Anne Hébert, femme de poésie

«Je crois que, foncièrement, je suis une révoltée. Je n'accepte pas les choses telles qu'elles sont. Quand on a une fois dans sa vie désiré l'absolu, on ne peut pas se contenter de la réalité telle qu'elle est.»
- Anne Hébert

On l'appelait la grande dame de la littérature québécoise. Dans sa vie, elle a osé se mesurer aux grands écrivains du monde. Anne Hébert a connu tous les honneurs. Pourtant, elle est toujours demeurée un mystère, même pour ses proches.

Il y a un peu moins d'un an, en janvier dernier, Anne Hébert mourait à l'âge de 83 ans, laissant derrière elle une œuvre qui a marqué non seulement la littérature d'ici mais celle du monde entier. Comment cette femme qui incarnait tellement la douceur et la discrétion a-t-elle pu produire une oeuvre aussi empreinte de passion et de violence ?

Le réalisateur Jacques Godbout a voulu percer le mystère de son amie, en remontant dans son passé. Le directeur photo Michel Brault, également ami de la romancière, a participé à ce documentaire coproduit par l'ONF et Via le Monde.

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Anne Hébert est née en 1916 à Sainte-Catherine, un petit village situé à une quarantaine de kilomètres de Québec. Issue d'une famille instruite et libérale, elle s'initie très tôt à la littérature au contact de son père, le critique littéraire Maurice Hébert, et de son cousin, le célèbre poète Saint-Denys Garneau. À 27 ans, elle est très ébranlée par la mort tragique de son cousin, dont elle se sentait très proche.

«Elle a été incroyablement marquée par son éducation religieuse et le catholicisme, tel qu'il a été pratiqué au Québec au début du siècle, de manière extrêmement traditionnelle. (…) Elle s'est séparée du catholicisme mais jusqu'à quel point, franchement, je ne le sais pas. Moi, j'ai la conviction que c'est ce qu'il y a de plus important dans son œuvre.»
- Jean-Marie Borzeix, éditeur

Anne Hébert mène une vie rangée chez ses parents jusqu'à l'âge de 35 ans. Elle s'établit par la suite en France, où elle vit pendant une quarantaine d'années. Elle s'installe à Paris, dans le Ve arrondissement, et séjourne occasionnellement à Menton, dans le sud du pays.

«Le recul que je prends en vivant en France me permet probablement de mieux voir - de voir d'une façon plus détachée probablement, plus nette aussi - de mieux voir mon pays parce que j'ai un peu de recul. Mais j'y retourne très souvent me retremper et vérifier si j'y suis toujours.»
- Anne Hébert

L'écrivaine a reçu de nombreux honneurs littéraires, dont le Prix des libraires, en 1971, pour Kamouraska, et le prix Fémina, en 1982, pour Les Fous de Bassan.

 

«Chaque fois que j'écris quelque chose (…), je ne sais absolument pas comment ça va tourner. Chaque fois, c'est une aventure. Il faut le faire à ses risques et périls. Et c'est justement en risquant de se tromper très profondément qu'on peut faire quelque chose. Il faut prendre ce risque-là au départ. Ce risque est peut-être la part la plus importante de toute œuvre.»
- Anne Hébert

«Elle se trouve à passer en revue toutes sortes de forme d'amour qui sont, finalement, des amours qui dérangent. Soit parce que l'amour débouche sur le meurtre, l'assassinat, c'est le cas dans Kamouraska. Ou alors parce que l'amour comporte une dimension d'inceste, c'est le cas dans Les enfants du Sabbat
- Pierre Hébert, frère d'Anne et le seul survivant de la famille Hébert


«C'était une écrivaine de la lumière»
- Sheila Fishman, traductrice


Hyperliens

Communiqué de l'ONF sur la diffusion de ce film

Anne Hébert
Site non officiel mais très complet, comprenant entre autres une biographie, la présentation de ses oeuvres et de nombreux hyperliens

Scénarios et textes signés pour des productions de l'Office national du film

 

En raison des droits d'auteurs, ce reportage ne peut être présenté sur Internet. Il est toutefois possible de s'en procurer une copie. Plus de détails

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