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    - Autopsie des cartouches d'encre Epson -
    La vie d'aujourd'hui coûte cher, alors quand les gens achètent un bien, ils veulent en avoir pour leur argent, comme on dit. L'histoire qui suit pourrait se résumer à la question suivante: jusqu'à quel point certaines entreprises considèrent-elles les consommateurs comme un citron qu'on peut presser sans vergogne?

    Réalisateur-journaliste: Jacques Taschereau

    __________


    Claude n'est pas un scientifique. Il est simplement le propriétaire d'une imprimante couleur Epson. Il a contacté La facture parce qu'il croit que quelque chose ne tourne pas rond avec les cartouches d'encre de la même marque.

    Photographe professionnel, Claude habite Verchères, près de Montréal. Il a acheté son imprimante il y a un an. Avec huit cartouches d'encre de différentes couleurs, elle peut reproduire à peu près toutes les nuances. Claude pouvait donc imprimer ses photos chez lui. Il n'avait plus besoin d'aller au laboratoire photo.

    « Aller au laboratoire tous les jours, à Montréal en tout cas, ce n'est pas nécessairement intéressant avec le trafic, le temps, le prix de l'essence. »

    Claude a toutefois vite déchanté en constatant que ça lui coûtait une petite fortune en cartouches d'encre. En effet, ces cartouches sont très chères: environ 100 $, taxes incluses, pour le format 110 millilitres et 150 $ pour celui de 220 millilitres. Mais ce qui le dérangeait surtout, c'est qu'il avait l'impression que les cartouches cessaient de donner de l'encre avant d'être vides.

    Des cartouches au quart pleines

    Le photographe de Verchères a fait un test pour La facture. Il a mesuré combien il restait d'encre dans deux cartouches Epson de 220 millilitres prétendument vides qu'il avait utilisées dans son imprimante. La première en contenait encore 50 millilitres et la seconde, 55 millilitres.

    Il restait donc suffisamment d'encre dans ces cartouches pour imprimer encore bien des photos. Et le plus frustrant, c'est que les imprimantes Epson cessent totalement de fonctionner quand elles déclarent une cartouche vide. Il n'y a rien à faire, il faut la remplacer.

    Claude a téléphoné à Epson Canada à Toronto. « En fin de compte, Epson m'a répondu que c'était normal qu'il reste de l'encre dans une cartouche soi-disant vide », affirme-t-il.

    La compagnie prétend qu'il doit rester de l'encre dans les cartouches pour éviter que de l'air n'entre dans le système d'alimentation de l'imprimante. Mais Epson n'a jamais dit combien il doit en rester.

    « Je comprends qu'il doit en rester un peu pour protéger les têtes et tout ça, mais [doit-il en rester] autant que ça? Je me dis qu'il y a une grosse marge entre laisser 10 millilitres et en laisser 50 et plus. »

    Tests concluants

    L'imprimante de Claude était peut-être défectueuse. Pour en avoir le cour net, La facture a fait ses propres tests. Elle a recueilli 30 cartouches vides de plusieurs photographes de la région de Montréal. Elle les a toutes autopsiées avec soin. Ses résultats donnent raison à Claude.

    Aucune de ces cartouches n'était vraiment à sec. Dans la plus vide, il restait encore 21 millilitres d'encre. Les plus pleines en contenaient plus de 50 millilitres. En moyenne, les cartouches avaient cessé de fonctionner avec encore 15 % d'encre à l'intérieur.

    « Si on jette 50 millilitres d'encre dans les ordures, je pense que c'est de l'argent [qu'on jette] », soutient Claude.

    En effet, jeter une cartouche de 220 millilitres qui contient encore 50 millilitres d'encre équivaut à gaspiller 35 $. En moyenne, les consommateurs mettent près de 23 $ à la poubelle avec chaque cartouche de ce type.

    Petites ou grandes cartouches, c'est du pareil au même

    Julie est également photographe. Comme Claude, elle possède une imprimante Epson. Elle est d'un autre modèle et elle fonctionne avec des cartouches plus petites, mais la jeune femme en est venue à se poser les mêmes questions.

    « Au début, ça allait, mais à un moment donné, on a commencé à se parler entre photographes et on s'est dit: ''Est-ce qu'il en reste?'' » raconte-t-elle.

