrhée, ces maux qui finissent par déjouer leur système immunitaire
affaibli. Même les médecins souscrivent à cette loi du silence : sur
les certificats de décès, on ne parle jamais de sida. Il faut dire que
les sidéens sont rejetés socialement, parfois même
battus par leurs voisins. Cette incompréhension n'étonne
pas, puisque leur propre famille les rejette souvent.
Les
bénévoles ont fort à faire, car les autorités politiques
restent inactives devant la progression de la maladie et s'engagent
très peu dans les activités de prévention. Peu avant la dernière
Conférence internationale sur le sida, tenue en Afrique du Sud, le président
Mbeki a consterné les chercheurs en affirmant que le lien entre sida
et VIH n'était pas prouvé. Il nie de plus que l'augmentation significative
des maladies comme les pneumonies est liée au sida.
« On
vit dans un pays riche qui peut offrir aux gens riches des greffes du
coeur ou du rein, comme à New York ou à Montréal.
Mais, d'un autre côté, il y a d'autres personnes qui meurent
de la syphillis, alors qu'il suffirait de trois injections qui ne coûtent
que quelques sous
pour les guérir. »
- Dr Boris Jivkov, hôpital de Baragwanath, à Soweto
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Pourtant,
les victimes de cette terrible maladie, davantage de Noirs que de Blancs,
sont nombreuses. En fait, tous ceux qui mènent une vie sexuelle
active sont à risque, puisque l'utilisation du condom n'est pas
ancrée dans les mentalités. Du travailleur migrant au
professeur prêt à accorder de bonnes notes à une
étudiante en échange de faveurs sexuelles, en passant
par la prostituée ou la mère de famille, personne n'est
à l'abri.
« J'ai
amené le sida dans ma famille, et il progresse.
Et je ne sais pas quand il va s'arrêter. »
- Willie Celepe, qui a contracté le VIH en couchant
avec une prostituée
Quel
avenir pour les jeunes ?
Lorsqu'elles
donnent la vie, les mères séropositives transmettent parfois
aussi la mort. Plusieurs médecins font ressortir l'importance du traitement
des femmes enceintes afin de freiner la transmission du VIH et contrer la
propagation de l'épidémie. Il existe d'ailleurs une drogue peu
coûteuse, la névirapine, disponible pour environ 4 $, qui pourrait
mieux protéger les enfants en diminuant le risque de contamination
par la mère. Mais le gouvernement se refuse à en financer l'utilisation.
Ces
milliers de bébés qui naissent en portant le virus du sida, contracté
pendant la grossesse ou lors de l'accouchement, ont une espérance de
vie moyenne de 7 à 10 ans et devant eux de terribles souffrances. Certains
autres deviennent orphelins très jeunes, et ils ne trouvent pas tous
quelqu'un pour prendre soin d'eux, surtout s'ils ont eux même
la maladie.
Nkosi Johnson
Cet
adolescent a oeuvré à démystifier le sida par son
témoignage à la Conférence internationale sur le sida, tenue en juillet
2000, à Durban, en Afrique du Sud, et en donnant des conférences
dans son pays et à l'étranger. Cette maladie, il la connaît
trop bien. Non seulement sa mère biologique est-elle décédée du sida
il y a quatre ans, mais il en est lui-même atteint. En avril 1999, sa
mère adoptive a ouvert une maison qui accueille des mères porteuses
du virus ainsi que leurs enfants. Après le tournage de notre reportage,
l'état de santé de Nkosi s'est gravement détérioré. Il a dû être hospitalisé
en décembre après avoir sombré dans le coma. Après en être sorti le
mois dernier, il est revenu à la maison, où il a pu célébrer son 12e
anniversaire. Mais, depuis, son état laisse entrevoir très peu
d'espoir.
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L'industrie pharmaceutique montrée du doigt
Certains ont abondamment critiqué les multinationales occidentales,
qui livrent une véritable guerre aux compagnies offrant des médicaments
génériques à prix moindre. Les grandes compagnies américaines et européennes,
souvent soutenues par leurs gouvernements, ont réussi à renforcer les
lois sur les brevets des médicaments en plus de limiter les exportations
dans les pays en développement pour maintenir les prix des médicaments
élevés.
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Zone
libre présente un reportage sur ce terrible fléau
qui ravage la population sud-africaine et ses enfants, et sur des gens
qui, devant l'inaction des dirigeants, ont décidé de changer
les choses.
Visionnement
du reportage
Un reportage du journaliste
Jean-François Lépine et du réalisateur
Luc Paradis. Images : Michel Kinkead; son :
Daniel Lapointe; montage : Hélène
Lamothe; recheche musicale: Georges-Étienne Gauthier.
Si
vous désirez venir en aide aux victimes du sida, vous pouvez
contacter les organisations
que nous avons rencontrées:
Orphelinat
de Johannesburgh
Cotlands Baby
Sanctuary
134 Stanton Street, Turffontein
Johannesburgh, 2190
P.O. Box 74042 Turffontein 2140
Téléphone : (011) 683-7200
Télécopieur: (011) 683-2609
Courriel: cotlands@global.co.za
Maison
Nkosi
(à Johannesburgh)
Gail Johnson
Courriel: nkosihaven@worldwidonline.co.za
Perinatal
HIV Research Unit
(à Soweto)
Chris Hani Baragwanath Hospital
Dr Boris Jivkov
Courriel: p43@pixie.co.za
Hope
Worldwide
(organisation qui vient en aide aux séropositifs)
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Hyperliens
L'émission
Zone libre est diffusée sur les ondes de Radio-Canada
le vendredi à 21 h et en reprise à RDI le
samedi à 23 h, le dimanche à 13 h et à 20 h
ainsi que le lundi à 2 h.
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