    Lors du passage de La facture, son imprimante s'est d'ailleurs arrêtée. Une cartouche était vide.

    « On entend le bruit du liquide [à l'intérieur], dit Julie, en secouant la cartouche. Si tu en compares une qui est pleine avec une qui est vide, tu as l'impression qu'il reste encore quelque chose dans celle qui est vide. »

    « S'il en reste, c'est franchement choquant au prix que ça coûte », ajoute-t-elle.

    La facture a aussi fait l'autopsie de petites cartouches comme celles que Julie utilise. Les quantités sont bien moindres, mais, en moyenne, il reste presque 17 % d'encre dans ces cartouches dites vides. C'est une proportion similaire à ce qui a été observé avec les grandes cartouches.

    La faute aux puces!

    La Cartoucherie est une chaîne spécialisée dans la vente de cartouches d'encre. Son copropriétaire, Ugo Beaulieu, confirme que beaucoup de propriétaires d'imprimantes Epson ont constaté le même problème que Claude et Julie.

    « On en entend souvent parler, reconnaît-il. [Les gens disent:] ''Il me semble que ma cartouche n'est pas vide et pourtant, ça indique vide à l'écran''. Ça, c'est depuis l'apparition des compteurs de pages. »

    Toutes les cartouches Epson ont en effet en commun d'avoir une petite puce électronique collée sur leur boîtier. Selon ce qu'a expliqué Ugo Beaulieu à La facture, cette puce compte le nombre de pages qu'une cartouche a contribué à imprimer. Au bout d'un certain nombre de pages, elle considère que la cartouche est vide, peu importe ce qui reste vraiment dedans. Le problème semble être là: la puce d'Epson ne compte pas assez de pages avant de déclarer une cartouche vide.

    Quand La facture a contacté Epson, la compagnie s'est contentée de répondre par un court communiqué. Il dit, entre autres, ceci:

    « Comme nous n'avons aucune information sur l'usage auquel servaient les imprimantes ni sur les conditions dans lesquelles les tests ont été menés, nous ne pouvons expliquer les résultats. [.] La réserve varie d'une cartouche à l'autre en fonction de certains facteurs tels l'usage qui est fait de l'imprimante ainsi que les conditions ambiantes, comme la température et l'humidité. »

    Recours collectif en Californie

    Pourquoi la compagnie a-t-elle refusé d'accorder une entrevue? La facture a découvert que la Cour supérieure de la Californie a autorisé, le 25 mars dernier, un recours collectif contre Epson.

    À l'appui de leur cause, les demandeurs citent deux tests, faits en Europe, qui auraient donné des résultats similaires à ceux de La facture.

    Les demandeurs allèguent qu'Epson savait que ses cartouches cessaient de fonctionner même si elles contenaient toujours une quantité substantielle d'encre, que ça oblige les consommateurs à acheter des cartouches plus souvent et que ça les prive d'encre qu'ils ont achetée.

    Ils avancent également que les cartouches d'Epson causent un dommage aux consommateurs et que la compagnie s'enrichit injustement à leurs dépens.

    Dans ces circonstances, les avocats d'Epson ont recommandé à la compagnie de ne pas rencontrer La facture.

    « Je trouve la façon de faire d'Epson un peu scandaleuse, indique Claude. Je ne suis sûrement pas le seul à avoir ce genre d'imprimante. Il y en a partout dans le monde, alors ça fait beaucoup, beaucoup de sous. Je pense que les gens paient trop cher pour le produit. C'est vraiment fait pour consommer de l'encre. C'est du moins l'impression que j'ai eue. »

    « C'est 20 $ de la cartouche, renchérit Julie. Ce sont des coûts qui s'additionnent. Cent quarante dollars chaque fois que tu remplis ton imprimante, c'est beaucoup de sous! »

    En conclusion

    Epson a finalement offert à Claude d'examiner son imprimante. Il l'a donc expédiée à Toronto. Quand il l'a récupérée, non seulement Epson ne lui a fourni aucune explication sur la consommation d'encre de l'appareil, mais il était brisé!

    Le photographe a communiqué de nouveau avec Epson, qui a fini par lui fournir une nouvelle imprimante. Mais selon lui, le problème n'est toujours pas réglé. Quand sa nouvelle machine indique que les cartouches sont vides, elles contiennent toujours une importante et coûteuse quantité d'encre.



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